Des personnes participent à une manifestation des travailleurs d'Audi Brussels, le lundi 16 septembre 2024 à Bruxelles. © Belga

Grève nationale: de 5.500 à 10.000 manifestants dans les rues de Bruxelles

Le Vif

Une journée d’action nationale est organisée ce lundi face aux difficultés que traverse le secteur industriel européen. Les manifestants ont atteint leur destination: la place du Luxembourg.

Quelque 5.500 militants d’après la police, plus de 10.000 d’après les syndicats, ont battu le pavé lundi matin dans la capitale pour exprimer leur solidarité avec les travailleurs et sous-traitants d’Audi Brussels, dont le futur reste incertain depuis l’annonce d’une restructuration début juillet.

Partis de la Gare du Nord peu avant 10h30 (là où se trouve le siège de la Confédération européenne des syndicats), les manifestants ont rejoint vers midi la place du Luxembourg, sous un ciel gris et dans un concert de pétards.

« Après des années de profits records, on veut nous faire payer la crise, mais nous ne l’accepterons jamais ! », s’est indigné Sor Hillal, secrétaire général des Métallos FGTB, devant une foule brandissant des banderoles « L’industrie est à nous » ou « Nous ne sommes pas à vendre ». Le syndicaliste a également critiqué le « silence politique, belge mais aussi européen« , le qualifiant d' »attaque » contre la classe ouvrière.

« Préserver l’emploi industriel, c’est préserver des vies, préserver des droits ainsi qu’une vision plus égalitaire de notre société. La désindustrialisation et les fermetures d’usines ne sont pas simplement des pertes pour les travailleurs d’usines et leurs sous-traitants, elles sont des pertes de capacités de se projeter vers l’avenir, une perte de capacité à se partager de la richesse mais aussi un terreau pour la montée de l’extrême droite », a clamé M. Hillal. 

BELGA PHOTO DIRK WAEM

« Face à la logique des actionnaires et du profit à court terme, notre réponse doit être un cri de résistance: l’industrie est à nous ! Aujourd’hui cette manifestation constitue un premier signal vers les responsables politiques, si nous ne sommes pas entendus, nous reviendrons », a prévenu M. Hillal avant que le cortège ne se mette en branle.  Au-delà du cas spécifique d’Audi, le front commun syndical entend alerter sur la situation de l’industrie européenne, confrontée à une concurrence internationale de plus en plus féroce. » »On est pris en étau entre les Etats-Unis avec ses mesures et autres primes visant à attirer les emplois sur le continent et la Chine qui produit à plus bas coût. L’Europe, de son côté, laisse le marché s’auto-réguler, ce qui ne fonctionne pas », a analysé Grégory Dascotte, délégué FGTB, appelant à une « véritable politique industrielle pour préserver les emplois ».

Le couperet est tombé le 9 juillet dernier, juste avant la fermeture collective de l’usine pour les congés d’été: la direction d’Audi annonçait son intention de restructurer le site bruxellois, mettant en péril près de 3.000 emplois. Depuis, la colère, le dégoût et la déception ont gagné les rangs des travailleurs. L‘absence d’attribution de nouveaux modèles à l’usine bruxelloise, annoncée le 3 septembre dernier par le groupe Volkswagen, a constitué la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.

Perturbations

Sur la place du Luxembourg, Thierry Bodson, président de la FGTB, a pointé la coalition « Arizona » et le gouvernement actuel en affaires courantes, qui maintiennent un « silence assourdissant » face à la situation de l’usine forestoise. « On ne voit aucune réaction de leur part, si ce n’est la volonté de démanteler la loi Renault, de réduire la protection des travailleurs et de limiter temporellement les allocations de chômage (pour la coalition Arizona, NDLR) », a-t-il fustigé, dénonçant une « politique de culpabilisation des victimes du système ».

Marie-Hélène Ska, secrétaire générale de la CSC, a quant à elle réclamé un plan social incluant l’ensemble des travailleurs d’Audi, y compris les intérimaires et sous-traitants. « Chaque travailleur et travailleuse mérite le respect pour sa contribution à ce modèle de production », a-t-elle souligné. Comme M. Bodson, elle a également déploré le mutisme des responsables politiques et la nécessité d’une « véritable politique industrielle qui préserve le tissu économique local ». La syndicaliste a appelé les responsables politiques régionaux et fédéraux à se mettre autour de la table pour trouver une issue au conflit social en cours. « Nous ne pouvons pas laisser seules la commune de Forest et la Région bruxelloise porter la responsabilité de trouver une solution à l’avenir du site », a-t-elle exhorté.

Des prises de parole des délégations allemande, française, italienne, autrichienne et néerlandaise seront également organisées sur la Place du Luxembourg. Car le cas d’Audi Brussels dépasse largement les frontières belges. Il illustre la « désindustrialisation massive » à l’œuvre sur le Vieux Continent, dénoncée par les syndicats. Volkswagen, maison-mère d’Audi, envisage d’ailleurs pour la première fois de son histoire de fermer des usines en Allemagne. « L’industrie est à nous », clament les syndicats, appelant à une mobilisation d’ampleur pour défendre l’emploi industriel. L’ensemble du secteur industriel, de l’automobile à la chimie en passant par le textile, est également appelé à se rassembler.

À l’occasion de cette journée de grève nationale du 16 septembre, et alors qu’il s’agit du premier jour de la semaine de la Mobilité, la Stib a annoncé que le réseau de transports publics bruxellois serait fortement perturbé. La société recommande dès lors à ses voyageurs de prévoir une solution alternative aux transports publics pour se déplacer à Bruxelles. Un Contact Center (070/23.20.00) sera accessible dès 06H00 lundi « afin d’informer aux mieux » les usagers sur l’état de la situation. La SNCB ne s’attend par contre à aucun problème sur le rail.

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Après avoir fait entendre leur voix dans la rue, les représentants des travailleurs d’Audi Brussels seront de retour mardi à la table des négociations. Un conseil d’entreprise extraordinaire est en effet prévu pour discuter de l’avenir du site bruxellois et surtout explorer la piste d’éventuels repreneurs.

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