Que deviennent vos déchets une fois à la poubelle ?
Votre bouteille de lait pourrait-elle se retrouver bientôt dans une décharge à ciel ouvert en Malaisie, dans l’estomac d’une baleine ou sur une plage du Pacifique ? Pour le savoir, nous avons remonté la filière du déchet en Belgique.
La problématique des déchets, surtout ceux en plastique, est de plus en plus mise en avant dans les médias. Il ne se passe plus un jour sans que l’on parle des tonnes de détritus qui envahissent les mers et les océans, du plastique que nous ingérons parce qu’il a infiltré toute la chaine alimentaire, ou encore des milliers d’animaux décimés parce qu’ils ont confondu leur repas avec un morceau de canette.
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War on Plastic with Hugh and Anita: Dumped recycling
When we recycle our plastic in the UK, why is some of it ending up in landfills in Malaysia?
#WarOnPlastic #OurPlanetMatters
Geplaatst door BBC One op Maandag 10 juni 2019
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En Belgique, sommes-nouscoupables de tout ce gâchis ? En Wallonie, 30.000 tonnes de déchets sauvages ont été déversées dans la nature en 2018. Cela coûte très cher à la collectivité, mais également à l’environnement.
Chaque jour, chacun de nous produit en moyenne 1 kilo de déchets ménagers, selon les chiffres du Service public fédéral. En Wallonie, cela représente 1,9 million tonnes (chiffre de 2017), tous déchets ménagers confondus (poubelles, bulles à verre, recyparcs, etc.).
Mais derrière ces chiffres, restent les « déchets cachés ». Comme pour l’énergie grise, chaque produit que nous consommons a généré toutes sortes de déchets industriels avant d’arriver chez nous. Cela représenterait 3.500 kilos de déchets par an et par habitant.
Ainsi, la production d’un kilo d’aluminium entraîne la production de 5 kilos de déchets. Une brosse à dents représente environ 1,5 kilo de « déchets cachés ». Plus grave encore : un simple GSM implique 75 kilos de « déchets cachés », un ordinateur 1500 kilos.
Que deviennent tous ces déchets une fois jetés à la poubelle ?
Les déchets ménagers incinérés (45,36%)
En Belgique, les déchets ménagers font l’objet de nombreux tris sélectifs. Commençons par les déchets résiduels, la fameuse poubelle noire (en Wallonie) ou blanche (à Bruxelles). Elle représente 45.36 % des déchets ménagers. Ceux-ci sont incinérés et « valorisés énergétiquement », c’est-à-dire que l’énergie résultant de l’incinération est récupérée pour être exploitée. En 2017, 661.000 tonnes de déchets ménagers ont été incinérées en Wallonie.
« Le processus d’incinération produit en moyenne environ 20 % de mâchefers (des cendres résiduelles) », nous explique Eddy Gérardy, Coordinateur de la COPIDEC, la Conférence permanente des Intercommunales wallonnes de gestion des Déchets. « Sur base des 661.000 tonnes citées ci-dessus, cela donne donc 132.000 tonnes de mâchefers « bruts ». De celui-ci, on extrait de 10 à 15 % de métaux (ferreux et non-ferreux), 80 à 85 % sont valorisés essentiellement en sous-fondations routières, et maximum 5% sont constitués de rebuts qui vont en Centre d’enfouissement technique (CET) ».
La totalité des déchets ménagers est incinérée en Belgique. Mais une exception pourrait être faite en cas de maintenance et d’avarie simultanée qui ne permettrait pas d’assurer les services. Il existe quatre incinérateurs en Wallonie et un à Bruxelles.
Les déchets recyclables (52.89%)
La part des déchets ménagers recyclable représente 52,89%, dont 39.99 % de valorisation de matière et 12.9 % de valorisation organique.
En Belgique, c’est Fost Plus qui est le « chef d’orchestre » des déchets recyclables. Cette ASBL veille à la bonne coordination des différents acteurs de la filière (communes, intercommunales, collecteurs, centres de tri, etc.). Fost Plus se finance grâce à la contribution des entreprises qui produisent des emballages et qui sont obligées de contribuer financièrement à leur traitement. Vous pourrez d’ailleurs voir le logo de Fost Plus sur la plupart des emballages que vous achetez. Cela signifie que l’entreprise a payé pour le traitement du déchet qu’elle a produit. L’autre partie de ses revenus provient de la vente des matériaux recyclés. Fost Plus ne reçoit aucun subside de l’État ou des Régions et se charge elle-même de payer les intercommunales pour la collecte des déchets.
Actuellement, « 78.1% des déchets ménagers recyclables sont traités en Belgique, 21.5 % le sont dans les pays limitrophes en Allemagne, en France et aux Pays-Bas. 03 % dans d’autres pays européens et 0.2% hors de l’Europe », nous explique Fatima Boudjaoui, porte-parole de Fost Plus.
La Belgique possède les infrastructures nécessaires pour recycler le carton et le papier, le verre. Les emballages en plastique collectés à travers le sac bleu (PMC) sont recyclés exclusivement en Europe : en France, en Hollande, et en Allemagne. « Aucun PMC n’est envoyé en Asie », nous affirme Fatima Boudjaoui. Le système belge repose précisément sur le recyclage de proximité. « Le but est de limiter l’impact énergétique et de limiter le transport des déchets ». En 2017, 83.5% des déchets recyclables traités par Fost Plus ont été recyclés.
Les déchets exportés font l’objet d’un cahier des charges qui impose aux recycleurs de prouver qu’ils ont transformé les déchets en matière recyclée avant de les revendre à des emballeurs.
