En retard ou absent au travail à cause de la neige: quelles sont les règles?
Alerte orange pour quatre provinces wallonnes, jaune pour le reste de la Belgique: des plaques de glace et des chutes de neige sont attendues ces prochaines heures. Au point de retarder le travailleur ou l’empêcher totalement d’arriver au boulot ? Avec quels risques? Le Vif fait le point.
Au volant, ou en transports en commun, la route entre le domicile et le travail peut parfois être un parcours semé d’embûches. Travaux, accidents et… neige peuvent retarder le travailleur. Peut-il être sanctionné en cas de retard si des conditions hivernales perturbent son trajet?
Salaire journalier garanti
La règle est simple : hors maladie, la loi prévoit que le travailleur peut être momentanément absent, pour un retard par exemple, tout en conservant son salaire, à certaines conditions. C’est ce qu’on appelle le « salaire journalier garanti ». Cela signifie qu’il a droit à la même rémunération que s’il avait pu accomplir ses heures, ses tâches normalement. Mais les critères sont très précis :
- L’employé doit être apte au travail au moment de prendre la route
- Il doit s’y rendre normalement
- Le retard doit être provoqué par un imprévu survenu sur le chemin domicile-travail, et non avant de démarrer
- La cause du retard doit être indépendante de sa volonté
- Tout doit être mis en œuvre pour éviter un retard
Imprévisible, la neige?
Est-ce également le cas si cela était annoncé, et donc prévisible, comme des chutes de neige ou des conditions glissantes sur les routes prédites par l’IRM ? En théorie, non, précise Laura Couchard, experte juridique chez Acerta. « Ici, on n’est pas vraiment dans un caractère imprévisible puisque autant les météorologues que les médias l’ont largement annoncé. On est plutôt dans une circonstance exceptionnelle. » Si l’employé est en retard ou ne vient pas, ce n’est normalement pas à l’entreprise à supporter son absence.
En pratique, il est rare d’en arriver là pour un retard. Au nom d’une bonne collaboration et entente au travail, la plupart du temps, cela fait l’objet d’un arrangement tacite entre l’employeur et l’employé. Le retard est souvent compensé à un autre moment, en restant plus tard au bureau ou en faisant du travail en plus un autre jour. « Globalement, tout arrangement favorable au travailleur est généralement possible, poursuit Laura Couchard. Mais tous les employeurs ne peuvent pas se le permettre. » En effet, cela dépend aussi du métier. Si personne d’autre n’est affecté par le retard, l’impact est différent que si le travailleur doit tenir une permanence à une heure précise, ou travailler derrière un comptoir en contact avec la clientèle.
Le travail flexible, la solution ?
C’est la même chose pour les transports en commun. « Si ce soir, les entreprises de transports en commun prévoient des risques d’annulation pour demain, c’est au travailleur de s’organiser. Soit en trouvant une alternative au cas où, soit en prévoyant avec l’employeur une autre solution. »
Pour Laura Couchard, la clé réside dans la communication et l’échange entre les deux parties. « On peut prévenir son supérieur qu’on va partir plus tôt, ou trouver une solution ensemble. » Solution qui peut revêtir une plus grande flexibilité, sous plusieurs formes. Cela peut être du télétravail, ou des horaires flottants. Par exemple, adapter ses horaires pour éviter d’être sur les routes au moment où les chutes de neige sont annoncées. Elle conseille également aux employeurs de prendre les devants et de proposer le télétravail s’il est possible, même si ce n’est pas dans les habitudes de l’entreprise.
Anticiper
Et si on n’arrive pas du tout à atteindre son lieu de travail? « Le principe de base, c’est que quand on ne travaille pas, on n’est pas payé. Si vraiment ce n’est pas du tout possible de s’y rendre, il faut immédiatement prévenir son employeur. Il n’est donc pas tenu de vous rémunérer si vous êtes absent, mais vous pouvez toujours demander congé. » L’experte conseille néanmoins d’anticiper au maximum et de s’organiser. Il est également possible demander un congé au préalable si vous pensez ne pas pouvoir vous rendre au travail. « Vous pouvez dire que vous allez mettre telle ou telle chose en place pour y arriver, mais que si c’est vraiment l’enfer, vous restez chez vous. Ca passera toujours moins bien de le faire en dernière minute. »
Cas particulier: les personnes qui travaillent en extérieur ont droit à un chômage temporaire pour intempéries si les conditions météo empêchent le bon déroulé du travail. « Mais la météo doit vraiment rendre le travail impossible, pas juste plus difficile. Pour les parcs et jardins, par exemple, il n’est pas possible de creuser si le sol est gelé. »
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici