Transports, écoles, hôpitaux: le point sur la grève nationale de ce 9 novembre
Ce mercredi 9 novembre, de nombreux travailleurs sont en grève afin d’exprimer leur mécontentement face à la baisse du pouvoir d’achat. Un appel de la part de la FGTB et de la CSC qui cause des perturbations. Le Vif fait le point.
SNCB
Une grève de 24h a débuté ce mardi à 22h00 sur le rail et se prolongera toute la journée de ce mercredi, jour de grève générale interprofessionnelle prévue ce 9 novembre. La circulation des trains sera ainsi très fortement perturbée, a déjà prévenu la SNCB. Le réseau ferroviaire va être fermé dans la majorité des provinces de Namur et du Luxembourg ainsi que dans une partie du Brabant wallon. Ailleurs dans le pays, un train sur quatre devrait circuler.
Concrètement, un train IC (reliant les principales villes du pays) sur trois et un train S (offre suburbaine) et un train L (offre omnibus) sur quatre circuleront. Les trains P (heures de pointe matin et soir), eux, ne circuleront quasiment pas. Plusieurs gares du pays seront peu ou pas desservies, a encore précisé la SNCB. La société belge des chemins de fer conseille aux voyageurs qui n’ont pas d’alternative au train de consulter le planificateur de voyages sur le site internet ou sur l’application de la SNCB.
La CGSP Cheminots a donc confirmé sa participation à la grève. L’organisation syndicale souhaite mettre en lumière « la dégradation des conditions de travail », l’absence des « recrutements indispensables au maintien du bien-être du personnel » et réclame « un financement pertinent des missions de service public ». Du côté de la SLFP Cheminots et de la CSC, les travailleurs rejoindront aussi le mouvement.
Le service de trains à grande vitesse Thalys a quant à lui confirmé que les voyages entre Bruxelles, Paris et Amsterdam ne seront pas perturbés. Les trains circuleront donc normalement mais par mesure de sûreté, il est malgré tout conseillé de vérifier régulièrement si des changements sont apportés au fil des heures.
Stib, TEC et De Lijn
Le réseau de la Stib sera fortement perturbé le 9 novembre en raison de la grève nationale, a prévenu vendredi la société de transports bruxellois. Elle tiendra ses voyageurs informés en temps réel des perturbations via ses différents canaux (site internet, application mobile, réseaux sociaux, écrans aux arrêts et en station), mais leur conseille d’ores et déjà de prévoir des solutions alternatives aux transports publics pour se déplacer à Bruxelles.
Actuellement, seule la ligne de métro 1 circule à Bruxelles. Les autres lignes ne circulent pas. Du côté des trams, seules les lignes 3, 4, 7, 8, 9, 51 et 92 roulent. Pour les bus, les lignes 2, 36, 46, 50, 53, 56, 59, 71, 87 (prolongé Étangs Noirs), 95 et t-bus 92 circulent.
Le service clientèle de la Stib est joignable par téléphone dès 6 heures du matin afin de répondre aux questions des usagers.
En ce qui concerne le réseau des TEC est fortement perturbé. A Charleroi, la circulation des bus et métros est à l’arrêt, indique le Tec régional sur le site du transporteur wallon à 6h30. Sur la zone de Liège-Verviers, une majorité de lignes est l’arrêt. Seuls les bus 57, 64, 65, 73, 95, 144, 149, 165, 249, 265, 339, 342, 362, 378, 389, 390, 394, 397, 398, 400, 401, 402, 403, 404, 406, 442, 465, 495, 496, 713, 724, 727, 728, 746, 747, 748, 749, 795, 825, 845, 848, 948, E20 et E23 circulent normalement. Les autres trajets sont soit perturbés (24 lignes), soit supprimés. Plusieurs trajets sont également supprimés pour le Tec Namur-Luxembourg tandis que le réseau dans le Hainaut est qualifié de « fortement perturbé ». La liste des lignes concernées est disponible sur le site du Tec. Plusieurs dizaines de lignes sont également affectées dans le Brabant wallon. Dans tous les cas, le Tec recommande de prévoir un autre moyen de se déplacer que son réseau en ce jour de grève générale.
Au nord du pays, la société de transports en commun De Lijn a également élaboré un service alternatif, prévoyant la circulation d’environ 55% des bus et trams. Les perturbations devraient être les plus fortes à Anvers.
Aéroports
Tous les vols prévus mercredi à l‘aéroport de Charleroi sont annulés en raison de la grève générale interprofessionnelle prévue ce 9 novembre, annonce Brussels South Charleroi Airport sur son site internet mardi. L’accès au terminal sera fermé.
Du côté de Liège Airport, l’aéroport ne devrait pas être officiellement fermé, selon son porte-parole. Mais il devrait globalement être bloqué, à en croire les échos reçus ces derniers jours des organisations syndicales. Les compagnies qui y sont actives ont d’ailleurs pris leurs dispositions pour positionner leurs avions dans d’autres aéroports.
