« Relève-toi et danse » de Chantal-Iris Mukeshimana: éloge de la persévérance
A 33 ans, la Rwandaise Chantal-Iris Mukeshimana a éprouvé le besoin de « tout ouvrir » dans un récit recueilli par Louisa de Groot, Relève-toi et danse, afin de « refermer doucement les tiroirs de ma mémoire ».
Quelle mémoire: une soeur empoisonnée par une voisine jalouse, la paralysie des membres inférieurs à cause de la polio, le génocide des Tutsis en 1994… La jeune fille âgée alors de 11 ans est évacuée in extremis par les Casques bleus belges depuis un hôpital proche de Kigali.
Entre-temps, sa famille a pris le chemin de l’exil vers Goma, où sa mère mourra du choléra. Chantal-Iris, qui ne parle que le kinyarwanda, débarque en Belgique où elle est transbahutée d’une institution à l’autre, avant d’être hébergée dans une famille dans l’attente d’un lieu adapté à son handicap.
C’est le début de la lente remontée, assortie de rechutes, d’échecs, de conflits, mais elle se montre résiliente. Elle découvre sa vocation: non pas la coiffure ou l’esthétique, inaccessibles, ni le travail de bureau ou l’informatique, que lui conseillait le Forem et dont elle ne voulait pas, mais la danse. Et plus précisément la cyclodanse (en chaise roulante), qu’elle décrit comme une art-thérapie.
Sans pathos ni victimisation, la narratrice démontre qu’avec un objectif et de la persévérance, les années de galère peuvent vite s’estomper. Son envie? « Transmettre mon savoir-faire, mais aussi mon énergie et ma gaieté, agrémenter la vie des personnes âgées ou dépendantes, ponctuer d’éclats de rire les moments les plus sombres », et ainsi donner en retour au pays qui l’a recueillie. Vivifiant.
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