Réparer plutôt qu’acheter: le succès grandissant des Repair Cafés
Retaper, rafistoler, upcycler: voilà ce qu’encouragent à faire les bénévoles des 170 Repair Cafés en Belgique. Florine Paquay, chargée de mission en province de Liège, se réjouit que les choses avancent aussi sur le plan législatif, depuis que l’Europe a annoncé un prochain label « réparable » sur certains produits.
Près de huit consommateurs sur dix préféreraient réparer leurs équipements plutôt que d’en acheter de nouveaux. C’est ce qui explique le succès des Repair Cafés?
On recense en effet de nombreuses initiatives citoyennes destinées à accompagner le consommateur, et ces initiatives sont largement soutenues. Le nombre de bénévoles intéressés montre aussi qu’il y a une réelle préoccupation face à l’injustice que représente l’obsolescence programmée. Ils ont envie que les choses changent car, actuellement, pour faire réparer un appareil, il n’y a pas d’autre option que de le renvoyer chez le fabricant. Ce qui est intéressant dans la nouvelle mesure européenne (qui prévoit de créer un label « réparable » sur certains produits, NLDR), c’est qu’elle concerne aussi le textile. A travers le Green Deal, on constate une volonté d’établir un plan d’action pour favoriser une économie circulaire. D’ailleurs, outre le textile, cela touche toute une série de secteurs comme les appareils, la construction…
Les gens ont encore peur de réparer parce qu’ils pensent que ça va coûter plus cher qu’acheter neuf. Ce n’est pas forcément le cas.
Cet accord sur les mesures à prendre pour lutter contre l’obsolescence programmée est-il assez audacieux à vos yeux?
En tant que membre de la coalition Right to Repair (NDLR: active dans plusieurs pays européens et représentant des groupes de réparation bénévoles, des acteurs de l’économie sociale et des citoyens qui souhaitent défendre leur droit à la réparation), nous menons un travail de lobbying. Nous fournissons également une aide sur le terrain pour informer les citoyens. A force de mener ces actions et de revendiquer, on finit par être entendus. En ce sens, le vote qui a eu lieu sur le « droit à la réparation » est une petite victoire. Bien sûr, on espère que tout cela sera accompagné de mesures très concrètes pour rendre les pièces détachées plus accessibles, y compris financièrement, et multiplier les lieux de réparation. Ce qui est aussi réjouissant dans ce texte, c’est l’accès à l’information qu’il établit et qui va permettre au consommateur de faire des choix, notamment sur la base de l’indice de réparabilité.
Vous évoquez le secteur textile. On y constate désormais un intérêt marqué pour l’achat de seconde main. C’est également le cas pour la réparation?
Oui. On observe un certain dynamisme, ainsi qu’un regain d’intérêt pour la couture, même auprès d’un public jeune. Les personnes qui viennent nous voir se rendent compte du consumérisme ambiant et veulent réparer plutôt qu’acheter. D’autres ont envie de créer leurs vêtements eux-mêmes. Avec le Covid et la nécessité de confectionner des masques en tissu, on a beaucoup de demandes pour des remises en état de machines à coudre.
Derrière le désir de tant de consommateurs de réparer plutôt qu’acheter neuf, trouve-t-on des préoccupations plutôt écologiques ou économiques?
Les deux. Les personnes qui s’adressent à nous sont souvent déjà conscientisées. Elles ont envie de changer leur manière de consommer. Mais la plupart des gens ont encore un peu peur de faire réparer leurs objets parce qu’ils pensent que ça va leur coûter plus cher qu’acheter neuf, ce qui n’est pas forcément le cas. Notre rôle est donc de les convaincre que ce n’est pas si cher et que ça peut avoir un impact sur leur pouvoir d’achat. Et qu’en plus, s’ils s’adressent à un réparateur indépendant près de chez eux, c’est bénéfique pour l’économie locale.
Concrètement, comment fonctionne un Repair Café?
Notre équipe assure le développement et le suivi des Repair Cafés, qui restent toutefois autonomes. Chaque antenne a sa spécificité et son propre modus operandi, en fonction des bénévoles et de ce qu’ils proposent mais il s’agit souvent des travaux de couture ou de réparation et d’entretien de petit électroménager, de matériel informatique, de vélos ou de bijoux, ainsi que tout ce qui a trait à la menuiserie ou au remoulage. Pour s’adresser à l’une d’elles, il suffit de se rendre sur place ou de téléphoner. On applique le principe du « premier arrivé, premier servi ».
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