Sahara occidental: le lobbying du Maroc vis-à-vis de la Belgique intrigue la justice
Au travers d’une asbl et d’un comité de soutien très pro-actif, le royaume chérifien a courtisé, avec succès, acteurs politiques et économiques de choix pour obtenir l’appui officiel de la Belgique sur son plan d’autonomie du Sahara occidental. La justice a ouvert une enquête.
Les semaines passent et les affaires d’ingérences étrangères se multiplient en Belgique. C’est désormais le Maroc, déjà pointé du doigt depuis le Qatargate, qui voit l’attention de la justice redoubler à son égard: le royaume chérifien est en effet sous le coup d’une enquête ouverte par le parquet de Bruxelles, ont appris nos confrères du Soir et de la RTBF.
Dans le viseur des enquêteurs: une députée bruxelloise, Latifa Aït-Baala (MR) qui a réalisé des documentaires – a priori financés par le Maroc – sur le Sahara occidental, un territoire revendiqué par le royaume mais également par le front Polisario, lié à l’Algérie voisine.
Également au centre de l’attention, on trouve une asbl belge – nommée «Les amis du Maroc», née dans le sillage d’une mission de l’Awex (l’agence wallonne pour l’exportation) en 2019. Cette asbl serait, elle aussi, financée par les autorités marocaines, et a beaucoup œuvré pour que la Belgique soutienne officiellement le plan marocain pour l’autonomie du Sahara occidental (chose faite depuis le 20 octobre 2022).
Enfin, ce gros coup de pouce officiel a également été arraché grâce au COBESA, un comité de soutien au plan marocain créé en 2020. Son président, le bourgmestre de Farciennes Hugues Bayet (PS), ex-député européen, entendait surtout «sensibiliser» en Belgique à la question. Et avait, pour ce faire, regroupé «des gens du monde académique, économique, politique, culturel, syndical, qui ont toujours travaillé sur ces questions.» «On est tous convaincus qu’on peut trouver une solution diplomatique à ce conflit», expliquait ce dernier auprès de l’Avenir fin 2022 – un discours au diapason des vœux de l’ambassadeur marocain, Mohammed Ameur.
Maroc: le monde économique dans l’équation
Comme l’avait souligné l’Avenir à l’époque, ce consensus général a ravi le monde économique belge. «Je reconnais que les chefs d’entreprise ont joué leur rôle dans cette mobilisation générale», avait confié Mohammed Ameur au quotidien, ajoutant que, «parmi les membres du COBESA, il y a des hommes d’affaires». Entre autres entreprises ayant appuyé le COBESA ou «Les amis du Maroc» se trouvent en effet quelques poids lourds belges, tel le transporteur belge de gaz naturel Fluxys ou le géant de la construction Besix, soulignait alors l’Avenir.
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