Signature de l'accord pour la liaison Oosterweel. © DR

Trois ans avec les militants de la N-VA : la société civile défend ses propres intérêts

Après dix mois d’absence, je retourne à une réunion interne à Hoboken le 20 septembre 2017. Fons Duchateau, président de la N-VA Anvers et alors échevin aux Affaires sociales, parle du dossier De Vaart, un centre d’accueil pour sans-abri à Anvers.

Bart De Wever, Theo Francken et les leurs ont développé une stratégie bien réfléchie dans les médias et sur les réseaux sociaux. Mais de quoi parlent-ils avec leurs militants et membres quand les caméras et les micros sont absents ? Le journaliste indépendant Aubry Touriel a suivi discrètement une dizaine de réunions internes de la N-VA à Anvers, pendant trois ans, pour Le Vif/L’Express. À travers son récit, il analyse la rhétorique du parti nationaliste flamand et dépasse les clichés qui l’entourent. Découvrez la N-VA depuis l’intérieur, en plusieurs épisodes d’une série qui pourrait s’intituler « La faute des autres ». Voici le dernier.

Épisode 7 : La société civile défend ses propres intérêts

Après dix mois d’absence, je retourne à une réunion interne à Hoboken le 20 septembre 2017. Fons Duchateau, président de la N-VA Anvers et alors échevin aux Affaires sociales, parle du dossier De Vaart, un centre d’accueil pour sans-abri à Anvers.

Depuis mai 2016, la majorité anversoise (N-VA, CD&V et Open VLD) autorise les sociétés à but lucratif à répondre à des appels d’offre pour gérer des activités dans le secteur social, tels que De Vaart. Pendant 18 ans, l’organisation sociale CAW a géré ce centre, mais, fin septembre 2016, l’agence de sécurité lucrative G4S Care a remporté l’appel à projets lancé par le CPAS.

Après de multiples rebondissements, G4S s’est retiré à la dernière minute. Le CAW a finalement continué à exploiter ce centre. Mais De Vaart a fermé ses portes pendant un mois, car il a fallu le temps de recruter du nouveau personnel étant donné que la plupart des anciens employés avait déjà trouvé un autre travail.

Les activités du centre ont changé depuis : l’équipe ne s’occupe plus de l’accompagnement administratif des sans-abri. Les personnes à la recherche de ce type de service sont renvoyées vers d’autres organismes. Différentes organisations se rendent régulièrement sur place pour proposer leurs services, comme Médecins du Monde ou des associations qui incitent les migrants au retour volontaire.

Pour le même budget, les heures d’ouverture sont trois fois plus longues, le personnel recruté ne doit plus avoir une formation de travailleur social. « Ils ne travaillent plus avec le public, ils font du babysitting », regrette Alexis Andries, coordinateur des projets de Médecins du Monde à Anvers.

Ce dossier est représentatif de la manière dont la N-VA envisage ses relations avec la société civile : elle mise sur les acteurs privés à but lucratif pour insérer de la concurrence dans le secteur social. Le professeur en sociologie Peter Raeymaeckers explique : « Elle n’endosse plus la responsabilité du résultat final et il est plus facile de contrôler les organisations. »

Lors de la réunion interne septembre 2017, Fons Duchateau, alors encore président du CPAS, estime que la société civile défend souvent ses propres intérêts pour justifier cette ouverture aux partenaires privés : « Le but est d’aider les personnes dans le besoin avec des acteurs externes, souvent avec la société civile classique. Mais il faut se demander : « Est-ce dans l’intérêt des gens dans le besoin ou des organisations ? » Souvent c’est le deuxième cas. On a par exemple constaté au début de la législature que la répartition vers les mutualités au sein du CPAS se faisait au pro-rata entre les piliers [chrétiens, socialistes, libéraux]. On a essayé de supprimer ces piliers. »

À bas les syndicats

N’ayant pas de réel ancrage dans la société civile, la N-VA souhaite diminuer l’impact de ces organisations. Et, parmi elles, on retrouve les syndicats. Qu’ils soient socialistes, chrétiens ou libéraux, la N-VA voit leur influence d’un mauvais oeil. Dans les médias, le parti nationaliste flamand plaide pour que les syndicats arrêtent de payer les allocations de chômage à leurs membres. Il souhaite réduire le nombre de membres et ainsi déforcer le poids de ces organisations.

