Nous parlons de moins en moins des mouvements sectaires © iStock

Sectes: pourquoi en parle-t-on de moins en moins?

Depuis quelques années, nous parlons de moins en moins des mouvements sectaires. Même si nous pourrions penser que ce phénomène régresse, il est toujours d’actualité, et internet ne contribue pas à le diminuer.

Pour rappel, une secte est un groupe d’individus qui s’est détaché de l’enseignement officiel pour créer sa propre doctrine et qui essaye de l’imposer au reste du monde. Les responsables/gourous de ces organisations étouffent souvent la liberté individuelle et manipulent mentalement les personnes adeptes du mouvement. Avec internet, les sectes recrutent plus vite, en plus grosse quantité et de manière plus discrète. Mais pourquoi n’entendons-nous plus parler de ce phénomène? Selon André Frédéric, sénateur socialiste qui a consacré sa carrière à la lutte contre les mouvements sectaires, la police n’aurait plus le temps ni les moyens de traquer les sectes. Lors de son interview pour la Libre, le sénateur affirme que la police serait débordée par la poursuite de terroristes et qu’elle laisserait donc les mouvements sectaires de côté, ce qui leur laisse le champ libre pour recruter de futurs adhérents en toute discrétion.

Le CIAOSN (Centre d’Information et d’Avis sur les Organisations Sectaires Nuisibles) affirme qu’il y aurait plus d’une centaine de victimes d’abus sexuels en six mois parmi les témoins de Jéhovah en Belgique. Malheureusement, peu de personnes osent témoigner, car ils sont ensuite rejetés par les membres de l’organisation.

Pour ceux qui ne le savent pas, les témoins de Jéhovah représentent un mouvement pré-millénariste et restaurationniste qui affirme appartenir au christianisme. Ils sont connus pour leur rituel de porte à porte et l’importance qu’ils donnent à la bible, qu’ils considèrent comme la parole de Dieu. L’organisation des témoins de Jéhovah est accusée d’être une secte par les associations anti-sectes, les médias et les sociologues. La présumée secte comptait 8,6 millions de membres actifs en 2018.

Pédophilie

Il semblerait que le mouvement des témoins de Jéhovah ait un tribunal interne pour régler les affaires pédophiles, mais les autorités publiques ne sont pas systématiquement averties. Par exemple, après qu’un membre du groupe ait appris que plusieurs jeunes filles subissaient des actes pédophiles au sein de la secte, un membre de celle-ci lui a demandé de ne pas alerter la police. L’organisation a tout à fait le droit de mener sa propre justice à partir du moment où elle respecte la loi, mais aucun témoin de Jéhovah n’a accepté de répondre aux questions des journalistes à propos de cette affaire.

Selon le CCMM (le Centre Contre les Manipulations Mentales), 90 000 mineurs seraient élevés dans un contexte sectaire en France. Alexandre Cauchois, né parmi les témoins de Jéhovah, a passé 25 ans parmi eux avant de quitter l’organisation. Il s’est confié au centre sur les manipulations mentales sur son expérience, et décrit à quel point il se sentait à part durant son enfance. Il explique qu’on lui répétait sans cesse que le monde allait disparaître et que l’intervention de Dieu était imminente. À l’âge de 6 ans, Alexandre commence le porte-à-porte et à 10 ans, lors d’un passage à l’hôpital pour une opération du pied, ses parents lui font signer une décharge stipulant qu’il préfère mourir plutôt que de recevoir une transfusion sanguine (une des interdictions imposées par le mouvement). Pendant son adolescence, il a subi des privations en tout genre et des violences psychologiques à n’en plus finir, il confie s’être senti surveillé en permanence. À 25 ans, le jeune homme quitte l’organisation et tous les membres du groupe lui tournent le dos. Sa famille ne lui adresse plus la parole et espère le faire souffrir pour qu’il revienne.

Après être sortis d’une secte, les anciens membres rencontrent des difficultés à se retrouver, à s’adapter à leur nouvelle vie et à lier de nouvelles amitiés. Ils sont dans l’incapacité de prendre des décisions et ont besoin de temps avant de retrouver leur sens critique. Beaucoup d’entre eux se sentent dépressifs, honteux, coupables et parfois en danger si la secte détient certaines de leurs informations. Il est donc important de les entourer afin de les inclure au mieux dans la société et de les accompagner dans la construction de leur nouvelle vie.

Il n’existe pas de profil type pour rentrer dans une secte, les victimes sont issues de tous les milieux sociaux et nous sommes tous des cibles potentielles. Selon Sandrine Mathen (psychologue et analyste du CIAOSN), certaines personnes sont plus disposées à se laisser endoctriner. Les personnes fragiles, en dépression, celles qui sont dans un mal-être profond ou dans une recherche spirituelle se laisseraient plus facilement influencer.

Aucune liste des sectes n’a encore pu être clairement établie, mais selon Sudpresse, il y aurait environ 1200 sectes actives en Belgique. Certaines sont religieuses ou philosophiques, mais celles axées sur la santé et le bien-être prennent de plus en plus de place dans notre société. André Frédéric en nomme quelques-unes: la secte Mahikari, qui prétend purifier tout homme et l’univers en transmettant la lumière divine par la paume de la main, la secte Sahaja Yoga (une des plus dangereuses), courant autoritaire et absolutiste qui considère les enfants comme une personnification du diable et la secte Moon, qui est accusée de recruter des gens via le lavage de cerveau.

Même si le sujet est moins traité qu’il y a quelques années, les sectes sont toujours d’actualité et il faut rester vigilant. Voici certains signaux d’alerte qui peuvent indiquer que vous avez affaire à un mouvement sectaire: l’exercice d’un contrôle/d’une pression, le rejet de votre libre arbitre, des pratiques et rituels spécifiques, une rupture et un isolement avec le reste du monde et dans certains cas, une escroquerie d’argent

Auteure: Margaux Glamocic

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