Bert Bultinck
« Si Yvan Mayeur n’existait pas, Bart De Wever aurait dû l’inventer »
« Le fait de se servir soi-même n’est pas une maladie exclusivement francophone », estime le rédacteur en chef de Knack Bert Bultinck. « En Flandre aussi, il y a encore assez d’agences et d’intercommunales qui doivent entreprendre un grand nettoyage ».
En 1946, l’écrivain Louis Paul Boon publiait « Brussel een oerwoud » (Bruxelles, une jungle) où il critiquait déjà les seigneurs de Bruxelles et leurs oeuvres caritatives qui leur permettaient de gagner de l’argent. Quelque septante ans plus tard, les maisons bombardées ont disparu, mais les messieurs se font toujours conduire aux conseils d’administration des bonnes oeuvres qui leur rapportant beaucoup d’argent.
Si Yvan Mayeur (PS) n’existait pas, Bart De Wever (N-VA) aurait dû l’inventer
Même si la métaphore de la jungle est une caricature flamande craintive de notre capitale, la semaine dernière, des administrateurs ont tout fait pour confirmer le cliché. En Flandre, certains se frottent les mains. Un bourgmestre rouge qui se paie 17 000 euros bruts par an pour siéger dans le conseil d’administration de l’accueil des sans-abri ? Si Yvan Mayeur (PS) n’existait pas, Bart De Wever (N-VA) aurait dû l’inventer.
Mayeur a donné l’opportunité aux politiques flamands de se faire passer pour plus propres qu’ils ne le sont, même si le fait de se servir soi-même n’est pas une maladie exclusivement francophone. En Flandre aussi, il y a encore assez d’agences et d’intercommunales et autres Land Invest Groups qui doivent entreprendre un grand nettoyage. Après le scandale Pulipart, on a découvert que l’échevin anversois Koen Kennis (N-VA) boostait son salaire d’échevin jusqu’à un peu plus de 7000 euros nets par mois grâce à une formidable série de mandats. Heureusement pour les Flamands, le nouveau scandale PS semble déjà se préparer. Le parti d’Elio Di Rupo a en effet remplacé Mayeur par un homme du parti/organisateur de showbiz d’un autre clan du PS qui a fait des choses bizarres avec la concession du Cirque Royal, l’une des meilleures salles de concert de Bruxelles, au profit de Brussels Expo dont il est président. Philippe Close pourrait bien être synonyme d' »accident waiting to happen ».
Le scandale touche aussi certains politiques flamands. Après le jeu douteux de chaises musicales, l’échevine Open VLD de Bruxelles, Els Ampe, est restée en place, alors que sa collègue Ans Persoons a quitté le collège bruxellois pour protester contre le cirque PS. Confrontée au passé du nouveau bourgmestre sur les antennes de Radio 1, la politique libérale a fouillé dans l’héritage catholique pour trouver une réplique : « La vierge Marie est à Lourdes », une excuse qui passe difficilement. SP.A – Open VLD: 1-0? Reste à voir si les socialistes flamands qui co-gouvernent Bruxelles joyeusement depuis longtemps s’en sortent indemnes. Le fait qu’il y a peu de temps, An Persoons touchait encore 13 440 euros par an de l’ASBL Internationale Jaarbeurs van Brussel VZW n’est pas un détail dans ce curieux débat.
Aujourd’hui, la Flandre ne se sert pas assez de son pouvoir pour améliorer la capitale. Et ce n’est pas uniquement le cas quand on nomme un nouveau bourgmestre PS. Un exemple ? La semaine dernière, le rapport de la Commission Attentats a formulé une série de recommandations pressantes, qui vont de plus de moyens pour la Sûreté d’état à une Banque-Carrefour Sécurité, mais comporte au moins un absent frappant : la réorganisation des zones de police bruxelloises. « L’échelle des zones de police locales entrave parfois un fonctionnement optimal », lit-on dans le rapport. C’est là une formule vague et diplomate. Cependant, ce n’est pas un secret que cette phrase cache un débat très vif. Il y a déjà quelque temps que le bourgmestre de Vilvorde demande un financement plus équitable des zones de police dans et autour de la capitale. Koen Metsu (N-VA), le président de la Commission de Lutte contre le terrorisme se dit également favorable à une réforme. Même la bourgmestre de Molenbeek Françoise Schepmans (MR) a déclaré à Knack qu’elle était ouverte « à un débat pour une meilleure coopération entre les zones de police bruxelloises ».
Les Flamands n’auraient-ils pas pu peser plus lourd? Ou était-il plus facile d’abandonner le débat explosif sur la réforme de Bruxelles, avec ses dix-neuf communes, ses innombrables ASBL et ses mandats encore plus innombrables ?
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