Pourtant, le coût d’un dossier traité par un syndicat est beaucoup moins élevé qu’un dossier par l’organisme public la CAPAC, ce qui fait in fine économiser de l’argent à l’État. Encore un paradoxe du côté de la N-VA : alors qu’elle a toujours été en faveur d’une réduction des coûts de l’appareil administratif, elle souhaite augmenter le nombre de fonctionnaires pour verser les allocations de chômage.

Auprès des militants, les cadres du parti se plaignent des actions syndicales. Il est vrai qu’au début du gouvernement Michel, les grèves se multipliaient. En décembre 2014, Bart De Wever déclare lors d’une réunion interne : « Je pense que ce n’est pas exagéré de dire qu’on essaie d’annuler les élections du 25 mai, que ce soit avec des grèves ou avec de la violence en rue« .

Ce mois-là, les différents syndicats ont organisé un jour de grève nationale qui touchait aussi le port d’Anvers. Bart De Wever commente : « Il s’agit d’une grève politique : il n’y a pas encore eu de concertation sociale que l’on commence déjà à faire grève. C’est une soirée en cercle fermé, sans presse je peux donc vous dire quels messages nous recevons de nos groupes industriels d’Anvers. C’est du jamais vu, c’est la toute première fois qu’une entreprise pétrochimique a dû arrêter sa production en raison d’une action sociale. Cinq jours à l’arrêt, cinq jours pour redémarrer. C’est de la pure destruction d’entreprises. »

Le 15 avril 2019, Jan Jambon a lancé sa campagne pour devenir Premier ministre. Sur le plateau de la VRT, l’ex-ministre de l’Intérieur N-VA explique que la société civile aurait joué un rôle moins absolu si son parti avait livré le Premier ministre lors de la précédente législature : « C’était difficile de changer une lettre une fois que les partenaires sociaux ont trouvé un accord. Aussi quand leur accord se trouvait à l’opposé de ce dont nous avons convenu dans l’accord de gouvernement.« 

Charité bien ordonnée

Alors que la N-VA souhaite réduire l’influence de la société civile, elle soutient régulièrement différentes organisations de charité, notamment dans le cadre de Music For Life, l’équivalent de Viva for Life du côté francophone. « Nous avons couru en tout 70 000 km dans le cadre du Warmathon. Ce trophée trône dans le cabinet du bourgmestre. Nous sommes la ville la plus chaude« , se réjouit Bart De Wever lors de la réception de Nouvel An à Deurne en janvier 2016.

« On nous décrit trop souvent et à tort comme un parti asocial« , constate Kris Van Dijk, député flamand d’Anvers, lors d’une réunion interne en décembre 2014. Quand le parti veut soutenir de bonnes causes, elle connaît des difficultés à trouver une organisation qui accepte leur soutien. En septembre 2015, Bart De Wever annonçait l’organisation d’un événement de charité du parti : la Journée des Familles de la N-VA Anvers. Les fonds sont reversés à Tejo, une association qui offre un accompagnement thérapeutique ambulant aux jeunes avec des problèmes psychologiques. « C’est une organisation qui ne trouve pas grave que l’on utilise leur logo sur nos affiches. Dans le secteur social, ce n’est pas toujours évident. »

La N-VA entretient quand même de bons contacts avec des organisations qui cadrent bien avec leur politique. Payoke, une ONG qui lutte contre la traite des êtres humains, a par exemple reçu la visite des cadors du parti. Sa fondatrice Patsy Sörensen explique : « Notre objectif est de rendre les personnes autonomes. Ce sont des gens qui veulent travailler. Nous ne sommes liés à aucun pilier.« 

Le parti nationaliste choisit délibérément de soutenir des organisations qui aident les bénéficiaires à acquérir plus d’autonomie. C’est souvent dans le secteur des soins de santé, jamais dans la promotion de la diversité ou de l’inclusion. Une question de choix.

Le trophée de Warmste week (Music for Life).
Le trophée de Warmste week (Music for Life).© DR

Oosterweel : l’exception

La liaison Oosterweel, le chaînon manquant au bouclage du ring périphérique d’Anvers, est un dossier emblématique où l’on constate que la société civile a pu faire plier le politique. L’idée de boucler le ring d’Anvers remonte à 1995, quand le gouvernement flamand demande à son département des voiries et de la circulation de trouver une solution à la problématique de la mobilité autour du périphérique anversois.

