Delhaize: des enseignants du supérieur appellent les étudiants jobistes au boycott
Conscients de la nécessité pour les étudiants d’avoir un job, des enseignants de hautes écoles et universités les encouragent tout de même à poser un acte de solidarité envers les travailleurs de l’enseigne.
Alors que le conflit social chez Delhaize entre dans sa 15eme semaine, des enseignants de hautes écoles et universités (ULB, UCLouvain, UMons, ULiège, Ilya Prigogine…) se mobilisent et invitent les étudiants jobistes de Delhaize à boycotter – eux aussi – l’enseigne. Selon les signataires, les étudiants sont utilisés comme prétexte pour faire tourner les activités, et risquent ainsi de se retrouver tant bien que mal responsables du fonctionnement des magasins en raison des multiples absences des travailleurs (liées aux arrêts de travail et aux congés annuels). Un usage du travail étudiant « inacceptable », pour ces professeurs.
Ceux-ci soulèvent notamment l’embauche d’étudiants par Delhaize afin de remplacer les travailleurs en grève ce qui, par la même occasion, coûte moins cher à l’enseigne, alors qu’une proposition de loi a été déposée en vue d’interdire l’utilisation d’étudiants jobistes pour remplacer les travailleurs en grève.
« Les étudiants jobistes intègrent les collectifs de travail, à la minute même où ils commencent à prester leur contrat, et à ce titre bénéficient très heureusement des protections légales du droit du travail, fruit des luttes sociales antérieures. L’ignorer revient dès lors à se fragiliser, à privilégier la débrouille individuelle à l’action collective. Or, ces étudiants seront eux-mêmes très bientôt des travailleurs à part entière, attentifs à travailler dans les meilleures conditions possibles. Boycotter Delhaize revient donc aussi pour les étudiants à lutter pour leurs futures conditions de travail« , explique le collectif de professeurs signataires.
Cet appel au boycott par les étudiants fait suite à celui adressé aux clients. « Il est fondamental de rappeler que le combat des travailleurs de Delhaize nous concerne tous et toutes : généraliser les magasins franchisés revient en effet à généraliser et à banaliser la dégradation des conditions d’emploi et de travail, à affaiblir la présence syndicale dans les entreprises (…). Ce modèle du « plein profit » conduit inexorablement à un modèle de la « pleine irresponsabilité sociétale ». Nous ne pouvons accepter qu’un jour nous soyons tous des travailleurs au rabais, aux protections sociales et aux droits du travail réduits à des minima« , concluent-ils.