Record de changements de genre en 2022: « Une image plus positive de la transidentité »
Jamais autant de personnes n’ont demandé à changer de genre, d’après des chiffres publiés dimanche par De Zondag. En 2022, ce sont en effet 569 Belges qui ont introduit une requête pour changer la mention homme/femme sur leur acte de naissance, afin de la faire correspondre à leur identité de genre. La majorité de ces demandes a émané de la tranche d’âge des 18-29 ans.
Récemment, on a beaucoup parlé des transidentités, il y a eu des signes positifs de la part de plusieurs personnalités. Cela a contribué à donner une image plus positive des personnes transgenres, et les gens sont plus ouverts aujourd’hui que par le passé », affirme Samantha Warginaire, présidente de l’association TRANS-ition qui œuvre pour la valorisation et l’intégration des personnes trans. D’après elle, c’est notamment cette évolution qui expliquerait le record de cette année.
« La nouvelle loi facilite les choses »
D’après Véronique Debaets, porte-parole de l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes, ce chiffre est aussi influencé par un changement dans la législation. Depuis le vote de la loi sur les personnes transgenres en 2017, il n’est plus nécessaire de répondre à des conditions médicales particulières pour pouvoir modifier l’enregistrement de son genre.
Aujourd’hui, il suffit de remettre deux déclarations à l’officier de l’état civil de sa commune, en affirmant que le sexe mentionné sur son acte de naissance ne correspond pas à son identité de genre vécue intimement. « Cette nouvelle loi facilite les choses, et les gens ont de plus en plus connaissance de son existence. C’est donc logique que davantage de personnes introduisent une telle demande », explique la porte-parole.
En dépit de ces avancées positives, Véronique Debaets nuance : « On est passé de 530 demandes en 2021 à 569 en 2022. L’évolution reste donc limitée. Il est aussi possible que l’on observe un rattrapage par rapport aux difficultés induites par la pandémie ». En outre, le nombre de demandes de changement de genre reste peu élevé comparé aux quelques 55 000 personnes transgenres que compte la Belgique.
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D’après l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes, cela s’expliquerait notamment par le maintien de la stricte dichotomie homme/femme et du caractère irrévocable du changement de genre dans la législation belge. Les personnes non-binaires, qui ne se considèrent ni homme, ni femme, et de genre fluide, qui considèrent que l’identité de genre évolue au cours de la vie, ne pourraient dès lors pas se reconnaitre dans un tel choix.
Le blocage subsiste dans le débat autour de la mention du genre sur la carte d’identité
Fin décembre, le MR s’est déclaré défavorable à un avant-projet de loi visant à invisibiliser la mention du genre sur la carte d’identité des Belges. Suivant l’exemple des Pays-Bas et de l’Allemagne, la proposition avait été faite par la ministre de l’Intérieur Annelies Verlinden (CD&V), le ministre de la Justice Vincent Vanquickenborne (Open VLD), et la secrétaire d’État à l’Égalité des genres Sarah Schlitz (Ecolo) en novembre 2021, dans le but de remédier aux lacunes de la loi sur les personnes transgenres pointées par la Cour constitutionnelle dans un arrêt de 2019. La Cour avait en effet jugé que la limitation de l’enregistrement du sexe aux catégories hommes/femmes revêtait d’un caractère discriminatoire pour les personnes non-binaires et de genre fluide.
Une autre option sur la table était de mentionner un troisième genre représenté par la lettre « X », comme l’a fait l’Autriche. Jugée trop stigmatisante, cette proposition n’a finalement pas été retenue. Le MR supporte lui toujours cette option, et souhaiterait que les citoyens puissent choisir d’indiquer les mentions M/F/X, ou de ne faire aucune référence à leur genre sur leur carte d’identité. Une proposition qui serait irréalisable d’un point de vue administratif d’après le porte-parole de la secrétaire d’Etat Sarah Schiltz, et qui bloque aujourd’hui l’avancée des débats.
Louise Delvaux
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