En 2000, le gouvernement flamand, sous la houlette de Patrick Dewael (Open VLD), adopte le Masterplan prévoyant la construction d’une « liaison Oosterweel », un tunnel entre rive gauche et rive droite. Après avoir commandé différentes études de faisabilité, l’exécutif flamand opte pour le tracé-BAM contenant le pont « Lange Wapper ».

S’en suivent des années de division entre société civile, gouvernement flamand et ville d’Anvers. Pont ou tunnel ? Impossible de trouver un compromis… Lors d’un référendum organisé en 2009, 60 % des participants votent contre le Lange Wapper, ce qui vient semer encore plus la pagaille.

En l’absence d’avancées, les mouvements citoyens bougent. stRaten Generaal, plateforme citoyenne participative, présente par exemple un autre plan avec un tunnel pour boucler le ring. Grâce à un crowdfunding de plus de 64 000 euros, Ringland commande plusieurs études sur le recouvrement du ring d’une zone verte en vue d’améliorer la qualité de vie et l’impact écologique du ring.

Le fossé entre responsables politiques et comités d’action ne cesse de se creuser. La Cour des comptes se pose aussi des questions sur la méthode de financement. Les citoyens intentent des procédures auprès du Conseil d’État pour empêcher le début des travaux… Pour couronner le tout, la Commission européenne s’en mêle : le gouvernement flamand doit intégrer le projet Oosterweel dans son budget, ce qui pèse lourd. Bref, le blocage est total.

Le monde politique n’a plus d’autres choix que d’écouter la société civile. En 2015, le gouvernement flamand lance alors un appel d’offres pour trouver un intendant. C’est Alexander D’Hooghe qui le remporte. Petit à petit, il enregistre des avancées. En juin 2016, il obtient un accord entre dirigeants politiques et comités d’action pour collaborer au dessin du ring sur toutes les parties qui ne font pas partie d’Oosterweel. Les premiers coups de pioches pour la liaison Oosterweel ont été plantés en février 2018.

Trouver un compromis entre société civile, gouvernement flamand et ville d’Anvers n’était néanmoins pas gagné d’avance. En interne, Bart De Wever n’avait pas que des mots tendres envers les plans de recouvrement du ring de l’organisation Ringland. Il déclare en novembre 2016 : « Le plan de Ringland ne va pas améliorer les choses, mais les empirer. Peter Vermeulen [NDLR : responsable de Ringland] est un expert en construction, mais pas un expert en mobilité. Leur estimation budgétaire est sous-évaluée. Le coût total de 9 milliards pour recouvrir le ring, généralement c’est beaucoup plus. En général, on doit multiplier le prix par 10. »

Rapports contestés

La N-VA interprète à sa propre manière les résultats de rapports publiés par la société civile. En juin 2018, l’association Kind&Gezin publie son rapport annuel sur la pauvreté infantile. Conclusion : en Flandre, un enfant sur sept âgé de 0 à 3 ans risque de tomber dans la pauvreté, soit 2,4 % de plus qu’au début de la législature, en 2014.

Les résultats de ce document sont assez embêtants pour Liesbeth Homans, la ministre flamande en charge de la lutte contre la pauvreté, car elle s’était engagée en 2016 à « diminuer de moitié le taux de pauvreté chez les jeunes d’ici 2020″ en ajoutant qu' »on pouvait la juger sur ce point« .

À la suite de la publication de ces chiffres, la ministre N-VA a de nouveau appliqué une méthode chère à son parti : « c’est la faute des autres« . Dans un communiqué de presse, elle explique : « Nous constatons que de nombreuses mères de ses enfants sont des réfugiés qui viennent par exemple de Syrie et d’Afghanistan. Depuis 2014, la proportion de leurs enfants par rapport à tous les enfants en situation précaire a augmenté de près de 38 %.« 

Kind & Gezin a contesté le lien établi par la politicienne anversoise entre l’augmentation de cette pauvreté et l’afflux de réfugiés, tout simplement parce les affirmations de la ministre ne sont fondées sur aucune étude existante. Un calcul effectué par l’expert de la KUL, Wim Van Lancker, va également à l’encontre de l’analyse de la ministre : si tous les réfugiés reconnus en Flandre (près de 12 000 personnes) vivaient effectivement dans la pauvreté, leur impact ne serait que de 0,2 % sur les statistiques en la matière.