A Zaventem, les responsables avaient pris les choses en main: par mesure préventive, 40% des vols avaient déjà été annulés. Au final, les compagnies aériennes ont annulé préventivement 55% des vols prévus à l’arrivée ou au départ de Brussels Airport, a indiqué après-midi la porte-parole de l’aéroport Nathalie Pierard. Au total, un peu plus de 200 vols sont concernés. A l’heure actuelle, on ignore combien de passagers seront affectés par ces annulations, précise l’aéroport. Mais à titre indicatif, au mois de septembre, un vol comptait en moyenne 130 passagers.
Les passagers concernés vont être contactés par leurs compagnies aériennes. L’aéroport invite également les passagers à ne voyager qu’avec des bagages à main dans la mesure du possible, étant donné que le personnel sera en effectif réduit sur certains postes (manutention, contrôle). Des perturbations sont attendues ce jour-là dans les transports publics (trains, bus), ce qui pourrait rendre l’accès à l’aéroport plus difficile, prévient encore la porte-parole. Enfin, il ne sera pas nécessaire de venir à l’aéroport des heures à l’avance pour prendre un avion: deux heures plus tôt pour les vols opérant dans l’espace Schengen et trois heures à l’avance pour les autres vols suffiront, ponctue Brussels Airport.
De son côté, TUI Fly va détourner les 18 vols prévus en Belgique, mercredi, vers les aéroports de Cologne et de Maastricht en raison de la journée de grève nationale, a indiqué le porte-parole de la compagnie aérienne, Piet Demeyere. Aucun vol ne sera donc annulé. TUI Fly mettra en place des navettes de bus pour acheminer ses clients de Bruxelles, Ostende, Anvers, Charleroi et Liège vers les aéroports de substitution. Les vols de retour seront également détournés vers ces aéroports et les passagers pourront regagner la Belgique en bus. La compagnie aérienne contacte, en ce moment, tous ses clients pour les informer du déroulement de leur voyage.
Environ 70% des travailleurs actifs à Brussels Airport étaient en grève mercredi, a indiqué Hans Elsen, secrétaire permanent de l’ACV-Puls Luchtvaart en Logistiek. « Cela signifie que l’action bénéficie d’un soutien », a estimé le représentant du syndicat chrétien flamand.
L’impact de la grève est toutefois limité à l’aéroport, constatait-on sur place mercredi matin. Environ 60% des vols y avaient en effet été annulés de manière préventive.
De son côté, l’ABVV, pendant flamand de la FGTB, signale que 75% des travailleurs des entreprises de manutention et de transport aéroportuaires ont arrêté le travail. Dans l’horeca et la sécurité, le taux de participation est par contre plus difficile à estimer.
Ecoles
La CSC-Enseignement rejoint également le mouvement de grève général de ce 9 novembre. Le secrétaire général de l’organisation syndicale a d’ailleurs indiqué qu’il insistait pour que ses affiliés soit présents. Il a d’ailleurs confié au Soir que c’est « certainement parce qu’ils sont comme tout le monde victimes de la crise énergétique au niveau privé. Mais aussi parce que les déplacements que nombre d’entre eux effectuent à titre professionnel sont devenus très coûteux ».
Sans pouvoir encore fournir de chiffres précis, de nombreuses écoles seront perturbées par les grévistes. A noter aussi que de manière collatérale, les retards et annulations liés aux transports auront un impact certain sur la présence des élèves et des enseignants dans les classes.
Ce sera également le cas pour les crèches, où l’on s’attend à une forte mobilisation pour la journée de grève.
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Poste
Bpost participe aussi à la grève nationale. De nombreuses perturbations sont attendues. « Il y aura des perturbations dans tous les services bpost aussi bien au niveau du tri que de la collecte, dans les bureaux de poste et dans la distribution des courriers. On fait notre maximum pour limiter l’impact. Malheureusement, il y aura un impact certain », indique la porte-parole de l’entreprise publique Laura Cerrada Crespo. L’ampleur des dégâts n’est pas encore chiffrée, mais la porte-parole indique qu’ils « y verront déjà un peu plus clair ce mardi. On fera le point et on pourra s’adapter en fonction».
Pour les clients concernés, il est conseillé de suivre son colis via l’application mobile My bpost app ou via le track and trace sur le site internet. « Ils auront des informations beaucoup plus adaptées à leur situation. »
Hôpitaux
Plus de deux tiers des hôpitaux privés de Wallonie et de Bruxelles tourneront au ralenti. Des services minimums ont été mis en place et des réquisitions ont été effectuées dans une dizaine d’établissements, indique la CNE dans un communiqué. Des piquets de grève seront installés devant des dizaines d’hôpitaux, souligne le syndicat chrétien. Les services de soins seront adaptés. « Les urgences et les traitements indispensables seront maintenus, mais dans de nombreux cas, les rendez-vous seront reportés, ainsi que, régulièrement, les opérations non urgentes », écrit la CNE. Cette dernière qualifie la situation vécue par le personnel des soins de santé de « catastrophique ».