La part de plastiques recyclés devrait bientôt augmenter avec l’arrivée du « nouveau sac bleu ». « Le citoyen pourra bientôt mettre tous les emballages en plastique dans le sac bleu PMC, y compris les pots, raviers, sacs et films en plastique. »
Les déchets qui finissent à la décharge (1.75 %)
Une petite partie ( 1,75 %) des déchets est traitée en Centre d’enfouissement technique (CET) : les encombrants non-incinérables, les refus de tri/broyage d’inertes, les rebuts de valorisation de mâchefers, les refus de criblage non-incinérables issus d’autres installations de traitement, des déchets d’asbeste-ciment, les résidus d’épuration de fumée des installations de valorisation énergétique. « En bref, ce que l’on appelle les déchets ultimes, c’est-à-dire ceux pour lesquels il n’existe pas actuellement de solutions de valorisation », nous explique Eddy Gerrady Coordinateur de la COPIDEC.
Les déchets industriels : des efforts à faire en matière de recyclage
Proportionnellement, les déchets ménagers ne représentent en fait « que » 12.99 % du poids total de déchets produits en Wallonie. Les déchets industriels représentent, quant à eux, 87,01% des déchets, selon les chiffres du Plan wallon des déchets-ressources datant de 2013.
Les entreprises belges ont aujourd’hui l’obligation de trier leurs déchets. Elles peuvent choisir l’entreprise privée qui se chargera de les collecter. La filière du recyclage des déchets industriels est tout à fait séparée de celle des déchets ménagers. Les déchets recyclables industriels sont envoyés par les collecteurs dans les filières de recyclage via des traders qui se chargent de trouver des marchés acquéreurs.
Valipac, au même titre que Fost Plus pour les déchets ménagers, est une ASBL qui collecte les informations sur les emballages industriels. Au total, en 2017, 88,8% des déchets recyclables industriels collectés ont été recyclés.
Valipac s’assure auprès des traders que les déchets qui sortent du territoire belge sont bel et bien recyclés. Les plastiques tels que les bidons et les fûts (HDPE), certains films plastiques et certaines frigolites sont recyclés en Belgique. En tout, cela représente 14 % du volume total des plastiques industriels destinés au recyclage. La majorité des plastiques industriels (86 %) est donc envoyée à l’étranger pour être recyclée, soit en Europe, soit en Asie. « Nous nous rendons tous les deux ans dans les usines asiatiques de recyclage vers lesquelles les déchets industriels belges sont envoyés pour s’assurer que le recyclage a été fait en bonne et due forme », nous assure Ingrid Bouchez.
Chaque année, 100.000 tonnes d’emballages plastiques industriels sont mises sur le marché en Belgique. Parmi ceux-ci, 54,4% sont triés et arrivent dans la filière du recyclage. Cela veut dire que 45% ne sont pas collectés sélectivement. Sachant que les déchets industriels représentent 87 % du total collecté en Belgique, les industriels ont encore une belle marge de progression devant eux.
Toutefois, « ce tonnage ne tient pas compte des emballages réutilisables en plastique. Ces chiffres n’entrent pas dans nos résultats de recyclage, mais ils représentent 856.311 tonnes », précise Valipac.
Pour ce qui est du papier et des cartons, « on peut considérer que 42% sont recyclés en Belgique et 58% à l’étranger, principalement dans les pays limitrophes, mais aussi en dehors de l’Europe. La Chine a fortement revu à la baisse ses quotas d’importation », précise Ingrid Bouchez. Quant aux déchets de bois, ils sont à 91% recyclés chez nous, le reste l’étant dans les pays limitrophes.
Enfin les métaux sont principalement recyclés sur notre territoire (77%).
Les déchets résiduels industriels sont également incinérés
Les déchets résiduels font parfois l’objet d’un nouveau tri, s’ils ne sont pas mélangés avec des déchets organiques, puis sont envoyés dans un incinérateur pour être brûlés et énergétiquement valorisés, comme les déchets ménagers.
Les déchets résiduels des entreprises sont incinérés à 94% en Belgique et pour 6% dans des pays limitrophes (Allemagne et Pays-Bas). La quasi-totalité des déchets industriels non triés est incinérée. Une infime partie est mise en décharge en Wallonie où c’est encore autorisé. Les métaux récupérés des cendres d’incinération (mâchefer) entrent à nouveau dans le circuit du recyclage via des chantiers de récupération de métaux qui les expédient vers la sidérurgie.
Un système parfait ?
En Belgique, nous semblons donc être parmi les bons élèves en matière de traitement des déchets. Toutefois, rappelle Gaëlle Warnant, chargée de mission Ressources chez Inter-environnement Wallonie, certains points pourraient être améliorés concernant la vision d’avenir de la filière. « Nous demandons aux pouvoirs publics d’avoir une vision à long terme concernant l’utilisation des outils de traitement. Il est question d’investir dans deux incinérateurs », nous confie-t-elle, « mais une fois que ces investissements seront faits, d’une part c’est de l’argent qui ne pourra pas être utilisé ailleurs et d’autre part il faudra rentabiliser les nouveaux outils et leur donner de la matière à traiter, c’est-à-dire des déchets. Or, cela va à contre-courant des nouveaux objectifs de recyclage, d’économie circulaire et de réutilisation ».
Comme nous l’avons vu, la filière du déchet est efficace en Belgique et il y a très peu de chance que les déchets collectés dans notre pays finissent dans des décharges illégales. Toutefois, nous sommes également à l’origine de nombreux déchets « cachés » qui ne sont pas forcément traités sur notre sol. Il faut donc rester particulièrement vigilant lorsque nous achetons un bien de consommation, et de poser les bonnes questions : en ai-je vraiment besoin ? Suis-je obligé d’acheter un objet neuf ? Puis-je le louer, l’emprunter, le trouver en seconde main ? Que des questions de bon sens en somme.
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