Delhaize passe en force: « Une déclaration de guerre » aux syndicats
Malgré le refus du plan d’accompagnement par les syndicats, la direction a confirmé sa proposition. Le premier magasin franchisé ouvrira déjà ses portes le 10 octobre.
Après les refus syndicaux du plan d’accompagnement proposé par la direction de Delhaize, celle-ci a mis fin, mercredi, aux discussions et a confirmé sa proposition finale. « Ce passage en force est une déclaration de guerre« , a réagi Myriam Delmée, présidente du Setca.
« Cette décision était prévisible. Mais ce que Delhaize ne comprend pas, c’est que cela va créer un désordre immense au moment du passage en franchise », poursuit la syndicaliste. « La direction a perdu beaucoup plus en refusant de négocier qu’en acceptant de discuter. » « Nous ne voulons pas cracher dans la soupe, le combat des travailleurs a permis des avancées, telles que l’augmentation de la prime de transition », affirme quant à elle Myriam Djegham, secrétaire nationale de la CNE. « Mais bien que la direction ait lâché des choses, sa proposition ne correspond pas aux demandes des travailleurs. Avec les primes d’encouragement à partir à la pension, ou en poussant des employés à la démission, l’entreprise se décharge de la responsabilité de licencier son personnel. »
La direction de Delhaize se justifie
La direction de Delhaize dit vouloir « offrir de la clarté aux collaborateurs » des supermarchés. « Ces derniers mois, Delhaize a présenté plusieurs mesures d’accompagnement. Ces mesures répondent aux préoccupations de nos représentants syndicaux et de nos collaborateurs en offrant certaines garanties. Delhaize a toujours été ouvert au dialogue concernant ces mesures d’accompagnement. Lors des discussions organisées par le facilitateur Robert Tollet, quelques éléments supplémentaires demandés par les représentants syndicaux ont été inclus dans une proposition finale de protocole d’accord. Malheureusement, cette proposition n’a pas été approuvée par les représentants syndicaux », justifie l’enseigne au Lion.
Elle affirme que le plan qu’elle a présenté « est la seule option afin de renouer avec la croissance » des 128 supermarchés encore intégrés. De ses 128 magasins, 32 ont déjà un repreneur officialisé. La première ouverture sous pavillon indépendant est prévue le 10 octobre et d’autres supermarchés effectueront également la transition « dans les prochains jours et semaines ».
Primes, indemnité unique, pension anticipée: les mesures d’accompagnement de la direction de Delhaize
Parmi les mesures d’accompagnement qui seront appliquées aux quelque 9.000 employés des 128 magasins concernés, il y a notamment une prime de 1.645 euros bruts, complétée par 125 euros bruts par année travaillée pour ceux qui resteront dans leur Delhaize une fois franchisé. Avec une ancienneté moyenne de 18 ans, cela représente une moyenne de 3.750 euros. À cela s’ajoute une indemnité unique de 145 euros pour la suppression d’une prime sectorielle. Au moyen d’une prime de 10.000 euros, Delhaize veut également encourager ses collaborateurs pouvant légalement le faire à prendre leur pension anticipée. Quelque 800 travailleurs pourraient en bénéficier. Actuellement, il est possible de prendre sa retraite à l’âge de 60 ans, à condition d’avoir accumulé 44 années de carrière.
La direction confirme également les garanties pour les travailleurs à temps partiel, en crédit-temps, avec restrictions médicales ou en maladie longue durée. Comme annoncé dès le début du conflit, Delhaize affirme également qu’il continuera à exploiter tous les supermarchés qui ne trouveraient pas de repreneur jusqu’à la fin 2028.
Un plan qui ne convenait pas aux syndicats
C’est mi-septembre que la direction de Delhaize a mis sur la table sa dernière proposition de protocole d’accord. Immédiatement, le Setca avait dénoncé le fait qu’aucun des trois points considérés comme essentiels par les représentants des travailleurs – retrait du plan de franchisation, instauration d’un plan social pour le personnel qui souhaite partir et garantie d’une représentation syndicale chez les franchisés – n’avait pu être abordé avec la direction.
La CNE s’était montrée tout aussi peu convaincue avant de sonder ses affiliés, tandis que le syndicat libéral s’était montré plus modéré, estimant que « la lutte n’avait pas mené à rien« . Les retours de « la base » ont penché du côté des deux premiers. La CGSLB a en effet été le premier syndicat à rejeter « à l’unanimité » la proposition de la direction, rapidement suivie par le Setca/BBTK. L’ACV Puls (chrétien flamand) n’avait lui pas totalement fermé la porte, estimant que la proposition pouvait être une base à la suite des négociations. Ce mercredi, son pendant francophone, la CNE, a annoncé que la majorité qui s’était dégagée lors des assemblées tenues dans les magasins allait dans le sens du rejet.