Manifestation du secteur non marchand: des revendications sur les conditions de travail, incident entre la police et le Vlaams Belang

Entre 7.000 et 11.000 ont défilé dans les rues de Bruxelles, mardi matin, pour protester contre les pénuries de personnel dans le secteur du non marchand.

La manifestation en front commun syndical à Bruxelles du secteur non marchand a pris fin peu avant 13h00, mardi, à proximité de la gare du Midi. Après quelques discours, la foule, partie peu avant 11h00 des abords de la gare du Nord, s’est en effet rapidement disloquée.

Selon les estimations des syndicats, il y avait de 10.000 à 11.000 personnes présentes. De son côté, la zone de police de Bruxelles-Capitale/Ixelles en a compté quelque 7.000.

Les secteurs de la santé et du bien-être manifestaient une seconde fois cette année déjà, après un premier rassemblement de masse fin janvier. Les affiliés ont dénoncé les bas salaires, les contrats instables, les conditions d’exercice épuisantes et la pénurie de personnel constatés au sein des corps de métiers concernés.

Les alentours de la Gare du Nord étaient noirs de monde avant le départ, ou plutôt multicolores puisqu’aux couleurs des syndicats CNE, Setca, CSC Services publics, CGSP et CGSLB. La manifestation devrait s’achever aux alentours de 13h à la Gare du Midi.

Les secteurs de la santé et du bien être, déjà fragilisés avant même la pandémie de Covid-19, traversent actuellement une crise profonde : métiers trop épuisants (physiquement et psychologiquement), exigeants et peu considérés, ils ne parviennent plus à attirer des jeunes qui doivent pourtant se former des années durant pour y accéder.

La pénurie de personnel n’affecte pas que les infirmiers, aides soignants et aides à domicile, mais aussi la qualité des soins proposés. Les syndicats estiment ne pas avoir été entendus malgré les avertissements répétés depuis fin 2022. Dans un communiqué collectif, ils pointent notamment du doigt les budgets pour les années 2023-2024, qui ne prévoient aucune mesure de soutien aux secteurs sociaux et de santé.

Outre une réduction collective du temps de travail, le front commun réclame de meilleures conditions d’exercice, davantage de soutien et une meilleure rémunération.

Dégradation des conditions de travail

Dans le cortège menant à la gare du Midi, l’ambiance alternait entre festivité et pessimisme. Alors que des manifestants chantaient sur des airs populaires, une infirmière a accroché une blouse parée d’un dessin de fantôme sur un poteau en hommage à « l’hôpital fantôme, ce qui restera quand il n’y aura plus de gens ».

Deux infirmières de la région de Charleroi partageaient la même amertume. « Je ne vois pas comment ça va changer les choses », a estimé l’une d’entre elles. « Revaloriser le métier, oui, mais il faut trouver des gens et il n’y a personne sur le marché », déplorait-elle ainsi. « Il faudrait motiver les jeunes à aller aux études, mais ça devient compliqué », renchérissait sa collègue. Toutes deux travaillent dans un hôpital, un milieu qu’elles trouvent court-circuité par l’aide à domicile, plus rémunérée et attractive.

Non loin de là, un aide à domicile nuançait: « c’est un secteur très sous-financé, géré par des ASBL qui manquent de moyens », expliquait-il. Il travaille depuis plus de dix ans dans la région de Mons et a assisté à la dégradation progressive des conditions de travail ces dernières années. « Il faut agir au plus vite », lance-t-il.

Les présidents de Vooruit, de Groen et du PTB présents, incident avec le VB

Plusieurs personnalités politiques de premier rang étaient présentes lors de la manifestation en front commun syndical du secteur non marchand à Bruxelles. On a ainsi pu apercevoir le président de Vooruit, Conner Rousseau, et le co-président de Groen, Jeremie Vaneeckhout, deux partis membres de la majorité au niveau fédéral. Dans les rangs de l’opposition, le PTB était également représenté.

La présence de Conner Rousseau – très courtisé pour des photos mardi matin – au sein de la manifestation pourrait étonner puisque le ministre fédéral de la Santé Frank Vandenbroucke, cible de nombreuses critiques, est issu du parti qu’il préside. Mais l’étoile montante socialiste assume totalement. « Jamais un ministre fédéral de la Santé n’a investi autant dans le secteur que Frank Vandenbroucke, avec 5 milliards d’euros », souligne-t-il ainsi. « Il y a beaucoup de défis et on y fait face », reconnait Conner Rousseau. « Le ministre fait un très bon travail et a réussi à recevoir des moyens supplémentaires pour améliorer les conditions de travail. J’espère qu’il pourra rester à son poste pour continuer les réformes et poursuivre les investissements dans les soins de santé. »

   Une délégation de Groen était également présente mardi matin dans les rues de Bruxelles, avec son co-président Jeremie Vaneeckhout. Un parti lui aussi dans la majorité au niveau fédéral, mais bien dans l’opposition au nord du pays. Comme souvent lors de manifestations syndicales, le PTB, dans l’opposition à tous les niveaux de pouvoir, était également de la partie. Plusieurs de ses représentants, dont le président Raoul Hedebouw, haranguaient d’ailleurs la foule, plaidant pour que l’on taxe davantage les plus riches afin de financer les soins de santé et le secteur du non marchand.

   A noter, enfin, un incident impliquant un groupe du Vlaams Belang. Les versions des parties impliquées varient. Selon la police, la présence de militants du parti d’extrême droite flamand a provoqué des troubles parmi les manifestants. Afin de maintenir le calme et d’éviter d’autres confrontations, les forces de l’ordre ont décidé de séparer ce groupe, explique Ilse Van de keere, porte-parole de la zone de police Bruxelles-Capitale/Ixelles. « Cela s’est accompagné d’un comportement indiscipliné, suivi de bousculades. Les faits exacts font encore l’objet d’un examen en interne. » Le Vlaams Belang affirme, lui, que la police a empêché certains de ses députés de participer à la manifestation. Le président du parti, Tom Van Grieken, aurait notamment reçu un coup au visage de la part d’un policier.

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