Anne-Sophie Bailly
Remous au MR: dans cette partie, c’est la Région wallonne qui a le plus à perdre (édito)
Le joker Adrien Dolimont va devenir le nouveau grand argentier d’une Wallonie aux abois.
La partie est terminée. La saga du décret fiscal wallon aura été la manche de trop pour Jean-Luc Crucke, qui a choisi de quitter la politique et son poste de ministre régional pour rejoindre la Cour constitutionnelle.
Avantage à Georges-Louis Bouchez qui, d’un coup d’un seul, place un proche – et injecte du sang neuf – à un poste clé du gouvernement wallon, imprime plus fermement sa marque sur le parti qu’il préside, l’apaise même peut-être un peu en se séparant d’un de ses derniers opposants clairement déclarés. Bien entendu, le MR perd dans la bataille un gros pourvoyeur de voix et s’éloigne encore davantage de son alter ego du Nord.
Mais celle qui a le plus à perdre dans cette partie est bel et bien la Région wallonne.
Le joker hennuyer Adrien Dolimont va en effet devenir le nouveau grand argentier d’une Wallonie financièrement aux abois.
La dette de la Région, déjà abyssale, s’est encore creusée sous le poids de l’emprunt massif contracté pour faire face aux conséquences des inondations. Un retournement de tendance de la courbe des taux pourrait rendre cet endettement difficilement tenable. L’ agence de notation Moody’s a d’ailleurs tout récem-ment dégradé la note de la Wallonie, estimant que même une réduction des dépenses ne suffirait pas à modifier la trajectoire de sa dette.
A charge, aussi, pour celui que certains dépeignent comme « une étoile montante du parti », de mener à bien la réforme de la méthode budgétaire initiée par son prédécesseur. Passer à la loupe chaque ligne de dépense sans exception et repartir d’un budget base zéro, un exercice tant chronophage qu’indispensable pour contribuer au redressement financier de la Région.
Et puis, pour boucler le budget 2022, il faudra trouver ces fameux 150 millions de recettes supplémentaires. Cette année, mais lors des exercices suivants également. La partie risque d’être serrée. Si la méthode Crucke était faite de compromis et de consensus, Adrien Dolimont ne disposera pas d’autant de latitude dans ses négociations. La stratégie suivra la ligne la plus droitière du parti, incarnée par Georges-Louis Bouchez. Le risque de cris-pations au sujet des économies acceptées par les dif-férents partenaires autour de la table augmente donc d’un cran et chaque recette à trouver pourrait faire l’ob-jet de négociations particulièrement âpres.
Ce sera là le véritable enjeu d’une partie menée sous l’oeil attentif de quelques spectateurs qui espèrent toujours qu’ « Il fera beau demain ».
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