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La manifestation nationale s’est achevée après plusieurs interpellations devant le siège du MR et près de la place Louise
Environ 60.000 personnes ont participé à une nouvelle manifestation nationale à Bruxelles, jeudi. La situation s’est tendue aux abords du siège du MR, et plusieurs personnes ont été interpellées. Le point sur les perturbations.
Les syndicats avaient annoncé des actions d’envergure le treizième jour de chaque mois. Promesse tenue ce jeudi 13 février avec une nouvelle manifestation nationale qui a entraîné une forte mobilisation.
Environ 60.000 personnes, selon la police, ont afflué vers 10h00 aux abords de la gare du Nord de Bruxelles. Les rues y étaient colorées de rouge, vert et bleu, mais aussi d’autres de blanc par exemple, la couleur d’un des syndicats militaires.
Le très long cortège s’est élancé sur le coup de 10h30 depuis le boulevard Albert II sous les cris de la foule et le bruit des sifflets et des pétards.
Les manifestants ont ensuite défilé dans les rues de la capitale en direction de la Gare du Midi. La situation s’est tendue aux abords du siège du MR, avenue de la Toison d’Or, devant lequel plusieurs centaines de protestataires se sont arrêtés, scandant « police partout, justice nulle part ». Certains ont jeté des oranges et des projectiles en direction du bâtiment. Des tags tels que « MR au feu, Arizona au milieu » ont été griffonnés sur certaines façades.
En réponse, les forces de l’ordre ont déployé l’autopompe et ont tiré des gaz lacrymogènes. Un important dispositif anti-émeute comprenant plus de 60 policiers en équipements spéciaux empêchait l’accès au bâtiment. L’hélicoptère de la police a également été déployé pour surveiller du ciel l’évolution de la situation.
Le siège des Engagés (rue du Commerce) a lui aussi été brièvement la cible de quelques activistes. La police, qui était présente sur place pour protéger les lieux, a dû intervenir pour y ramener le calme et inviter les fauteurs de trouble à rejoindre le tracé du cortège.
Plusieurs interpellations
Plusieurs altercations ont eu lieu entre des policiers et des « manifestants », avec des coups de matraque à la clé. Certains ont été interpellés, dont plusieurs manifestement bien éméchés. Il s’agit majoritairement de groupes antifascistes et de pompiers, indique Belga. Le calme semble revenir doucement.
La police a également procédé à plusieurs interpellations près de la place Louise, après la fin de la manifestation nationale, a indiqué sur X (anciennement Twitter) la zone de police de Bruxelles-Capitale Ixelles. Selon la police, les personnes appréhendées étaient en possession de mobilier urbain (extincteurs, plaques d’égout, bordure de trottoir) et s’en servaient comme projectiles en direction des policiers. Des boulons, pétards et feux de Bengale sont également évoqués. « Tous des objets qui n’ont rien avoir avec une manifestation pacifique », a commenté la police.
La manifestation nationale a pris fin sur le coup de 15h.
Différents horizons
De nombreuses professions étaient représentées dans le cortège : militaires donc (un millier d’entre eux seraient présents malgré que leur autorisation d’aller manifester ait été levée), cheminots, policiers, enseignants, gardiens de prison, pompiers, fonctionnaires, etc.
Les manifestants se sont rassemblés pour protester contre les mesures de l’accord de gouvernement récemment conclu. Ils dénoncent notamment la limitation dans le temps (deux ans) des allocations de chômage, le sort de l’enveloppe bien-être, la réforme des pensions, en particulier celles des fonctionnaires, ou encore des coupes dans les services publics.
Cette manifestation entraîne logiquement de nombreuses perturbations.
Une mobilisation «historique»
Le président de la FGTB, Thierry Bodson, a salué « une mobilisation historique » alors qu’entre 60.000 (selon la police) et 100.000 personnes (selon les syndicats) battent le pavé à Bruxelles pour dénoncer les mesures annoncées par le gouvernement fédéral. .
À ses yeux, cette mobilisation et la grève générale prévue fin mars, démontrent l’opposition de la population aux mesures annoncées par le gouvernement fédéral tout juste formé. « C’est surtout l’aspect des fins de carrière qui est tout à fait inacceptable. Les gens commencent à comprendre qu’il n’y a plus aucune possibilité dans ce pays d’arrêter de travailler avant 67 ans », souligne le président du syndicat socialiste. Pour M. Bodson, le gouvernement doit « se rendre compte » qu’il doit changer de fusil d’épaules pour « tout ce qui concerne les aspects de flexibilité et de fin de carrière ».
Le président de la FGTB demande également une « véritable concertation », alors que « pour ce gouvernement, la concertation c’est : ils nous donnent le menu et puis il faut qu’on (NLDR: syndicats et patronat) se mette d’accord sur le menu. (…) D’habitude, ce sont les patrons et les syndicats qui se mettent d’accord et qui ne reçoivent pas de la part du gouvernement des indications sur ce qu’ils doivent faire », a-t-il glissé.
Les partenaires sociaux ont été reçus, mercredi, par le Premier ministre Bart De Wever, « ce qui est positif » étant donné que le gouvernement n’est formé que depuis une semaine, reconnaît le syndicaliste. Cependant, l’homme regrette que le gouvernement ait « déjà tout dit sur les fins de carrières, les salaires, la formation minimale des travailleurs, la flexibilité », ce qui constitue « le package habituel » d’un accord interprofessionnel, négocié entre patronat et syndicats.