Y a-t-il un journaliste dans la salle ?

Pendant la réunion du 20 septembre 2017 à Hoboken, un militant remet en question l’existence d’Unia, le centre fédéral d’égalité des chances : « Je suppose que nous vivons dans un Etat de droit, quelle est alors l’utilité de ce genre d’organisations ? On peut porter plainte en justice. » Fons Duchateau, le président de la N-VA Anvers et alors président du CPAS, répond : « Je me demande parfois, non, toujours. »

Environ quinze minutes après mon arrivée à cette réunion, Fons Duchateau montre un message sur son GSM à Bart De Wever pendant son discours et ce dernier s’arrête de parler :

« Mmm… le président m’avertit que je dois faire attention à ce que je dis, je ne trouve pas ça agréable. Je dois le faire, mais ce n’est pas agréable. »

Fons Duchateau ajoute : « Chère assemblée, nous constatons qu’une ou deux personnes dans la salle prennent des notes. Ça peut partir d’une bonne intention, mais nous allons leur demander d’arrêter. Les personnes qui sont membres peuvent rester sans soucis et arrêter de prendre note. S’il y a des personnes de la presse, nous aimerions qu’elles quittent cette réunion, car c’est une réunion interne. »

Tout le monde se regarde dans la salle, mon coeur bat la chamade, mais je reste tranquillement assis.

Bart De Wever : « Je rejoins les propos de Fons. J’en ai plus que marre. Nous avons récemment découvert qu’un journaliste pour un média francophone (NDLR : Le Vif/L’Express, donc) avait acheté une carte de membre à Anvers et est venu à nos réunions. J’ai l’habitude de raconter plus. Mais si on doit juste venir ici pour entendre ce qu’on peut lire dans les gazettes, il vaut mieux rester à la maison. J’en ai vraiment marre. Ce n’est pas sérieux. C’est une réunion privée. Et ça doit rester privé. Bon, je n’ai encore rien dit qui puisse m’envoyer en prison… » En sortant, je croise Bart De Wever et Fons Duchateau qui ne m’ont pas adressé la parole.

Après ça, je suis encore retourné une dernière fois dans une réunion N-VA trois mois plus tard, car les échevins Koen Kennis et Fons Duchateau ont présenté le projet de programme N-VA pour les élections communales de 2018. Rien à signaler.

En y réfléchissant, je me rends compte que c’est la demande d’interview de Bart De Wever envoyée en août qui a mis la puce à l’oreille du parti. J’ai compris pourquoi je ne recevais subitement plus de newsletters bimensuelles. Même si les indications étaient flagrantes, je voulais avoir une confirmation du parti qu’il savait que j’étais la taupe.

J’ai donc envoyé un e-mail à David Dogge, de l’équipe de Bart De Wever, pour demander pourquoi je ne recevais plus les e-mails destinés aux membres du parti. Aucune réponse, même après un rappel. J’ai ensuite téléphoné au bureau central. La collaboratrice au téléphone me dit : « Un instant, je vais consulter mon collègue. » Après une trentaine de secondes, elle revient et me dit : « Désolé, la personne en charge de ce dossier n’est pas au bureau. Nous vous rappellerons. »

Depuis, silence radio. Je n’ai pas redemandé ma carte de membre pour 2018. En soi, la N-VA n’a pas utilisé de menace contre moi, elle avait seulement porté plainte une fois contre le Conseil de Déontologie Journalistique après la publication de mon article « De Wever : je refuse qu’Anvers doive accueillir, à nouveau, le plus de migrants« . Plainte qui a été déboutée. Le parti a trouvé une autre manière de « se venger »…

Société civile sous pression

Dans le cadre de la campagne des élections communales, je réalise pour Le Vif/L’Express un dossier bilan de six ans de N-VA à Anvers (https://magazine.levif.be/roularta-makr-voor-abonnees/makr/epaper/LV/2018/40/402VCnFtpfpcPAQxzP7Wef7HM8JFXMlLz07ceFP%252FiGjUu2eYWa0yr9xChWTv4mar/PDF/5335147.PDF?urlPartDeterminingGroup=levif) . Pendant plusieurs mois, je rencontre différents acteurs pour analyser l’évolution de la politique anversoise. Je veux aussi donner la parole aux échevins N-VA ainsi qu’au bourgmestre. Sollicités pendant près d’un mois, le bourgmestre, les échevins N-VA et leurs porte-paroles n’ont pas réagi à mes demandes d’interview.