« La pénurie de personnel détériore les conditions de travail, et la surcharge de travail ainsi créée, produit des burn-out, de l’absentéisme, des fuites… mais aussi une image très négative des professions de santé. Les jeunes sont d’autant moins attirés que les conditions salariales sont elles-mêmes peu encourageantes », avance le syndicat. L’organisation déplore que le gouvernement ne prévoit, pour ces deux prochaines années, aucun budget qui permettrait de rendre le métier plus attractif.
Supermarchés
Sans aucun doute, il faudra faire ses courses ce mardi. C’est du moins ce que conseille la secrétaire nationale de la CNE Commerce Myriam Djegham. Les grandes enseignes comme Carrefour, Delhaize et Lidl seront fermés en grande majorité, et des blocages sont à prévoir devant les grands centres commerciaux de Wallonie. « A Bruxelles, les Brico seront aussi fermés. Les Inno resteront ouverts, mais le personnel sera en grève », explique Fabienne Meulemans, secrétaire permanente du Setca Bruxelles au Soir.
Pour les commerces non-alimentaires, l’impact ne sera pas aussi grand. Quelques magasins devraient cependant être fermés, surtout en Wallonie.
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Police
La CGSP a déposé un préavis de grève au sein de la fonction policière. « Notre objectif est de fermer tous les bureaux de police”, confiait Eddy Quaino de la CGSP Police le 22 octobre dernier.
Le permanent CGSP reproche notamment la promesse non-tenue de la ministre de l’Intérieur Annelies Verlinden dans la première phase de revalorisation des normes salariales en janvier 2023. « La CGSP n’avait pas signé l’accord sectoriel car elle ne le jugeait pas crédible, et nous avions raison. Il faudra attendre octobre 2023 pour que les policiers aient droit à une petite augmentation », a-t-il indiqué.
Contrairement à la CGSP, le SLFP Police ne sera pas de la partie pour l’action sociale de ce mercredi. Pour cause, le président de l’organisation syndicale Vincent Gilles qu’il ne serait pas correct de participer à une action intersectoriel pour une revendication qui est, elle, sectorielle.
Comme pour chaque action sociale, la police sera malgré tout présente dans les cortèges afin d’éviter tout débordement.
Administrations communales
Les communes, qui gèrent notamment les crèches et les écoles, seront également impactées par la grève pour la journée de mercredi. C’est notamment le cas à Seraing, où l’administration communale a d’ores et déjà annoncé que les services communaux seront « très fortement perturbés. »
Si certains bourgmestres anticipent déjà un certain chaos dans les services accessibles au public, d’autres s’attendent à des guichets ouverts dans l’ensemble. C’est donc au cas par cas. Pour plus d’informations, il est conseillé de se rendre sur le site de la commune afin de déterminer si des changements sont à prévoir.
Même son de cloche en Wallonie. Le TEC a également confirmé la participation de travailleurs à ce mouvement social. A l’instar de la Stib, la société publique de transport a également conseillé à ses voyageurs de prévoir un plan alternatif pour leurs trajets.
Trafic maritime
Aucun navire ne pourra partir ou arriver au port de Gand mercredi, journée de grève générale, a fait savoir la direction du North Sea Port. Les compagnies sont invitées à revoir leurs schémas de navigation. Le planning des navires est suspendu entre le mercredi 9 novembre à 06h00 et le jeudi 10 novembre, même heure. Chaque jour, cinq navires environ arrivent et partent du port de Gand. Seule la section gantoise du North Sea Port est concernée par cette interruption. Les navires à destination ou au départ des ports néerlandais de Terneuzen et Flessingue figurent bien au programme. Les missions de sécurité et de surveillance au port de Gand sont également maintenues. « Les conséquences de la grève nationale sur la chaîne nautique sont encore incertaines, mais probablement importantes », a commenté le North Sea Port.
Le mouvement de grève générale risque de paralyser complètement le port d’Anvers-Bruges mercredi. Les deux plus grands terminaux à conteneurs (MPET PSA et DP World) fermeront à coup sûr. Par conséquent, d’autres acteurs logistiques qui dépendent de ces terminaux, se verront également contraints de suspendre leur activité. « L’impact sur le port sera plus important que lors des précédentes grèves nationales », prédit Stephan Vanfraechem, directeur de la fédération des employeurs Alfaport Voka. « La semaine dernière, les syndicats ont appelé les travailleurs portuaires à débrayer en masse mercredi. Et sans travailleurs, les terminaux ne peuvent pas fonctionner ». Du côté de l’Agence des services maritimes et de la côte (MDK) (MDK), on n’ignore quel impact aura la grève sur le personnel et les services de navigation.
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