Pierre Havaux

Sécurité : peur sur le pays… Et s’ils se calmaient ?

Pierre Havaux Journaliste au Vif

La Belgique saisie d’une Grande Peur. Plan Vigipirate, militaires dans la rue, de nouveaux millions pour de nouveaux policiers sur le terrain, nouveau corps de sécurité, réunion au sommet sur la « sécurité » : c’est au responsable politique qui jouera le mieux à (se) faire peur. Toujours un bon placement, à la veille d’ élections.

Au fait, c’est qui qu’a commencé? En tout cas, c’est pas moi, répondent-ils la bouche en coeur. L’emballement politico-médiatique n’a jamais de coupables.

Là n’est de toute façon pas l’essentiel. L’important, c’est de convaincre que la Belgique court de grands dangers. Mais que ses citoyens n’ont pas à s’inquiéter : on s’occupe de leur sort, on veille à leur tranquillité. On sort le grand jeu pour cela.

Demandez les programmes. Il y a la version MR : un plan Vigipirate à la sauce belge avec des militaires dans le bain. Il y a la recette CDH, dévoilée par la ministre de l’Intérieur Joëlle Milquet : 12 millions d’euros pour engager 300 nouveaux policiers dès 2013 à Bruxelles, un nouveau corps de sécurité, mi-policier mi-militaire, pour sécuriser les sites stratégiques. Et puis, last but not least, le sursaut PS : mobilisation de ses bourgmestres autour de mesures « concrètes » (sic) en matière de sécurité. Et la cerise sur le gâteau : un sommet « sécurité » commandé par le Premier ministre Elio Di Rupo (PS), avec ministres de la Justice et de l’Intérieur et représentants des communes du royaume. Qui sera renouvelé tous les six mois avec les représentants des grandes villes.

Tous les partis montent dans les tours pour sécuriser nos rues. Bigre. L’heure doit être grave. La menace extrémiste atteint d’ailleurs le niveau 3. Les incidents de Molenbeek, Sharia4Belgium, l’agression de deux policiers par un islamiste français dans une station de métro bruxelloise, l’intégration qui bat de l’aile : tout cela trotte dans les têtes, fait monter l’adrénaline des dirigeants politiques de tous bords, toujours prêts à « prendre leurs responsabilités. » Déjà que l’approche du scrutin communal met leurs nerfs à fleur de peau.

Plus de bleus dans la rue, des sanctions réellement appliquées : à force de tourner, le disque devient rayé. A force de s’exciter, il en restera bien quelque chose.

Heureusement, dans ce branle-bas de combat général, le Premier ministre Di Rupo garde la tête froide. En appelle à l’arrêt de toute « récupération politique. » Y aurait-il un doute à ce sujet?

Tant qu’on en est à parler de fin d’impunité pour tout acte délictueux : les gars de la milice privée allemande qui avaient débarqué en février dernier chez Meister Benelux à Sprimont pour faire le ménage dans l’entreprise en grève, ils courent toujours ?

Mais que fait donc la police ?

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