Les syndicats espèrent une participation massive à la manifestation du 13 février. © BELGA

Manifestation nationale ce jeudi 13 février: «De nombreux électeurs de droite sont aussi concernés»

Une manifestation de grande ampleur est organisée en front commun syndical (FGTB, CSC et CGLSB) et concerne le renforcement des services publics, la sécurité sociale ainsi que le pouvoir d’achat. Cette première manifestation sous l’ère Arizona va-t-elle tendre les tensions avec les partis politiques francophones?

Ce jeudi 13 février marque la première manifestation contre le gouvernement de coalition Arizona, organisée par les syndicats en front commun. Parmi les principales revendications de la FGTB, la CSC et la CGLSB: le pouvoir d’achat, la stagnation des salaires jusqu’en 2027, les pensions et les conditions de travail, notamment de nuit. Thierry Bodson, président de la FGTB, espère une forte mobilisation pour créer un véritable rapport de force.

Des relations à construire

Mi 2023, le nombre d’adhérents syndicaux en Belgique atteignait 3.349.036. Un poids démocratique, selon Olivier Valentin, secrétaire national de la CGLSB. «Nous ne remettons pas en cause les partis élus démocratiquement. Toutefois, la démocratie ne se limite pas à un simple vote tous les cinq ans.»

La démocratie ne se limite pas à un simple vote tous les cinq ans.

Olivier Valentin

secrétaire national de la CGLSB

Deux visions de la démocratie

Or le président du MR Georges-Louis Bouchez a souvent décrit les syndicats comme des freins à l’action politique, allant même jusqu’à qualifier leurs méthodes de «mafieuses». «Certains, surtout au sein des partis de droite, estiment que la légitimité parlementaire suffit pour gouverner», explique Jean Faniel, directeur général du CRISP. Il rappelle cependant que la concertation sociale est une tradition belge fondamentale, où la communication entre syndicats et patronat joue un rôle clé. Par exemple, une convention collective de travail peut être transformée en loi après avoir été transmise au ministre du Travail et signée par le roi. «Ce modèle permet aux syndicats et au patronat de participer directement à l’élaboration de règles contraignantes», ajoute-t-il.

Marie-Hélène Ska, secrétaire générale de la CSC, critique le manque de concertation avec le nouveau gouvernement. Pour elle, les décisions de la coalition Arizona sont déconnectées des réalités du terrain, notamment en ce qui concerne la conciliation entre vie professionnelle et vie privée. Elle observe que cette tendance à prendre des décisions unilatérales s’étend au niveau européen, où les gouvernements tentent de réguler la flexibilité des travailleurs sans consulter les acteurs concernés.

Une mobilisation cruciale

Une grève, mais ensuite? Pour la CGLSB, l’objectif est d’instaurer un dialogue constructif avec les partis au pouvoir. «Nous sommes au début de la législature Arizona, et il reste beaucoup à discuter, notamment sur le rôle des syndicats dans les futures négociations», souligne Olivier Valentin.

La FGTB, quant à elle, estime que les résultats des élections ne reflètent pas forcément l’opinion publique sur des sujets tels que les pensions ou le pouvoir d’achat. «De nombreux électeurs de droite sont aussi concernés par ces questions, ce qui explique l’ampleur de la mobilisation, malgré une majorité de votes en faveur de la droite», souligne Thierry Bodson.

L’incertitude est totale, nous ne savons pas encore ce que ce gouvernement nous réserve.

Marie-Hélène Ska

secrétaire générale de la CSC

Des tensions persistantes

Marie-Hélène Ska voit dans l’accord de gouvernement un net déséquilibre en faveur des employeurs, ce qui complique les discussions entre syndicats et exécutif. Elle attend la formation complète des cabinets, notamment celui de l’Emploi, pour avoir une meilleure vision des mesures à venir. «L’incertitude est totale, nous ne savons pas encore ce que ce gouvernement nous réserve», confie-t-elle.

Jean Faniel ajoute que la situation varie selon les domaines. Par exemple, dans l’enseignement, les tensions entre les syndicats et la ministre Valérie Glatigny (MR) se sont aggravées fin 2024, affectant aussi les relations avec les pouvoirs organisateurs des écoles.

La FGTB et la CGLSB se souviennent que sous le gouvernement de Charles Michel, ils ne se sont pas sentis écoutés et que les relations étaient plutôt difficiles. L’histoire se répétera-t-elle sous la coalition Arizona?

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