Les 8 et 9 octobre, Code Rouge avait déjà procédé au blocage de deux sites de Total Energies.

« L’entreprise la plus polluante de Belgique » : pourquoi un site d’Engie sera paralysé dès ce mercredi

Elise Legrand
Elise Legrand Journaliste

Après une action historique contre Total Energies en octobre, Code Rouge revient à la charge. Du 5 au 9 juillet, le collectif paralysera une infrastructure-clé d’Engie pour exiger davantage de justice climatique et sociale. Pour ces activistes, la désobéissance civile est devenue une arme ultime.

Fin du monde, fin du mois : même combat. En Belgique, comme ailleurs, la convergence des luttes climatiques et sociales se matérialise au travers de multiples mobilisations depuis des mois. C’est dans cette lignée que s’inscrit Code Rouge, un mouvement de désobéissance civile, avec sa nouvelle action #BlockEngie. Durant quatre jours, du 5 au 9 juillet, des centaines de militants prendront part à cette protestation massive contre le géant énergétique français. Concrètement, un des sites-clés d’Engie – tenu secret pour maintenir l’effet de surprise – sera paralysé dès mercredi après-midi, et ce, durant près de 90 heures.

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« Engie est l’entreprise la plus émettrice de CO2 en Belgique, donc c’est un symbole important pour une action comme Code Rouge », explique Morgane, porte-parole de la plateforme soutenue par différentes organisations telles qu’Extinction Rebellion ou le Réseau wallon de lutte contre la pauvreté. En continuant à investir dans l’énergie fossile, Engie « empoisonne le climat » et « empêche la révolution énergétique », accuse le collectif. Outre les dégâts environnementaux, Code Rouge dénonce également les surprofits engrangés par l’entreprise française durant la crise énergétique. « Engie s’enfuit avec notre argent. En 2022, alors que des millions de Belges voyaient leur facture exploser, le groupe a versé à ses actionnaires 3,4 milliards de dividendes ! ». Enfin, le collectif pointe les risques sanitaires induits par le maintien en activité de réacteurs nucléaires obsolètes. « Engie met nos vies en danger. »

Pour Code Rouge, la sécurité reste la priorité

Si l’organisation reste discrète sur son modus operandi, l’objectif est d’enrayer au maximum le fonctionnement des activités d’Engie durant ces quatre jours. Les 8 et 9 octobre 2022, les activistes de Code Rouge étaient parvenus à bloquer deux sites de Total Energies, à Feluy (Hainaut) et Wandre (Liège), en neutralisant des points d’accès, en s’enchaînant aux grilles d’entrée ou encore en envahissant les voies ferrées aux abords des infrastructures. Des actions similaires seront certainement déployées dès mercredi. Mais le collectif insiste : la sécurité, tant des participants que des forces de l’ordre, est primordiale. « Nous ne mettrons personne en danger et respecterons l’intégrité physique de chacun et chacune », assure la porte-parole.

Par cette action, Code Rouge entend aussi dénoncer le « greenwashing » d’Engie. « L’entreprise accorde beaucoup de moyens pour se donner une image verte, mais dans les faits, elle continue d’investir dans les énergies fossiles, ce qui va tout à fait à l’encontre d’une transition énergétique durable, déplore Morgane. Nous voulons rappeler aux citoyens et citoyennes cette face d’Engie. »

« En enfreignant délibérément les lois, nous nous inscrivons dans une longue histoire de luttes sociales.»

Engie anticipe

L’action est dirigée vers les instances dirigeantes d’Engie, et non pas vers les travailleurs du secteur « qui dépendent de leur emploi pour s’assurer un revenu », insiste Code Rouge. « Le personnel a été informé de notre mobilisation, explique la porte-parole. Nous avons eu des contacts avec les syndicats et nous leur avons bien expliqué que notre démarche ne les visait pas directement. »

De son côté, la direction d’Engie anticipe les perturbations éventuelles. «Pour chacun de nos sites, nous avons pris de mesures spécifiques afin d’assurer, d’une part, la continuité de nos opérations pour être en mesure de poursuivre l’approvisionnement de nos clients et, d’autre part, la sécurité des personnes et des installations ». Si l’entreprise dit vouloir respecter « la liberté de manifester », elle réfute les arguments avancés par Code Rouge. « Leurs affirmations ne sont pas correctes », commente le porte-parole du groupe, qui rappelle les efforts entrepris pour rendre les activités globalement neutres en carbone d’ici 2045. « Depuis 2017, les émissions mondiales de gaz à effet de serre d’Engie ont déjà diminué de 33 %. Nous mettons tout en œuvre pour accélérer la transition vers une économie neutre en carbone, par des solutions plus sobres en énergie et plus respectueuses de l’environnement. »  

La désobéissance civile, arme ultime?

Aux yeux des militants de Code Rouge, la désobéissance civile est devenue indispensable pour faire entendre des revendications et concrétiser les changements. « D’autres actions ont été menées par le passé pour sensibiliser à ces thématiques, en vain, regrette Morgane. On a vu des manifestations, des pétitions, des rencontres avec des ministres, des occupations aux sièges de partis politiques pour essayer de faire bouger les choses, mais le constat est là : rien ne bouge pas vraiment, ou en tout cas pas assez vite. Donc il est temps de passer à la vitesse supérieure. » Et l’organisation de rappeler : « En enfreignant délibérément les lois, nous nous inscrivons dans une longue histoire de luttes sociales (…). Les grands changements dans le monde ont souvent eu lieu après des actes massifs de désobéissance civile. »

Alors que l’action contre Total Energies avait rassemblée environ 1.200 protestataires, l’organisation s’attend cette fois à une mobilisation légèrement plus faible, en raison du moment choisi (jours de semaine et période estivale). Plusieurs centaines de personnes devraient tout de même faire le déplacement jusqu’au site d’Engie, dont l’emplacement sera révélé au grand public mercredi après-midi.

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