Toujours plus de travailleurs indépendants en Belgique: plus d’un débutant sur quatre de nationalité étrangère

Plus de 123.000 «starters», qui débutent ou reprennent une activité, sont venus grossir les rangs des travailleurs indépendants l’an dernier en Belgique. Plus d’un indépendant débutant sur quatre est de nationalité étrangère, dont une immense majorité de Roumains, ressort-il des derniers chiffres de l’Institut national d’assurances sociales pour travailleurs indépendants (Inasti).

La Belgique comptait 1,28 million d’indépendants au 31 décembre dernier, soit 1,73 % de plus que l’an dernier. Sur les vingt dernières années, 400.000 indépendants supplémentaires sont enregistrés dans les bases de données de l’Inasti et deux indépendants sur trois sont des hommes, précise l’institut qui gère la sécurité sociale des travailleurs indépendants.

«L’augmentation du nombre d’indépendants en 2023 est une nouvelle preuve que ce choix attire de plus en plus de Belges, se réjouit le ministre fédéral des Indépendants, David Clarinval (MR). Cependant, la baisse du revenu net moyen démontre la nécessité de continuer d’alléger la pression fiscale sur les indépendants, véritable moteur de notre économie, pour préserver leur compétitivité et sauvegarder leur activité», complète-t-il à la vue des derniers chiffres produits par l’Inasti.

La moyenne des revenus nets, qui sert de base au calcul des cotisations sociales, a en effet fortement diminué en 2023 (-9,65%). «Il s’agit sans aucun doute d’une des conséquences de la crise sanitaire», pointe l’Inasti, l’année de référence 2020 servant au calcul des cotisations provisoires pour 2023. Elle constate également une augmentation des faillites l’an dernier, passée à 7.132 contre 6.443 en 2022.

Plus d’un “starter” sur quatre est étranger

La progression du nombre d’indépendants trouve également une partie de son explication dans l’arrivée de travailleurs étrangers. L’an dernier, sur les 123.000 «starters», soit les indépendants qui débutent, sont en reprise d’activité ou affiliés d’office, se trouvaient 34.000 personnes n’ayant pas la nationalité belge, 28% du total.

La première nationalité représentée se trouve à l’Est de l’Europe, en Roumanie. Le nombre total de travailleurs indépendants roumains installés sur le territoire a explosé en quelques années, passant de 900 en 2004 à près de 42.000 l’an dernier. Chaque année, depuis 2018, le nombre de starters roumains dépasse les 10.000 unités. Derrière eux se trouvent les Néerlandais et les Français.

L’augmentation rapide des expatriés roumains en Belgique, devenus en quelques années la deuxième nationalité la plus présente à Bruxelles, après l’adhésion de la Roumanie à l’Union européenne en 2007, explique probablement en partie la forte progression des chiffres des affiliés de cette nationalité. «Aujourd’hui, de nombreux Roumains néo-Bruxellois travaillent dans le bâtiment, confiait au Vif Carmen Draghici, fondatrice d’Arthis, la maison culturelle belgo-roumaine. Beaucoup ont créé leur propre société de construction. Les Roumains représentent d’ailleurs la seconde population d’entrepreneurs à Bruxelles, après les Belges.»

Parmi les 18.000 starters enregistrés uniquement dans la région bruxelloise en 2023, près de 7.000 avaient la nationalité belge, 4.600 étaient Roumains, devant un gros millier d’Ukrainiens pour compléter le podium. Ces derniers, ayant migré vers de nombreux pays européens depuis le début de guerre sur leur territoire, se retrouvaient à peine dans les statistiques de la capitale, et même belges, avant 2022. À l’échelon national, ils sont désormais la quatrième nationalité la plus représentée chez les nouveaux affiliés.

Preuve qu’un conflit, même à 2.000 kilomètres de là, peut avoir des implications très concrètes dans de nombreux aspects du quotidien, fût-ce le chiffre tellement ordinaire du nombre de travailleurs indépendants.