Bilan de la manifestation nationale « historique » marquée par le soutien à Delhaize

Les syndicats, rassemblés en front commun, ont manifesté dans les rues de Bruxelles contre le dumping social. Sur toutes les lèvres et tous les pancartes, la situation de Delhaize était au centre des revendications.

Ils étaient 18.000 selon la police, 25.000 selon les syndicats. Une foule tricolore mêlant le bleu de la CGSLB (le syndicat libéral), le rouge de la FGTB (le syndicat socialiste) et le vert de la CSC (le syndicat chrétien). Le front commun syndical a rassemblé les travailleurs pour s’unir contre le dumping social, symbolisé par la FEB, la fédération des entreprises de Belgique.

Devant la FEB et le Palais de Justice, une délégation emmenée par Myriam Delmée, la présidente du Setca, a déposé des couronnes mortuaires arborant le message « A la défunte concertation sociale », « A notre regretté droit de grève » ou « Profits partout, justice nulle part – Boycott Delhaize ». Les militants ont ensuite procédé à un lâcher de ballons, tout en scandant « La franchise, aucune, aucune, aucune utilité ».  Selon le front commun syndical, les mesures adoptées par les dirigeants de Delhaize pour mettre fin à la grève constituent « un dangereux précédent pour les mouvements sociaux ». « Sans syndicat, il n’y a pas de contre-pouvoir. C’est pourtant essentiel dans une démocratie. Nous ne permettrons pas que notre démocratie soit mise en péril. La grève est un droit fondamental », a clamé Mme Delmée.

Delhaize, sur toutes les lèvres et toutes les pancartes

Cette manifestation nationale était placée sous le signe de la solidarité avec Delhaize, mais également de la peur. Les travailleurs venus des quatre coins du pays sont préoccupés par leurs avenirs professionnels, car ils craignent que leurs conditions de travail se dégradent si le modèle de franchise venait à s’imposer durablement dans le paysage du commerce belge. En franchisant ses magasins, le groupe pratique un dumping social « déguisé », en plus d’un contournement de la Loi Renault, selon les syndicats. D’après leurs estimations, le modèle de franchise entraînerait, à terme, une dégradation « inévitable » des conditions de travail ainsi que la suppression de 6.500 emplois. C’est la raison pour laquelle les syndicats réclament une simplification et une harmonisation des commissions paritaires.

Par ailleurs, les mesures adoptées par Delhaize pour mettre fin à la grève ont provoqué une levée de boucliers des syndicats. L’interdiction des piquets de grève, l’intervention des huissiers de justice et l’appel aux forces de l’ordre sont perçus comme autant « d’attaques sévères » au droit de grève. Ces décisions de justice « font passer le droit commercial avant le droit d’action collective, ce qui constitue un dangereux précédent pour les mouvements sociaux », déplorent encore les syndicats.

« Une manifestation nationale historique », en soutien à Delhaize

Marc Leemans, le président de l’ACV-CSC, a ouvert le bal. Lors de la manifestation nationale, il a déclaré que Delhaize constitue « une cible de la droite parce que l’élite a décidé que nous devions tous travailler plus longtemps, plus dur et moins cher ».  « Avec cette manifestation, nous montrons que nous ne nous laisserons pas intimider. Les gens ont des droits humains. Nous exigeons le respect de chaque travailleur: un salaire décent, un travail convenable et le droit de manifester! Chez Delhaize, chez TotalEnergies, chez tous les employeurs », a-t-il ajouté.

Le président de la FGTB, Thierry Bodson, a qualifié la manifestation « d’historique ». « Nous vivons un vrai basculement. C’est le droit de grève qui est aujourd’hui en danger dans notre pays. Nous ne pouvons pas accepter qu’on oppose le droit de commercer et le droit d’occuper l’espace public. Rappelons aux juges et responsables politiques qu’en vertu de la convention 87 de l’OIT, le droit de grève est considéré comme un droit fondamental. Vous qui dirigez, vous devez comprendre une chose: dans une démocratie, le pouvoir et le contre-pouvoir se tiennent la main. Si le pouvoir ne respecte plus le contre-pouvoir, il n’y a plus de démocratie« , a fustigé le leadeur du syndicat socialiste.

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