Suicide chez les jeunes, recul du Covid, différence femmes-hommes: 4 constats sur les causes des décès en Belgique
L’analyse des causes des décès permet d’objectiver les facteurs ponctuels ou plus durables qui affectent la mortalité en Belgique. Quatre chiffres à retenir des données les plus récentes.
Loin d’être une morbide donnée sans enjeu, les chiffres des causes de décès en Belgique livrent de précieuses informations sur l’état de la population. L’évolution des chiffres permet d’analyser les politiques publiques menées, que ce soit en matière de sécurité routière, de consommation de tabac ou de prévention des suicides, notamment. Les causes permettent de comprendre les leviers sur lesquels il est possible d’agir encore, de saisir les maladies qui causent le plus de décès, de mesurer les effets de phénomènes plus ponctuels ou durables en matière de mortalité.
Livrés par Statbel, l’office statistique belge, les chiffres consolidés des causes de décès pour 2022 sont un amas costaud de données, dont il est possible de tirer quelques enseignements généraux. La preuve par quatre.
Maladies de l’appareil circulatoire et tumeurs
La première cause de décès en Belgique, comme ailleurs dans le monde, à l’exception des pays aux revenus les plus faibles, reste les maladies cardiaques. Sur les 116.380 décès enregistrés en 2022, plus de 27.000 sont enregistrés sous la dénomination «maladies de l’appareil circulatoire», près d’un sur quatre. Suivent les tumeurs, pratiquement avec le même nombre, dont 5.800 cancers du poumon, des bronches ou de la trachée.
Répartition des causes de décès en Belgique
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Fait notable dans les chiffres de l’office de statistique, le décrochage de Bruxelles face aux deux autres régions en matière de décès liée aux cancers. Le taux de mortalité pour 100.000 habitants à la suite de tumeurs a ainsi considérablement diminué entre 2000 et 2019 dans la capitale, passant de 250 à 180 décès, alors que ce taux a peu varié en Flandre et en Wallonie, flirtant toujours autour de la barre des 250 décès/100.000 habitants. «Il s’agit probablement davantage d’une conséquence de l’évolution de la structure de la population que connaît la Région de Bruxelles-Capitale. Par rapport aux deux autres régions, il y a en effet relativement moins de personnes âgées vivant à Bruxelles. Les tumeurs pourraient dès lors jouer un rôle relativement plus faible dans la mortalité observée», explique Statbel.
Les comportements plus risqués des hommes
Le sexe est également un facteur discriminant important en matière de mortalité. Notamment dans le comportement des personnes. Ainsi, dans ses données, l’office de statistique note une légère augmentation des morts non naturelles: les accidents, chutes ou encore les suicides représentaient 6,6% des décès. Un niveau plus atteint depuis 2001. Comme d’accoutumée, les hommes sont les plus concernés (7,7% des cas de décès masculins contre 5,6% des cas du côté féminin).
Chez les 10-29 ans, ces causes externes sont majoritaires et atteignent même le pic de 62% des décès chez les jeunes hommes âgés entre 25 et 29 ans, ce qui s’explique notamment par les chiffres des suicides (lire plus bas). Les accidents de transport, malgré une diminution du nombre total, confirment la différence notable entre femmes et hommes. L’an dernier, 498 décès consécutifs à un accident sont enregistrés dans la base de données, dont 389 chez les hommes. Ce que confirme l’institut Vias, qui mettait en exergue des comportements globalement plus risqués au volant. «En matière de vitesse, en matière d’alcool, en matière de distraction et même en matière de non-port de la ceinture, l’homme a tendance à prendre plus de risques. Ce n’est pas une tendance nouvelle», rappelait Benoît Godart, en analyse aux derniers chiffres des décès sur la route.
Le suicide, première cause de décès chez les jeunes
Chaque jour, en moyenne, plus de quatre personnes se donnent la mort en Belgique. Le détail par tranche d’âge détaille également l’inquiétant phénomène du taux de suicide chez les jeunes. Des chiffres par groupe d’âge mettent en évidence les décès par lésions auto-infligées, comme le définissent les statistiques, qui sont la première cause de mortalité dans toutes les tranches d’âge renseignées entre 10 et 39 ans. Dans certaines catégories d’âge, plus d’un décès sur quatre est un suicide.
Selon une enquête de Sciensano, en novembre 2023, plus d’un jeune sur six (18-29 ans) a déclaré avoir sérieusement envisagé le suicide au cours des douze derniers mois. Une majorité d’homme (68%) se retrouvent dans les statistiques des décès, même si les tentatives de suicides féminines sont majoritaires, précise encore Sciensano: les femmes (5,4 %) sont plus nombreuses que les hommes (3,1 %) à avoir tenté de se suicider au cours de leur vie.
Ce signal d’alarme de la jeunesse est confirmé par le centre de prévention du suicide. Il a en effet constaté une hausse de 15% des appels de jeunes sur sa ligne d’écoute depuis 2020. La Wallonie affiche par ailleurs le plus haut taux de décès par suicide, tous âges confondus: 17,1 pour 100.000 habitants, contre 13,6 en Flandre et 8,6 à Bruxelles. La moyenne belge est de 14,2.
«Les taux de suicide sont 1,4 fois plus élevés pour les hommes et 1,7 fois plus élevés pour les femmes que le taux moyen des pays de l’UE-14», précise Sciensano, qui insiste toutefois sur la difficulté à comparer ces taux internationaux. «Ils doivent être interprétés avec prudence, car les différences de contexte socioculturel et de qualité des données rendent la comparabilité entre les pays très difficile. Cette mise en garde ne doit cependant pas servir à minimiser les taux de suicide problématiques de la Belgique».
Si vous avez besoin d’aide, le centre de prévention du suicide est disponible sur son site internet et via la ligne d’écoute gratuite et anonyme 0800/32.123
Le recul du Covid
Le covid-19, encore troisième cause de décès en Belgique en 2021, a causé 6.539 décès en 2022. Bien que toujours présente, cette cause de décès est donc en recul par rapport aux deux années précédentes et se classe désormais au même niveau que les causes liées aux cardiopathies ischémiques et aux maladies cérébro-vasculaires, en nombre total de décès. L’année 2022 a vu plusieurs vagues du virus se succéder, mais sans provoquer autant de décès qu’en 2021 (10.046 décès) ni surtout 2020 (22.012 décès), au début de la pandémie qui a déferlé sur la planète.
En 2020 et 2021, une baisse de la mortalité due aux maladies mentales et neurologiques et aux maladies respiratoires se notait, probablement liée à la surmortalité provoquée par le Covid. Un retour progressif à la «normale» se note donc à mesure que le coronavirus devient plus faible dans les chiffres de mortalité belge.
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