Souhail Chichah se paie la tête de l’ULB

C4 pour faute grave : la réaction aurait dû intervenir au lendemain de la Burqa Pride. Souhail Chichah, titulaire d’un contrat de travail à durée déterminée comme chercheur-assistant en sciences politiques à l’ULB et meneur du chahut, le 7 février, contre l’essayiste française Caroline Fourest aurait pu contester son licenciement devant les tribunaux.

En attendant, il aurait été hors des murs de la maison qu’il avait bafouée devant les principaux responsables de celle-ci. Mais l’ULB est l’ULB : une institution complexe, soumise à des forces contraires, où l’arbitrage repose sur des alliances et la ruse, où l’invocation du libre examen tient souvent lieu d’argumentation et empêche de prendre des précautions élémentaires de sécurité.

L’ULB n’a pas été très nette lorsque les premiers signes d’antisémitisme se sont manifestés dans son aire. Son conseil d’administration a carrément manqué de lucidité lorsqu’il a accepté comme cercle étudiant (pouvant se présenter sous le label ULB) un comité BDS (boycott, désinvestissement, sanction) dirigé contre Israël et ses habitants. L’ULB devient petit à petit une exception, ce que n’a pas manqué de relever Caroline Fourest à propos de la décision de la commission de discipline de l’ULB d’infliger à Souhail Chichah une « sanction majeure » (un mois de suspension avec maintien de la rémunération) : elle n’y reviendra pas de sitôt.

Bien sûr, on peut toujours dire que l’ULB l’a joué finement. S’en remettre aux institutions disciplinaires, donner la parole à la défense (et quelle défense : l’estimable Marc Nève), faire traîner les choses jusqu’à la période des examens pour que, dans un sens ou dans l’autre, la décision ne provoque pas d’étincelles. Sachant aussi que, vu l’indigence de ses travaux, le contrat de l’intéressé n’était de toute façon pas renouvelé en septembre. Mais où est le message ? Le trublion a été sanctionné. C’était bien le moins. Souhail Chichah qui, jadis, était un homme bon et courtois, animé d’un vrai sentiment de solidarité à l’égard de sa communauté d’origine, marocaine et musulmane, peut bien se moquer de son ancienne alma mater, en se réjouissant de son mois de congé supplémentaire. Celle-ci ne l’a-t-elle pas cherché ? Pour déterrer une vieille affaire, lorsque, dans les années 1990, un professeur de l’UCL, converti à l’islam, avait tenu des propos contraires aux droits de l’homme, l’UCL avait négocié discrètement son départ. Cela avait un coût : 20 millions de FB. Quelle sortie faut-il envier ? Le professeur en question a pu continuer sa carrière à l’étranger. Chichah restera marqué au fer rouge. Quel gâchis !

Marie-Cécile Royen

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