Alain Destexhe

Ramadan dès huit ans dans les écoles : que fait la ministre ?

Alain Destexhe Ex-Sénateur

Jusqu’où ira notre société dans le renoncement à ses principes et ses valeurs pour « accommoder » la religion musulmane ? La Ministre de l’éducation doit prendre une position claire contre la pratique du ramadan dans l’enseignement obligatoire et les imams comme l’Exécutif des musulmans de Belgique doivent appeler à ne pas le pratiquer pendant la journée scolaire.

On savait déjà que dans le secondaire, le ramadan était pratiqué par un nombre croissant d’élèves musulmans. On apprend désormais que de jeunes enfants de huit ou neuf ans jeûnent du matin au soir ! On lit également que les élèves le font à la demande de leurs parents mais aussi pour « copier leurs petits camarades (…) il y a comme une espèce de compétition entre élèves, une émulation. Cela coïncide avec une forme de pression sur les autres élèves ». On imagine la scène : « t’es pas cap de ne pas boire de toute la journée » ou « si tu manges, t’es pas un bon musulman ». Sans compter dans les écoles à majorité musulmane, nombreuses à Bruxelles, la pression ou les tensions que cela peut engendrer avec les autres élèves : pourront-ils encore manger ou boire sans être… stigmatisés ?

Le jeûne est mauvais pour la santé des enfants

Le jeûne chez les enfants est néfaste pour la santé, tant sur le plan physique que sur celui de la concentration en classe. Le ramadan va à l’encontre de la Convention internationale des Droits de l’enfant qui veut que l’intérêt de l’enfant prévale ! Et, en Belgique, il y a une obligation de suivre le programme scolaire, qui comprend des cours d’éducation physique, même pendant le ramadan. Face à cette situation grave, quelle est la réaction des autorités publiques ? Elle peut se résumer en quelques mots : la démission de leurs responsabilités.

Démission des autorités publiques

Démission de la direction de l’école d’Anderlecht où ces faits ont été révélés, la si à propos dénommée Maurice… Carême (mais gageons qu’elle n’est pas la seule), ainsi que de l’échevin socialiste concerné, qui ont trouvé la « solution » de renvoyer les élèves chez eux sur le temps de midi, afin d’éviter que les enfants qui mangent et ceux qui jeûnent ne se retrouvent ensemble au réfectoire. Cette attitude crée de fait un « accommodement raisonnable » avec la religion musulmane. L’école est censée accueillir tous les élèves sur le temps de midi. Le PS, comme tous les autres partis francophones, est officiellement contre ces accommodements, sauf… quand ils se pratiquent concrètement. Quant à l’obligation de suivre les cours de gymnastique, c’est le silence radio. Personne n’en parle, comme si l’obligation scolaire devenait un simple point de détail.

Démission du Délégué général aux droits de l’enfant, l’ineffable Bernard De Vos, quand il parle, contre l’évidence, de « situations anecdotiques » et trouverait « dénigrant et stigmatisant vis-à-vis d’une communauté déjà décriée » de faire une circulaire à ce sujet. Il est pourtant à craindre que dans les écoles à majorité musulmane, ce soit les non musulmans qui soient désormais stigmatisés et dénigrés mais de ceux-là, l’islamologue De Vos, n’a cure. Il préconise son éternelle potion magique, « le dialogue » sans voir la nécessité de rappeler les règles qui s’appliquent dans notre pays.

Démission des partis politiques, que l’on entend bien peu sur ce sujet. Démission relative, enfin, de la presse, lorsqu’elle traite cette question sous l’angle du fait divers, sans s’alarmer, ni alarmer. Le jour où un enfant mourra ou sera hospitalisé pour déshydratation grave, le monde politique et médiatique se réveillera, comme il l’a fait un certain 22 mars 2016 pour le terrorisme et l’islamisme, dont on avait sciemment préféré ignorer les germes pourtant si visibles. Supposons une seconde qu’une secte quelconque prône le jeûne des enfants. On imagine les cris d’orfraie unanimes du monde politico-médiatique ! Lorsqu’il s’agit de l’islam, la plus grande prudence s’impose, même au détriment de la santé des enfants.

Le devoir de la Ministre Schyns et des imams

C’est la responsabilité de la Ministre de l’éducation Marie-Martine Schyns de se positionner dans ce débat, de rappeler que le jeûne est mauvais pour la santé des enfants, de le déconseiller publiquement et de s’adresser directement aux élèves et parents concernés. C’est aussi son devoir de rappeler l’obligation de respecter le programme scolaire.

Il est vrai que pas plus elle que celles qui l’ont précédée du même parti, Marie-Dominique Simonet et Joëlle Milquet, n’ont fait quoi que ce soit pour empêcher, voire simplement quantifier les problèmes de communautarisme musulman à l’école, comme le refus de l’enseignement de la Shoah, de la théorie de l’évolution au cours de biologie, les dispenses des cours natation ou de gymnastique pour les jeunes filles, ou encore la difficulté de montrer des sculptures ou des tableaux de nus dans les cours d’histoire ou de français.

C’est aussi le devoir des imams de Belgique et de l’Exécutif des musulmans de Belgique de montrer publiquement, à travers les médias et les mosquées, leur attachement au bien-être des jeunes et aux valeurs communes de la Belgique, qui incluent le respect du programme scolaire. C’est dans ce genre de situations que les musulmans pieux de Belgique (je ne parle pas des non pratiquants, non concernés par ce débat) doivent montrer qu’entre leurs croyances et l’attachement aux valeurs communes de la Belgique, ce que certains appellent le « vivre-ensemble », ils choisissent ces dernières.

Alain DESTEXHE

Député de la Fédération Wallonie Bruxelles, Sénateur MR

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