Publifin : Les principaux protagonistes entendus ces jeudi et vendredi
La commission d’enquête Publifin du parlement de Wallonie mènera ces jeudi et vendredi les auditions très attendues de trois des principales figures du dossier: le président de l’intercommunale Publifin et de sa société privée opérationnelle Nethys André Gilles, l’administrateur délégué de Nethys Stéphane Moreau et l’échevin des Finances d’Olne Cédric Halin, lanceur d’alerte du scandale des rémunérations de mandataires publics, qui s’est propagé à l’ensemble du pays.
Premier à comparaître jeudi à 10 heures, M. Gilles (PS) sera attendu de pied ferme par les commissaires, lui qui s’était fait porter pâle à une première convocation le 21 février dernier. Son attitude lors d’une précédente audition, devant ce qui n’était encore que la commission spéciale Publifin, avait déjà irrité les députés: le président du collège provincial de Liège avait rappelé qu’il n’était là que de par son bon vouloir, et n’avait pas répondu à plusieurs questions sur les rémunérations des managers du groupe.
Après sa défection pour maladie devant la commission d’enquête, André Gilles avait été ciblé par le MR, partenaire de coalition du PS dans l’exécutif provincial, qui avait appelé à sa démission avant de mettre cette demande en suspens.
Entre-temps, deux autres pontes du groupe Publifin, les ex-députés provinciaux Georges Pire (MR) et Dominique Drion (cdH), avaient dévoilé devant les commissaires le montant de leurs rémunérations dans les sociétés privées du groupe, dont la hauteur a choqué pour des structures chapeautées par une intercommunale, instance publique.
La question des rémunérations du management de Nethys sera à n’en pas douter au coeur de l’audition de vendredi, où le patron de la société – et bourgmestre d’Ans en partance – Stéphane Moreau (PS) sera appelé à détailler le montant qu’il a dévoilé dernièrement dans la presse: 593.000 euros bruts par an de rémunérations fixes comme indépendant, sans compter un incentive en fonction de la réalisation d’objectifs de la société. Lui aussi était couvert par un certificat médical depuis l’éclatement du scandale, mais une large interview dans la presse a fait douter certains députés du bien-fondé de ce document.
MM Gilles et Moreau – qui ont été suspendus de leurs fonctions internes au PS – seront questionnés sur la volonté du groupe de contourner les règles de tutelle et sa stratégie d’investissement dans des projets (médias, énergie) parfois très éloignés des missions traditionnelles des intercommunales, ainsi que sur l’impact de ces investissements et des coûts de structure sur la facture du consommateur. Ils auront certes la possibilité de réclamer le huis clos, mais ils devraient surtout s’attacher à défendre la « success story » que continue de constituer Nethys en termes de position sur des marchés hyper-concurrentiels, de création d’emplois et de retour sur investissement pour les communes, bien que certaines le contestent.
Autre forme de contestation, six cars de travailleurs du groupe sont annoncés jeudi à l’arrivée de M. Gilles au parlement wallon. Un front commun syndical y dénoncera les amalgames que subissent les travailleurs et interpellera le président sur l’avenir de l’intercommunale et de ses sociétés privées.
Mais le principal sujet d’interrogation des commissaires devrait rester les comités de secteur, ces organes consultatifs de Publifin où 26 mandataires locaux (PS, MR et cdH) ont perçu depuis mi-2013 de confortables rémunérations fixes sans obligation de prester, et qui font l’objet d’une information judiciaire.
On devrait à nouveau entendre la défense avancée jusqu’ici par les administrateurs, à savoir que les quatre partis PS, MR, cdH et Ecolo avaient approuvé la structure et que la responsabilité des dysfonctionnements des comités incombait à leurs présidents et leurs membres, voire au management. Le tout pouvant être contrôlé par les provinces et communes associées. Devant la commission spéciale, M. Gilles s’était partiellement défaussé de la responsabilité de la création des comités de secteur en assurant qu’elles lui avaient été imposées par les intercommunales qui allaient être absorbées dans Tecteo-Publifin.
Quant à l’échevin des Finances d’Olne Cédric Halin (cdH), qui avait dévoilé le scandale des rémunérations à la suite d’un travail de fourmi, son audition devrait permettre d’en connaître davantage sur la culture du secret que d’aucuns reprochent au groupe Publifin, ainsi que sur la connaissance qu’avaient le CA et le management des dysfonctionnements des comités de secteur. L’homme, qui est par ailleurs auditeur à la Cour des comptes, aura aussi à coeur de répondre à des critiques émises à son encontre par Dominique Drion.
Ce mercredi, la commission d’enquête s’est encore brièvement réunie sur le temps de midi pour établir son agenda et réclamer au groupe Publifin certains p-v de réunions qui ne lui sont pas encore parvenus.