Anti Arizona measures regional demonstration by Abvv fgtb csc acv at Mont des Arts, Brussels, Belgium, 29 april 2024

Georges-Louis Bouchez répond aux milliers de personnes qui ont défilé à la grève nationale: «Je n’ai jamais promis de chèque en plus»

De Liège à Anvers en passant par Bruxelles mais également dans de plus petites villes, les syndicats ont mobilisé les grévistes sur le terrain en ce jour de grève nationale: Georges-Louis Bouchez leur répond.

Des milliers de manifestants ont défilé dans les rues de nombreuses villes belges mardi, à l’occasion d’une journée de grève nationale initiée par la FGTB et la CSC. Les mesures du gouvernement fédéral «Arizona» étaient toujours au centre du mécontentement des participants.

Environ 4.000 personnes, selon la police et la CSC, et 7.000, selon la FGTB, ont marché à Bruxelles entre le Boulevard Albert II et le Mont des Arts. Sur le parcours, une délégation des syndicats en a profité pour déposer un cercueil portant l’inscription «Enterrez le projet antisocial de l’Arizona» devant le siège de la N-VA, parti du Premier ministre Bart De Wever, dont l’accès était barricadé par les forces de l’ordre.

Un arrêt a également été effectué devant la tour des finances, où deux banderoles ont été déployées pour réclamer l’instauration d’un impôt sur la fortune. Le collectif «Commune colère» a aussi collé des affiches sur la même thématique. La manifestation bruxelloise s’est déroulée dans le calme, comme toutes les actions menées ailleurs.

En région liégeoise, ce sont 5.000 personnes, selon la police, et 8.000, d’après les syndicats, qui ont défilé entre le magasin Cora de Rocourt et l’hôpital de la Citadelle de Liège. Un parcours symbolique reliant le secteur privé au public. A Charleroi, plus d’un millier de personnes ont défilé depuis le CPAS vers la Ville Basse. Ils étaient moins nombreux à Namur, où 200 membres de la FGTB se sont mobilisés. Toujours dans le namurois, à Bièvre, des représentants des syndicats ont rencontré le ministre fédéral de l’Emploi et de l’Economie, David Clarinval, dans son fief.

Côté flamand, les protestataires étaient en nombre à Anvers: entre 4.000 et 5.000 selon la police locale. «Nous disons non à ce gouvernement de casseurs», a lancé un porte-parole de l’ACV-CSC.

Georges-Louis Bouchez répond aux grévistes

Grand architecte de l’accord de gouvernement de l’Arizona, le président du MR a observé les mouvements de grogne du jour au regard du profil des manifestants. «Il y a deux catégories de personnes qui font grève aujourd’hui. D’abord, ceux qui ont des craintes normales et rationnelles. On doit pouvoir leur apporter les réponses au fur et à mesure. Tous les soirs je suis quelque part pour expliquer les réformes à venir, mais on fait juste ce qu’on a expliqué en campagne. Moi, je n’ai jamais promis de chèque en plus, j’ai dit qu’il fallait réduire les dépenses publiques, qu’il fallait limiter le chômage à deux ans…»

En revanche, le Montois montre moins de pédagogie envers ceux qu’il qualifie de «professionnels du syndicalisme», plus nombreux dans les manifs ce mardi selon lui. «Ces gens instrumentalisent les peurs d’une série de personnes, font croire à des choses inexactes, c’est beaucoup plus dommageable.» A ceux-là, le président du MR leur incombe la perte de 300 millions d’euros de PIB pour cette journée de mobilisation, qu’il estime retomber sur les travailleurs.

Parmi les grévistes du jour, il y avait également les magistrats, qui ont annoncé des reports d’audience dans une justice sous-financée depuis belle lurette. Mais Georges-Louis Bouchez attend plus de constructivité de la part des interlocuteurs sociaux. «Il n’y a pas un mois où le monde judiciaire ne se plaint pas du manque de moyens. Par contre, je n’entends jamais dans leur chef des propositions de réforme de procédures des cours et tribunaux.» Réforme des chambres du conseil, informatisation, bâtiments judiciaires… «GLB» a dans sa poche d’ancien avocat un paquet de mesures, souvent sujettes à controverses, et invite les syndicats à venir en débattre. «Par rapport aux pensions des magistrats, puisque c’est ça qui a tout déclenché, à 8.300 euros brut, une modération de l’indexation ne me semble pas insoutenable. Quand on le fait aux politiques, on dit que c’est pas assez et qu’on gagne trop.»

Pour clôturer, le président du MR insinue un abus de pouvoir à l’encontre des membres de la magistrature qui ont tenu des actions aujourd’hui. «Les magistrats sont des citoyens comme les autres, ils ont le droit absolu de manifester. En revanche, ils sont investis d’un pouvoir, et l’utiliser à des fins de revendications collectives, corporatistes (et ce n’est pas un gros mot), quelle que soit la légitimité de la revendication -que je ne conteste pas- c’est inacceptable. Et c’est assimilable à un abus de pouvoir.» Georges-Louis Bouchez recevra d’ailleurs ce jeudi une délégation de magistrats, nul doute que ces propos permettront de fixer l’ambiance.

Le président du MR met également en contexte ces journées de mobilisation qui interviennent alors que peu de mesures de l’Arizona n’ont encore fait leur entrée dans un parcours législatif. «On débat avec des gens qui prennent systématiquement le pire cas. On conteste, parce qu’il y a des trucs qu’on sait qu’on ne fera pas d’un côté, et de l’autre on ne peut pas non plus leur donner des détails car l’accord politique n’y est toujours pas.»

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