Thierry Denoël
Publifin, Gilles, Pire… Finissons-en !
Si le scandale Publifin met en lumière bien des dérives, le train de vie somptueux d’André Gilles (PS) et Georges Pire (MR) est connu du monde politique depuis des années. Il est urgent de faire un grand nettoyage.
La morgue affichée par les deux papys résistants, devant le parlement wallon, brûle les yeux de l’opinion publique. On semble découvrir ces seigneurs arrogants d’une autre ère. Mais leur train de vie romain, digne de l’Empire déclinant du 4e siècle, est connu depuis belle lurette, tant des politiques qui, pour la plupart, ont toujours préféré mimer les trois singes – le sourd, le muet et l’aveugle – que des médias dont quelques-uns ont, il y a des années déjà, dénoncé les faits et gestes, en vain, dans une indifférence presque totale.
Exemple : dans son numéro du 5 octobre 2012, Le Vif publiait des notes de frais, de gsm, de restaurant, ainsi que le coût des voitures des députés permanents Gilles et Pire, grâce à une jeune conseillère CDH qui, dégoûtée par leurs excès, avait décidé de jouer les trouble-fête à la province de Liège. Constat : 52 577 euros pour la voiture officielle de Georges Pire, 8 708 euros pour ses frais de carburant. Idem pour les notes de gsm. La conseillère CDH, Mélanie Goffin, avait aussi réussi à exhumer, de la comptabilité provinciale, une note de restaurant de 1 920 euros, un samedi ! Elle avait enfin dénoncé l’autopromotion systématique des députés permanents dans les folders annonçant des événements organisés par la Province.
Nous avions tenté de rencontrer Pire et Gilles pour leur demander des explications. Le premier n’a jamais répondu à nos appels. Le second a d’abord fixé un rendez-vous et, la veille de celui-ci, s’est décommandé en nous envoyant juste, par mail, le nouveau règlement d’ordre intérieur provincial que nous avions du reste déjà consulté sur le site de la Province… La morgue, encore et toujours, de la part de ces deux députés permanents en poste depuis 1987, pour l’un, et 1994, pour l’autre. A l’époque, le ministre Paul Furlan (PS) avait été interpellé par la jeune effrontée humaniste. On voit ce que cela a donné.
Aujourd’hui, suite au vaudeville du certificat médical, Jean-Luc Crucke (MR) demande la démission d’André Gilles de son poste de président du collège provincial. Sous la pression, Georges Pire, lui, a laissé tomber la plupart de ses mandats dont celui de conseiller et député provincial. Depuis des années, il était connu pour être le recordman wallon des mandats cumulés. Il y a deux ans, ceux-ci lui ont rapporté, au total, 300 000 euros brut, bien plus que le salaire du Premier ministre. Devant la commission parlementaire, hier, il n’a émis aucun regret. Pourquoi le ferait-il, alors qu’il a, comme d’autres, bénéficié, durant toutes ces années, de la complicité des partis au pouvoir ? Caricaturaux, Pire et Gilles ne sont pas les seuls à avoir profité du système. Il est temps d’en finir. Sinon, le pire est à craindre. Sans jeu de mot.
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