Carte blanche
Réformer les pensions : avec méthode SVP
Aurons-nous une pension demain ? Cette question fondamentale, toute notre génération devrait se la poser. On le sait, la population vieillit. Nous allons passer de 4 à 2,6 personnes actives pour une personne retraitée, en 20 ans.
Comment continuer à financer les pensions à ce rythme, sans dépouiller tous les autres budgets de l’Etat ? On n’échappera pas à une réforme profonde. Mais le défi est réel, car il questionne un fondement de notre société : la solidarité entre les générations et entre les personnes. Le système de pension est un contrat social essentiel, qu’il faut réformer et financer afin de le préserver.
Les iniquités du système actuel
Et si cette urgence de réformer était une bonne nouvelle ? Car à y regarder de plus près, le système actuel est injuste à plusieurs égards ! Premièrement, il crée une inégalité entre fonctionnaires, indépendants et salariés, car il calcule différemment l’allocation de pension selon le statut. Deuxièmement, en prenant en compte les dernières années de salaires des fonctionnaires pour calculer la pension, il favorise les carrières à forte évolution salariale alors que ce type de carrière concerne souvent les couches sociales les plus aisées… Finalement, il demande à tous de travailler jusque 65 ans ! Alors que certains commencent à 18, et d’autres à 25 après de longues études. Par ailleurs, notons que ce fameux système des pensions est très rigide et ne permet pas de valoriser justement les carrières diversifiées (différents métiers, changement de statuts…) qui deviennent peu à peu la norme.
Une copie à revoir
Cela fait plusieurs gouvernements que la question des pensions revient sur le tapis, sans pour autant déboucher sur une solution. Les débats ont souvent été abordés avec amateurisme et les partenaires sociaux écartés. Les propositions clivantes ont cristallisé les positions sans pour autant être pertinentes. Le gouvernement Michel a atteint des sommets, notamment avec l’âge de la retraite à 67 ans. Une mesure complètement inadéquate au vu de la diversité des métiers, des carrières et des contrats… et c’est pourtant la mesure phare du gouvernement actuel ! Une aberration qui n’a fait que servir une bien triste stratégie de communication. En raison de méthodes expéditives et absentes de dialogue, la vraie et nécessaire réforme se fait attendre et ce sont les jeunes générations qui en paieront les pots cassés.
Repartir sur des bases communes
Si l’enjeu financier est énorme, l’enjeu humain l’est d’autant plus. C’est un véritable débat sur les valeurs et les choix politiques que notre système doit porter. Le défi est de garantir à la fois une pension méritoire à ceux qui ont cotisé toute leur vie et une vie digne aux générations futures. Il s’agit, au fond, de maintenir la cohésion sociale de notre société, malgré ce bouleversement démographique. Un tel enjeu ne peut être remis en cause tous les 5 ans.
Il faut donc changer radicalement de méthode ! Nous appelons à une réflexion nationale et transpartisane sur base de la concertation sociale. Pour cela, il faut garantir certaines balises essentielles. Entre autres, la nécessité d’une vie décente et la prédictibilité de la future pension. Certains présupposés idéologiques doivent être mis de côté, comme le fait que le financement public des pensions ne peut augmenter ou que certains acquis soient figés et ne peuvent évoluer. Cette réflexion doit aboutir à une réforme portée par tous les partis et tous les Parlements, qui prendraient l’engagement de maintenir une forme de stabilité de ce système sur une longue période. La confiance du citoyen dans l’Etat en dépend. Voilà un débat politique de fond qui aborde la solidarité, le financement de l’Etat et la vie commune. Il est grand temps d’être à la hauteur de ce genre de défis contemporains.
Christophe de Beukelaer – Président des Jeunes cdH
Mathieu de la Croix – Attaché politique Jeunes cdH
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