Les soins de santé en grève ce mercredi: «On est en pénurie et on n’a pas la possibilité de recruter»
La grève interprofessionnelle de ce mercredi 9 novembre est attendue par tous les secteurs de travailleurs. En cause, une norme salariale de 0% qui ne semble pas évoluer dans un contexte de crise. Une difficulté qui touche notamment de plein fouet le secteur des soins de santé. Mais pour Nathalie Lionnet, secrétaire fédérale à la Setca, il faut également réfléchir sur un plan plus large.
Comme de nombreux autres secteurs, le secteur des soins de santé participera à la grande grève nationale du 9 novembre. Après la crise sanitaire, c’est une nouvelle crise à laquelle doivent faire face les acteurs des différentes institutions hospitalières, ainsi que les maisons de repos. Une double peine, qui provoque un certain ras-le-bol dans le secteur. « Pour certaines régions, c’est la triple peine. On était à peine sorti, en juillet 2021, des X vagues de Covid. On s’est tous dit « on peut souffler, ça va aller mieux » et ensuite les inondations sont arrivées », lance Nathalie Lionnet, permanente Setca pour le secteur non marchand.
Le service minimum sera en vigueur dans les diverses institutions des soins de santé. Les urgences et les traitements indispensables seront maintenus, comme les chimiothérapies et certaines opérations vitales, mais de nombreux rendez-vous seront reportés. Et si dans la majorité des cas, un accord au niveau local a pu être trouvé, certains hôpitaux ont dû réquisitionner quelques travailleurs pour pouvoir assurer ce service. « On a dû réquisitionner du personnel pour six hôpitaux. Pour le reste, il y a eu des accords locaux. Donc il n’y aura pas de danger pour la population, mais le droit de grève est un droit fondamental et on doit pouvoir, même dans ces services-là, exprimer un rapport de force pour faire bouger les choses. »
Un mal nécessaire pour la secrétaire fédérale Setca. La pression subie est devenue tellement forte qu’à l’instar de nombreux autres secteurs, un élan solidaire avec les grévistes est remarqué. « Les hôpitaux se sont organisés et un certain nombre de travailleurs se sont mis solidairement en grève pour exprimer leur mécontentement mais aussi la nécessité de trouver de vraies solutions. Quand on voit la difficulté de vivre décemment de ses revenus pour la population, c’est exactement la même chose pour ces travailleurs. »
Mais pour Nathalie Lionnet, la grève nationale de ce mercredi doit avant tout est un point de départ vers un mieux. Les difficultés sont multiples dans ce secteur, et la norme salariale à 0% pour 2023 et 2024 entraine de nombreux dommages collatéraux. « Une conséquence parmi d’autres, ce sont les difficultés de recrutement. On est dans une situation de pénurie qui nous empoisonne. On va chercher des moyens financiers mais finalement, on n’a pas la possibilité de recruter des gens. C’est donc un contexte compliqué qui explique l’adhésion des travailleurs à cette grève et en même temps qui doit être le point de départ vers des solutions qui ne sont pas des bouts de sparadraps. »
En finir avec les temps partiels
L’autre difficulté pointée du doigt par la secrétaire Setca concerne le travail à temps partiel. Avec cette nouvelle crise énergétique, la possibilité de proposer des emplois temps plein aux travailleurs devient quasiment impossible, selon elle. Un problème de taille pour les familles monoparentales notamment. « On est dans des secteurs fort féminins avec beaucoup d’emplois à temps partiel donc l’impact de la crise sur ces hommes, mais surtout sur ces femmes qui sont en temps partiel en tant que famille monoparentale, est important. C’est compliqué de rester zen alors que ça fait trois ans qu’on est dans cette crise Covid. Les équipes sont très fatiguées.»
Un plan plus large doit donc être réfléchi pour sortir de ce problème selon Nathalie Lionnet, en prenant notamment en compte le changement climatique. « Le monde change, on a une crise climatique aussi. On est dans des secteurs où on doit maintenir une température qui n’est pas celle de 19 degrés. Ça veut dire que dans les institutions, plus le coût énergétique explose, plus ça les met en difficulté. Il y a des endroits où le coût salarial représente 95% de la dépense. Au plus on va avoir des problèmes climatiques, au plus le coût énergétique va exploser. Quand des dizaines de milliers d’euros partent dans l’énergie, ce sont des équivalents temps plein qu’on perd. »
Beaucoup de problèmes, mais peu de solutions ont pour l’instant été proposées aux travailleurs. Mais les différents syndicats comptent bien profiter de cette mobilisation pour enclencher un changement radical.
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