Depuis l’arrivée de la N-VA au pouvoir, les autorités anversoises exercent un contrôle accru sur ses partenaires de la société civile dans le secteur social. Toute organisation sociale subsidiée par la ville doit recevoir l’autorisation du CPAS pour répondre aux demandes d’interview et les questions fâcheuses sont évitées.

Je voulais interviewer Geert Rombouts, le coordinateur du centre De Vaart, car j’avais rencontré une ancienne employée du Vaart qui soulevait des questions sur le centre : « L’hiver dernier, nous étions à certains moments 3 pour 130 bénéficiaires épuisés, on n’osait pas prendre de pause de midi pour ne pas laisser les collègues seuls dans la salle« , témoigne-t-elle sous couvert d’anonymat. Avant d’ajouter qu’il y avait fréquemment 120 personnes en même temps alors que la capacité est de maximum 99 selon les normes de sécurité.

Selon cette même source, le coordinateur a informé à un moment les employés que le CPAS envisageait de limiter le nombre de personnes et d’interdire l’accès aux personnes en séjour illégal : « On en a discuté entre collègues et pour toute l’équipe, c’était hors de question. Heureusement, ça n’a pas été mis en place. »

Pour avoir confirmation, j’adresse une demande d’interview par e-mail au coordinateur du centre le 26 juillet 2018. Après un rappel, la réponse tombe une semaine plus tard : « Je crains ne pas être disponible pour une interview. » Lors d’une visite sur place, il m’est demandé de suivre la procédure formelle : envoyer les questions par e-mail et De Vaart les transfèrera au CPAS.

Plus d’un mois plus tard, le CPAS n’apporte toujours aucune réponse à ma demande d’interview comprenant la liste de questions. Selon une source proche du dossier, le CPAS a expliqué au personnel du Vaart qu’il allait contacter la rédaction (NDLR : du Vif/L’Express, boycottée par la N-VA depuis 2014 et mon premier article sous le pseudo Dominique Dewael. « Nous ne collaborons pas avec vous », a répété au Vif, par écrit et oralement, la porte-parole du parti), une manière de court-circuiter la communication : je n’ai reçu aucune nouvelle pendant un mois.

« Tu aurais dû mieux servir ton parti »

Le 1er septembre 2018, je me rends à un événement dans la cathédrale d’Anvers auquel assiste l’échevin aux Affaires sociales Fons Duchateau (N-VA). Ce dernier refuse de répondre aux questions posées en expliquant que toute communication se faisait via son porte-parole qui était absent ce soir-là. J’avais déjà tenté à plusieurs reprises de joindre par téléphone Michael Lescroart, le porte-parole de Fons Duchateau. En vain.

Je décide alors de me rendre sans prévenir au vernissage d’une exposition sur les femmes battues au CPAS anversois le 4 septembre 2018. Je savais que Fons Duchateau et son porte-parole seraient présents. Je vois alors Michael Lescroart dans la cour et lui demande si je peux obtenir l’autorisation d’interviewer le coordinateur du centre d’accueil pour sans-abri.

Il explique : « Ce sont les élections, je n’ai pas eu le temps de traiter la question. Je ne suis pas la personne responsable pour cette demande. Il y a eu des problèmes là-bas, je ne suis pas demandeur d’une interview. »

Au final, je n’aurais pas eu mon interview. Le contrat entre le CAW et le CPAS pour De Vaart prend fin en juillet 2019. D’ici là, certaines personnes au sein de l’organisation redoutent les critiques dans les médias, de peur que la ville ne renouvelle pas le contrat. En somme, la N-VA utilise des contrats pour contrôler la communication des organisations de la société civile financées par la ville.

Frustré de ne pas pouvoir faire l’interview, j’explique au porte-parole que j’ai l’impression que le parti essayait pertinemment de m’éviter. Ce à quoi il répond :

– N’es-tu jamais devenu membre de la N-VA pour assister aux réunions ?

– Pourquoi demandes-tu ça ?

– Est-ce le cas ?

– Oui, j’ai déjà été membre de la N-VA, et alors ?

– En tant que journaliste…

– C’est ma propre opinion !

– Tu es devenu N-VA ou quoi ? Tu aurais dû mieux servir ton parti…

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