La dégressivité des allocations de chômage a trop peu d’effets sur l’emploi
Le renforcement de la dégressivité des allocations de chômage en 2012 n’a pas entraîné de hausse des sorties du chômage vers l’emploi ces dix dernières années, analyse jeudi une étude de l’Onem (Office national de l’emploi). D’après ses conclusions, la complexité du système modère l’impact de la dégressivité et les économies sur les dépenses sociales restent limitées.
En 2012, le gouvernement fédéral a introduit une dégressivité renforcée des allocations de chômage, prévoyant une hausse du montant au cours de la première période d’inactivité afin d’amortir davantage le choc initial de la perte de revenus. Cette aide diminue toutefois progressivement à partir de la deuxième période pour inciter les chômeurs à intensifier la recherche d’emploi et mieux marquer la distinction entre les revenus du travail et le chômage.
Il s’agissait de la plus grande réforme de ce régime depuis les années 1980, précise l’Onem.
Dix ans après la mise en œuvre de la mesure, l’étude constate l’absence de preuve d’une incidence sur les transitions vers l’emploi. Elle remarque que les chiffres de sorties vers l’emploi sont en fait étroitement liés à la situation économique et au marché du travail. L’Onem évoque notamment l’exemple de la fin de la crise du coronavirus, lorsque les transitions vers le travail ont augmenté rapidement malgré un gel de la dégressivité.
Des économies limitées
Le système dégressif actuel perd également son efficacité en raison d’un « écart important » entre le profil dégressif théorique et l’évolution réelle du montant des allocations pour de nombreux chômeurs, ajoute l’étude. Cet impact limité s’explique par les catégories de chômeurs qui ne sont pas soumises à la dégressivité, notamment ceux bénéficiant d’allocations minimales, les indexations régulières et la liaison des allocations au bien-être.
« Ces dernières années, l’écart entre la théorie et la pratique s’est d’ailleurs encore creusé« , note l’étude.
Par ailleurs, la réforme n’a entraîné que des économies limitées, environ 148 millions d’euros de 2012 à 2020, soit 0,5% des dépenses sociales totales pour le groupe de chômeurs étudié. Le potentiel d’économies diminue notamment quand une majorité des allocataires sont des chômeurs de courte durée, qui perçoivent donc un montant plus élevé pendant les trois premiers mois d’inactivité.