Transports en commun: les perturbations lors de la manifestation nationale
Stib
La Stib fait face à de fortes perturbations sur son réseau, les syndicats de l’entreprise ayant invité leurs affiliés à se joindre à l’action.
Les lignes de métro 1 et 5 de la STIB devraient circuler toute la journée. La station de métro Parc restera quant à elle complètement fermée jusqu’à 14h00. Certaines entrées de la station de métro Arts-Loi sont fermées, indique la société de transport bruxelloise sur X jeudi matin.
🔴 GRÈVE NATIONALE – situation à 6h
— STIB-MIVB (@STIBMIVB) February 13, 2025
Les lignes suivantes ROULENT:
🚇 METRO 1, 5
🚋 TRAM 4, 7, 8, 9, 10, 51 et 92
🚌 BUS 12, 36, 46, 50, 53, 58, 59, 65, 71, 73, 87 (prolongée Étangs Noirs), 95
⚠️ La station de métro Parc restera complètement fermée jusqu'à 14h, tandis que… pic.twitter.com/2p6BPwfWYl
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Pour les trams, les lignes 4, 7, 8, 9, 10, 51 et 92 circulent, pour les bus, les lignes 12, 36, 46, 50, 53, 59, 65, 71, 73, 87 (prolongée Étangs noirs) et 95.
Tec
En Wallonie, le réseau Tec est également fortement perturbé, a indiqué sur son site l’opérateur de transport. Les cinq zones du réseau sont concernées.
Pour la zone Liège-Verviers, 30 lignes sont supprimées, 101 lignes sont perturbées et 73 circulent normalement, a rapporté jeudi matin la porte-parole du Tec Liège-Verviers, Isabelle Tasset.
« Les parcours supprimés sont disponibles dans la recherche d’horaire (ligne et arrêt) du site et de l’application Tec et seront mis à jour tout au long de la journée« , est-il précisé sur le site de la société de transport.
Le Tec recommande aux voyageurs et voyageuses d’envisager une alternative pour leurs déplacements. L’ensemble des services circulera normalement dès vendredi.
De Lijn
Seuls 51% des bus et trams De Lijn circulent, a confirmé la société flamande de transports en commun après une annonce antérieure sur l’ampleur des perturbations.
En province d’Anvers, 44% des véhicules De Lijn roulent, contre 47% en Flandre orientale et 55% dans le Brabant flamand. 61% des bus et des trams sont en service dans le Limbourg et 52% en Flandre occidentale.
La moitié des trams côtiers roulent également.
L’application et le site web de De Lijn indiquent uniquement les trajets qui sont assurés, précise la société. La situation est régulièrement mise à jour. Certaines lignes pourraient connaitre des perturbations supplémentaires en cas d’imprévu, ajoute encore De Lijn.
SNCB
Les trains roulent par contre normalement, notamment pour permettre aux manifestants de gagner la capitale. Aucun préavis de grève n’a en effet été déposé au sein de la SNCB. Cependant, des perturbations sont possibles en raison de l’affluence attendue dans les trains vers et depuis Bruxelles, prévient l’entreprise.
Manifestation nationale: les aéroports à l’arrêt
Le transport aérien est également fortement perturbé. Le hall des départs de Brussels Airport était quasiment vide jeudi matin, a constaté Belga sur place. Seuls quelques travailleurs sont présents. Tous les vols au départ et à l’arrivée de l’aéroport de Zaventem sont annulés.
Environ 60.000 passagers sur 430 vols étaient initialement attendus ce jeudi. « Nous ne vivons pas ça souvent », a réagi Jeffrey Franssens, porte-parole de Brussels Airport. « Nous regrettons l’impact de cette action sur nos passagers. »
Même son de cloche à l’aéroport de Charleroi, où tous les vols étaient annulés.
Comme les contrôleurs aériens de skeyes participent à l’action syndicale, aucun avion ne peut atterrir dans aucun aéroport belge depuis 06h45 et jusqu’à 22h15.
Manifestation nationale: les services publics perturbés
Bpost
Les services postaux sont également grandement perturbés en Wallonie. L’impact en Flandre et à Bruxelles est de moindre importance.
La moitié des facteurs sont en grève du côté wallon, contre 5% en Flandre et 10% à Bruxelles, a indiqué Mathieu Goedefroy, porte-parole de bpost.
Des grèves sont de surcroit toujours en cours dans les bureaux de tri de Awans (Liège), Fleurus (Charleroi) et Bruxelles. Les postiers protestent depuis plusieurs jours contre un projet de réorganisation des tournées locales.
Bruxelles-Propreté
Les services de Bruxelles-Propreté sont eux aussi perturbés par la manifestation nationale, et ce, depuis mercredi soir. L’agence demande dès lors aux habitants de la Région de ne pas sortir leurs poubelles pour les collectes du mercredi soir ou du jeudi, et de les garder jusqu’au prochain ramassage afin de garder la ville propre.
Prisons
Le personnel pénitentiaire affilié au syndicat libre de la fonction publique (SLFP-Prisons) devrait en outre répondre massivement à l’appel à manifester. Les prisons devraient dès lors fonctionner selon un régime ralenti.
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