Alexis Deswaef
Rejoignez la Ligue des droits de l’Homme Monsieur Dujardin !
La Ligue des droits de l’Homme (LDH) a pris connaissance de l’opinion de M. Dujardin publiée sur le site du Vif-L’Express ce 23 août. Elle souhaite y réagir.
« Le but de mon propos n’est pas de refaire l’histoire « , affirme le Chroniqueur. L’objectif est raté : ce texte réécrit l’histoire de manière particulièrement partisane et opportuniste. En effet, il y intègre artificiellement, en tordant les faits et en occultant le contexte, des acteurs qui n’ont pas joué dans la pièce, en l’occurrence la LDH. Notre association n’a jamais pris position sur le dossier de M. Atar. Que vient-elle faire dans cette galère, si ce n’est participer à son corps défendant au grand jeu du « Qui veut casser du « naïf » (sic) et du « bienpensant » (resic) » ? Sur ce dossier, la LDH considère néanmoins qu’il est particulièrement hypocrite de faire porter indirectement la responsabilité de la libération de M. Atar et des actes qu’il a pu commettre à ceux qui ont demandé, à l’époque, que soient respectés des droits fondamentaux pour raisons médicales. Et M. Dujardin d’oublier par ailleurs de demander des comptes à l’Etat belge qui a décidé de laisser en liberté M. Atar après son interrogatoire par les services de renseignements…
Pour ce qui est des violences policières, M. Dujardin ne lit sans doute pas les prises de position de notre association. Elle rappelle pourtant régulièrement qu’elle considère comme intolérables tant les faits de violences policières que les violences envers les policiers. Néanmoins, pour répondre à son grief, la police n’a pas besoin de nous pour porter plainte en cas de violence contre ses représentants. Les citoyens touchés par les violences de certains d’entre eux – largement minoritaires, ce que nous rappelons également régulièrement – ont besoin d’informations et de soutien. C’est aussi le rôle d’une Ligue des droits de l’Homme. Cette évidence semble avoir échappé au chroniqueur…
Pour ce qui est du dossier de M. Aarrass, nous l’invitons à s’adresser au Rapporteur spécial des Nations Unies contre la torture, au Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire, au Comité des droits de l’homme des Nations Unies ainsi qu’aux différentes juridictions belges qui ont donné raison à M. Aarrass. Contrairement à ce qu’il affirme, l’objectif n’est pas de croire M. Aarrass sur parole, mais bien qu’il ne soit pas soumis à des actes de torture et qu’il bénéficie d’un procès juste et équitable. Cette attention au respect des droits fondamentaux d’un détenu fait partie des missions d’une Ligue des droits de l’Homme.
Enfin, M. Dujardin reprend l’antienne selon laquelle la LDH ne rendrait de comptes à personne. En sa qualité d’association reconnue d’éducation permanente, la LDH rend des comptes. Tous les ans aux pouvoirs subsidiants: les documents de références sont disponibles en toute transparence sur le site de l’association www.liguedh.be. Et surtout, elle rend des comptes tous les jours. A ses membres, à ses sympathisants et à l’ensemble des citoyens soucieux du respect des valeurs de la démocratie et, comme elle, intraitables sur deux de ces valeurs, remises de plus en plus en cause: l’universalité et l’inconditionnalité des droits fondamentaux. Le fait que la LDH ait toute liberté de débattre voire de critiquer – de manière constructive – des politiques et actions des Institutions et des gouvernements qui lui permettent de faire son travail ne constitue pas une incohérence, mais plutôt l’indice d’une bonne santé démocratique. M. Dujardin devrait se réjouir de la totale liberté d’expression d’une association vis-à-vis des organismes qui participent à son financement.
A cet égard, s’il a des suggestions à faire à la LDH en termes politiques et souhaite participer aux discussions sur ses objectifs et positionnements, il est le bienvenu pour rejoindre ses rangs : la LDH est ouverte à tous et non partisane. Et à la LDH, il n’y a pas de citoyens de seconde zone.
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