Voitures électriques, pause environnementale, lobbies… Ce que les Belges pensent du climat (sondage Le Vif/CNCD-11.11.11)
Selon notre dernière enquête d’opinion CNCD/Le Vif, une majorité de Belges encourage les mesures du Green Deal, mais le soutien s’émousse.
Energies vertes, isolation des bâtiments, transparence des lobbies… Le dérèglement climatique reste une préoccupation majeure des Belges, surtout après l’été torride et pluvieux qu’on a vécu. Certes, on constate une légère diminution du soutien à l’objectif européen de réduction des émissions de 55 % d’ici 2030. Mais l’opinion reste globalement très favorable aux mesures visant à préserver le climat : trois-quarts des Belges sondés veulent davantage d’investissements dans les énergies renouvelables pour sortir du fossile (c’est près de 10 % en plus qu’en 2022 et 2021). Ou sont en faveur de politiques de rénovation des bâtiments. Soulignons que la sortie du fossile sera au centre des discussions de la prochaine COP, fin novembre à Dubaï.
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Lobbies, de vrais registres?
Remarquable aussi: plus de 8 Belges sur 10, soit une très grande majorité, souhaitent que les responsables politiques fassent preuve de plus de transparence sur leurs relations avec les lobbies des industries polluantes. Ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui : seul le parlement fédéral est doté d’un registre des lobbyistes. Lequel se révèle cependant peu convaincant. Trois quart des Belges, dans les trois régions, estiment également que les ministres compétents doivent participer aux négociations internationales et européennes sur le climat.
« C’est clairement un désaveu pour la ministre flamande N-VA de l’environnement. Et ce alors que Zuhal Demir traîne déjà les pieds pour trouver un accord intra-belge en matière de lutte contre le réchauffement. Elle voudrait, en outre, renégocier certains objectifs européens », commente Jean Faniel, le directeur du Crisp (Centre de recherche et d’information sociopolitiques).
Les Belges et le climat: pour une pause environnementale?
Par contre, le soutien à l’économie circulaire des entreprises (recyclage complet des ressources naturelles incorporées dans les produits fabriqués) recule sensiblement : 74% en 2023, contre 77 % en 2022 et 81 % en 2021. Cela reste néanmoins nettement majoritaire. En outre, les propos du président français puis du Premier ministre belge Alexander De Croo sur le sujet nous ont soufflé une nouvelle question. Faut-il mettre sur pause des réglementations européennes visant à protéger la biodiversité et l’environnement? Résultat : 44 % des sondés sont pour une telle pause environnementale, davantage en Flandre (49 %) qu’en Wallonie (40 %). C’est beaucoup mais ce n’est pas la majorité.
On observe aussi des différences régionales concernant la réforme de la politique agricole commune vers une agriculture moins intensive. Le soutien est plus franc en Wallonie (67 %), où la transition est déjà bien avancée, qu’en Flandre (54 %) : la question des émissions d’azote par le monde agricole y est un vrai nœud pour le gouvernement Jambon. Ces chiffres sont en très recul par rapport à l’an dernier.
La voiture électrique séduit moins
Enfin, l’électrification du parc automobile est de moins en moins approuvée. Elle suscite désormais bien davantage d’opposition (41 %) que de soutien : 27 % cette année, contre 31 % en 2022. « On sent que l’enthousiasme pour la nouveauté est passé et que la défiance face aux questions technico-pratiques prend le pas », note le directeur du Crisp. L’inflation joue aussi peut-être un rôle dans ce désaveu grandissant.
Par ailleurs, près d’un Belge sur deux (47 %) considère que la Belgique a une responsabilité historique dans le changement climatique. Au même titre que d’autres pays industrialisés. Elle doit, dès lors, contribuer à financer les réductions de CO2 dans les pays du sud. 30 % sont sans avis. On note, ici, un soutien plus franc chez les jeunes de 18-34 ans (63 %) que dans les autres tranches d’âge. Et un soutien moins appuyés des groupes sociaux dits inférieurs.
Le sondage élaboré par le CNCD et Le Vif a été réalisé, via Internet, par la société Dedicated. Entre le 2 et le 10 octobre 2023. Sur un échantillon de 1505 Belges, réparti dans les trois régions du pays. Et selon trois groupes sociaux (inférieur, intermédiaire et supérieur). La marge d’erreur est faible, soit 2,3 %.
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