Accord interprofessionnel: « Les grandes entreprises doivent mettre la main au portefeuille »
La négociation d’un accord interprofessionnel par les partenaires sociaux devra tenir compte de tous les éléments disponibles: le rapport du Conseil Central de l’Économie (CCE) sur la marge salariale disponible, le rapport de la Banque nationale sur la marge bénéficiaire des entreprises et les décisions prises par le gouvernement dans le cadre de son conclave budgétaire, a indiqué jeudi le ministre du Travail, Pierre-Yves Dermagne, devant la Chambre.
« C’est un ensemble », a souligné M. Dermagne en réponse aux questions de Sofie Merckx (PTB), Christophe Bombled (MR) et Sophie Thémont (PS).
Le vice-Premier ministre PS n’a pas caché une nouvelle fois qu’il soutenait une révision de la loi de 1996 sur la compétitivité des entreprises qui corsète les salaires et dont l’application ne devrait pas permettre d’augmentation salariale au-delà de l’index pour les deux années qui viennent. L’accord de gouvernement ne le prévoit pas, a-t-il reconnu, mais il permet en revanche d’adopter des circulaires « pour donner de la marge afin de garantir et renforcer le pouvoir d’achat des travailleurs et la compétitivité des entreprises ».
Le 27 septembre, le gouvernement avait donné un mois aux partenaires sociaux pour s’accorder sur la répartition de l’enveloppe bien-être -une proposition leur a été soumise à cet effet- et entamer la discussion de l’accord interprofessionnel. Mercredi, le président du Groupe des 10, qui réunit patrons et syndicats, a fait savoir que celle-ci se poursuivrait et devrait se conclure dans la semaine du 7 novembre.
Un tweet problématique
Lundi, un tweet du ministre a fait parler de lui. « Difficile de continuer à dire qu’avec de tels profits historiques, il n’y aurait pas de marge pour une augmentation des salaires des travailleurs », a-t-il dit en faisant référence à l’indicateur de rentabilité des entreprises qui a atteint 45,2%, selon la BNB, un record historique.
De nouveaux chiffres de la @NBB_BNB_NL montrent que les marges des entreprises atteignent 45,2% au deuxième trimestre 2022.
— Pierre-Yves Dermagne (@PYDermagne) October 24, 2022
Difficile de continuer à dire qu’avec de tels profits historiques, il n’y aurait pas de marge pour une augmentation des salaires des travailleurs. https://t.co/Nw4ZhIAUie
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« Vous n’avez pas pour mission de donner de faux espoirs et contribuer à opposer employeurs et travailleurs. En soufflant sur les braises, vous attisez la colère des travailleurs », a lancé M. Bombled qui a reproché au ministre d’avoir « tweeté trop vite ».
Venant d’un élu du MR, dont le président est très actif sur le réseau social, la diatribe a surpris le ministre. « Je trouve un peu piquant qu’un membre du MR me reproche de tweeter trop vite », a-t-il fait remarquer.
« On n’attend pas de vous de faire un tweet mais de ne pas signer l’arrêté royal qui bloquera les salaires à 0% », a dit Mme Merckx (PTB).
« J’appelle le grand patronat à la raison: les marges existent, elles sont même historiques », a clamé Mme Thémont. « Les grandes entreprises doivent mettre la main au portefeuille ».