Pourquoi le ciel reste menaçant au-dessus d’Audi Brussels: «On ne signera pas de chèque en blanc à la direction»
La direction d’Audi Brussels a rencontré les partenaires sociaux à l’occasion d’un troisième conseil d’entreprise extraordinaire, consécutif à l’annonce de restructuration début juillet. Une vingtaine de projets ont été examinés, mais aucun n’a été retenu, faute de rentabilité. Alors que la direction a le regard tourné vers de potentiels investisseurs, les travailleurs se préparent à l’activation d’un plan social.
Ce mardi 17 septembre, les activités de l’usine d’Audi Brussels ont repris, après plusieurs semaines de fermeture et autant de levées de boucliers de la part des travailleurs et de leurs représentants. Était également au programme un troisième conseil d’entreprise extraordinaire, forcément attendu au tournant par les syndicats réunis en front commun. Pendant trois heures, direction et partenaires sociaux ont échangé, de manière constructive, dans le cadre de la phase 1 de de la loi Renault sur les licenciements collectifs. «Nous n’irons pas boire un verre ensemble, ironise Pascal Debrulle, délégué FGTB. Mais au moins avons-nous eu des réponses à plusieurs questions.»
Sur la table des négociations, la direction d’Audi Brussels a posé une vingtaine de projets de reprise pour le site industriel. L’identité des éventuels repreneurs n’a pas été dévoilée, mais leurs propositions ont été passées au crible de trois critères: le nombre d’emplois conservés, la rentabilité de l’activité et son intégration potentielle au sein du groupe Audi/VW. Sur base de ce qui a été abordé, aucun projet ne permet de maintenir plus que 500 emplois sur les 3.000 occupés actuellement à l’usine forestoise. «L’un des projets se concentre sur le reconditionnement des voitures, mais cette activité est déjà assurée par D’Ieteren et Cardoen», décrit Ludovic Pineur, délégué CSC.
Audi Brussels: un constructeur automobile parmi les potentiels repreneurs
Les représentants syndicaux ont eu la confirmation que l’un des candidats-repreneurs d’Audi Brussels était un constructeur automobile. Qui pourrait donc être intéressé par une reprise de l’entièreté du site industriel. «C’est l’option que nous privilégions, rapporte Pascal Debrulle, car elle serait la meilleure pour un maintien de l’emploi». Le délégué FGTB confirme qu’il est possible que le site, une fois divisé en plusieurs morceaux, soit réparti entre plusieurs projets. Mais la piste, plus sensible que celle d’une reprise totale de l’usine forestoise, suscite moins d’adhésion.
«Aucun modèle n’est économiquement rentable, donc on se concentre sur la recherche d’investisseurs potentiels»
Peter D’hoore, le porte-parole d’Audi Brussels
Quoi qu’il en soit, la direction a balayé d’un revers de la main ces vingt-quatre projets sélectionnés au préalable, lors de ce conseil d’entreprise extraordinaire. «Aucun modèle n’est économiquement rentable, regrette Peter D’hoore, le porte-parole d’Audi Brussels. Donc on se concentre sur la recherche d’investisseurs potentiels, processus pendant lequel les délégués syndicaux seront concertés.»
Un groupe de travail pour examiner les projets plus en profondeur
Pointant le manque de détails et la rapidité voulue par la direction dans le tour d’horizon des différents projets, les représentants des travailleurs ont obtenu la création d’un groupe de travail pour examiner les alternatives plus en profondeur. Dès la semaine prochaine, des économistes issus des délégations syndicales et un groupe d’experts plancheront sur le dossier. «On ne signera pas de chèque en blanc à la direction en acceptant un projet trop rapidement, explique Ludovic Pineur. On est d’accord qu’Audi continue son travail d’exploration des opportunités, mais il faudra que des solutions à long terme pour des emplois pérennes soient trouvées.»
Les potentiels repreneurs du site industriel ont jusqu’au 23 septembre pour remettre leurs cahiers de charge à la direction d’Audi Brussels. «Dans les jours qui suivent, nous saurons vraiment qui est intéressé par cette reprise, et surtout le nombre d’emplois qui pourront être maintenus», développe Pascal Debrulle. Le 1er octobre, la question des investisseurs éventuels, en cas de non reprise du site par des repreneurs, sera abordée lors d’un quatrième conseil d’entreprise extraordinaire. En parallèle, sur base d’une demande des travailleurs, les négociations pour un plan social – soit la phase 2 de la loi Renault – débuteront. Autrement dit, les syndicats jouent sur les deux tableaux: ils espèrent une proposition de reprise satisfaisante, tout en préparant le pire, si aucune fumée blanche ne se dégage d’ici-là des cheminées d’Audi Brussels.
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