Ettore Rizza
Terminé, le décrochage Wallonie-Flandre ?
Confédéralisme = piège à con : cette sortie inhabituelle de Rudy Demotte, au langage généralement plus châtié, a monopolisé l’attention des commentateurs. Une autre petite phrase prononcée lors de son discours mérite pourtant un brin d’attention.
« Malgré la terrible crise, la Wallonie fait face. Pour preuve, les taux de croissance économique wallon et flamand convergent désormais. Le décrochage avec la Flandre, c’est terminé. » En prononçant ces mots lors de ses voeux, dimanche à Tournai, le ministre-président wallon Rudy Demotte devait se douter qu’ils passeraient inaperçus, éclipsés par sa sortie sur le confédéralisme et son allusion cocasse au futur voisin néchinois Gérard Depardieu.
Pourtant, la phrase n’est pas anodine. Que dit-elle en fin de compte ? Que la meilleure preuve du redressement wallon, ou du moins de sa capacité à « faire face », se trouve dans la réduction de l’écart de croissance économique avec la Flandre.
Le constat est parfaitement exact. Sauf qu’il n’a rien de neuf : voilà près de treize ans, depuis le début 2000, que la croissance entre les trois régions du pays tend à se rapprocher.
Si l’on se fie aux prévisions du Bureau fédéral du plan, dans un rapport de juin 2011, les trois taux se stabiliseront à partir de 2014 aux alentours de 1,9 % par an. La Flandre maintiendra toutefois un léger avantage d’environ 0,1 %. Elle continuera donc de creuser la différence imperceptiblement, mais toujours un peu plus.
Par ailleurs, toujours selon le Plan, cette réduction d’écart s’explique moins par un redressement de la Wallonie que par « l’érosion relative des performances flamandes ». Car à Bruxelles et en Région wallonne, la croissance moyenne a également ralenti de 1995 à 2008,mais moins vite qu’en Flandre.
Conclusion : si ces perspectives de croissance se réalisent, l’écart réel entre la Flandre et la Wallonie devrait également se maintenir. A savoir que le nord continuera à produire plus de 57 % de la richesse du pays, contre quelque 19 % pour la Capitale et 23,5 % au sud.
Ramené au nombre d’habitants, le produit intérieur brut de la Flandre restera d’environ 16 % au-dessus de la moyenne européenne et celui de la Wallonie d’environ 16 % en dessous. C’est cet écart-là qui nourrit les tentations confédéralistes. Et c’est ce « piège à con » là qu’il convient de désamorcer, si la Wallonie veut éviter le décrochage réel avec la Flandre.
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