Pascal De Sutter
Racisme interdit et sexisme toléré
Il est interdit – à juste titre – de moquer ou critiquer un être humain parce qu’il est d’une religion ou d’une ethnie différente. Mais on peut impunément harceler et insulter une personne parce qu’elle est une femme au teint pâle.
Toutes les jeunes femmes belges savent que si elles se promènent seules dans certains quartiers elles risquent le harcèlement sexuel. Si elles réagissent négativement, les insultes pleuvent. Surtout si elles ont le tort d’avoir les cheveux et les yeux clairs. Car une blonde, c’est bien connu, est un être stupide aux moeurs légères.
Le reportage de Sofie Peeters (1), diffusé l’an dernier, avait mis en lumière ce que d’aucuns croyaient une spécificité bruxelloise. Idée assez étrange car les harceleurs filmés n’avaient pas un accent typiquement belge… Il y a quelques jours, un reportage sur FR2 a montré exactement le même harcèlement de rue à Paris.
Avec cet angélisme politiquement correct (qui pousse les électeurs dans les bras de l’extrême droite) tout le milieu « bienpensant » proclama que le harcèlement sexuel de rue n’avait absolument rien à voir avec les enfants perdus d’une certaine immigration. Joëlle Milquet – qui a courageusement proposé une loi visant à combattre le sexisme de rue – se sentit obligée de préciser qu’il fallait « éviter les amalgames entre sexisme, précarité et/ou population d’origine étrangère ». Le bourgmestre de Bruxelles, Freddy Thielemans (2), a aussi cru nécessaire de dire que le harcèlement sexuel de rue « est plus un problème social que de communauté ».Or ce n’est ni un problème social, ni un problème de précarité. Il faudra bien un jour proclamer la vérité : le sexisme est juste une question d’éducation. Et la façon d’enseigner aux garçons la manière de se comporter avec les femmes n’est pas identique dans toutes les cultures.
Il existe évidemment des hommes qui harcèlent et agressent sexuellement les femmes dans toutes les sociétés et tous les milieux. Mais le harcèlement de rue que subissent les femmes européennes – depuis quelques années – n’est pas universel.
Une anthropologue canadienne m’avait fait remarquer que les Québécoises pouvaient se promener seules dans tous les quartiers de Montréal sans subir le moindre harcèlement sexuel. Y compris dans le quartier chinois, le quartier italien ou le quartier juif. Le seul quartier où elles se faisaient systématiquement harceler est le quartier de… ceux que l’on ne peut pas nommer sans être taxé de raciste.
L’hypothèse de ma collègue était que les garçons de cette culture étaient élevés dans l’idée de leur supériorité par rapport aux filles. Dès le berceau, les garçons sont idolâtrés. Arrivés à l’adolescence, ces « petits princes gâtés » constatent que tout le monde ne les adore pas comme maman. Et qu’ils sont même dédaignés par une partie des jeunes filles d’origine européenne. Ils en développent une profonde amertume et un sentiment d’injustice. Par ailleurs, dans ce type de culture, la femme pudique, religieuse, soumise et vierge est profondément respectée. Tandis que la femme européenne (perçue comme dévergondée) suscite à la fois de l’excitation, de la fascination et du mépris.
Le sexisme n’est pas une fatalité. Il existe des solutions efficaces. Je tiens d’ailleurs à signaler mon admiration pour les institutrices de nos écoles qui enseignent au quotidien l’égalité entre garçons et filles et le respect de l’autre. Mais avant de mettre en oeuvre des solutions, il faut étudier le phénomène avec objectivité, sans tabou, sans angélisme, sans racisme et sans sexisme… Mais rien ne vous oblige à penser comme moi.
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