Etienne Dujardin
Publifin : « Et si on renvoyait tous les parvenus pour de bon ? »
En 2005 éclatait le scandale de » La Carolo « , tout le monde se disait écoeuré, et ce, dans tous les partis politiques. On se souvient du fameux : » Je ne veux plus des parvenus. Je les traquerai moi-même, j’en ai marre des parvenus. Il n’y a pas de place pour les parvenus au parti socialiste « .
Nous sommes en 2017 et la traque n’a pas dû être bonne, car des parvenus, il en reste beaucoup et pas seulement au parti socialiste. C’est assez amusant ou désespérant de revoir les séquences de JT liées à l’affaire de « La Carolo », car on nous ressert aujourd’hui exactement les mêmes salades. « Je n’étais pas au courant, mais je suis choqué », « C’est inacceptable et on va faire le ménage et prendre des mesures draconiennes », « Je n’ai commis aucune faute, j’ai ma conscience pour moi ». C’est frappant tellement les mots utilisés sont presque les mêmes.
Qui peut, aujourd’hui, réellement croire que le ministre Paul Furlan ne connaissait rien des agissements de son chef de cabinet adjoint, soit l’un de ses plus proches collaborateurs, qui évolue sous son autorité directe ? Soit le ministre ment soit il a pêché par négligence, voire par incompétence, ce qui n’est pas spécialement beaucoup mieux. Il est temps que les politiques assument leurs responsabilités. Il est tout à fait logique qu’un ministre soit payé correctement, c’est d’ailleurs nécessaire pour assurer leur indépendance, mais cela implique aussi des devoirs notamment celui de démissionner lorsqu’on se trouve face à un séisme d’une telle ampleur. S’accrocher à son poste d’une telle manière ne sert ni sa cause, ni celle de l’ensemble de ses collègues de gouvernement ou du parlement.
Maintenant, sa seule démission – même si elle est indispensable pour l’opinion – ne permettra pas de tout résoudre. Il faut une prise de conscience, tous partis confondus. Tant le PS, le CDH que le MR nommaient leurs mandataires au sein des organes de Publifin. Il est donc difficile d’imaginer que personne ne savait rien, d’autant qu’une partie des rétributions perçues était reversée au parti. Pour recréer la confiance, il faut faire, une fois pour toutes, le ménage absolu dans tous les privilèges dont jouissent certains élus. Il ne faut pas parler que de Publifin, mais traquer la mauvaise gestion dans son ensemble. Est-il normal d’avoir tellement d’intercommunales en Wallonie ? Est-il justifié que la TEC compte 85 administrateurs contre 11 chez nos amis flamands de De Lijn ? Est-il normal que certains conseillers communaux gagnent parfois plus que certains députés tellement ils collectionnent les mandats juteux ? Même à Bruxelles des questions se posent au vu des montants perçus pour certains mandants, on pense notamment à Vivaqua.
Il serait bon que certaines personnes du monde politique se souviennent que l’argent public ne leur appartient pas
Paul Magnette déclare : « Il est temps que certains comprennent qu’un mandat public, ce n’est pas un « Win For Life ». » Lorsqu’on en est à un tel stade, les demi-mesures ne suffisent pas pour recréer la confiance avec le citoyen, pour peu que cela soit encore possible. Il est étonnant par exemple que le MR, pourtant dans l’opposition, ne soit pas plus offensif dans le dossier. Son président qui s’est fait connaître grâce aux révélations liées à « La Carolo » devrait savoir mieux que personne combien le public est sensible à ce genre de problématique. Comment expliquer que les élus MR ne soient pas obligés de rembourser les jetons de présence de plusieurs dizaines de milliers d’euros pour des réunions non prestées ? Comment expliquer le flottement qu’on ressent tant au sein du CDH que du PS ? Madame Onkelinx ne se fait pas prier pour se montrer ferme face à ses anciens camarades liégeois avec lesquels le courant n’est jamais passé, mais Elio Di Rupo a-t-il encore l’autorité suffisante pour prendre les décisions qui s’imposent ?
En tous cas, le PTB ne doit même plus faire campagne, il peut se contenter de compter tranquillement les points sans même devoir lever le petit doigt. Il est beau de proclamer à chaque élection que le politique doit se rapprocher du citoyen, qu’il est à son service et qu’il faut plus d’éthique, mais il est maintenant temps de mettre ces promesses en pratique.
Le Général de Gaulle tenait à payer lui-même ses frais de chauffage et les réceptions qu’il donnait à titre privé. Sans spécialement devoir retourner à cette forme de détachement matériel, il serait bon que certaines personnes du monde politique se souviennent que l’argent public ne leur appartient pas, mais qu’il n’est qu’un moyen pour remplir leurs fonctions et assurer le bien commun.
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