Publifin: André Gilles, 6 heures d’audition et encore bien des questions en suspens
Interrogé pendant près de six heures par les députés de la commission spéciale Publifin, le président de l’intercommunale liégeoise l’a quittée peu après 22 heures sans révéler le montant des rémunérations des dirigeants des filiales privées, dont Nethys, pourtant détenue à 100% par la coquille vide qu’est devenue Publifin, organe public.
« Je pense que pour les managers, la transparence n’est pas possible, car alors ils partiront » vu la concurrence des secteurs concernés, a-t-il répondu aux députés – de la majorité comme de l’opposition – qui l’ont plusieurs fois interrogé à ce sujet.
Gilles Mouyard (MR) lui a notamment fait observer que l’arrêté gouvernemental traduisant le décret de 2005 sur les intercommunales fixe la rémunération du président à 35.000 euros indexés. Or, « vous gagnez plus que le Premier ministre », a-t-il lancé, sans que son interlocuteur ne le contredise.
Auparavant, M. Gilles (PS) s’était retranché sur l’imprécision de la législation pour justifier le fonctionnement des comités de secteur, ainsi que sur le fait que ces comités avaient été imposés à Publifin (Tecteo) par les intercommunales – donc les communes – afin de les rassurer sur leur capacité à vérifier que l’absorption qu’elles s’apprêtaient à subir se déroulerait aux conditions fixées. « Sans ça, on n’aurait pas passé le cap (de la fusion) ». Il s’est refusé à expliquer si les comités de secteur étaient des organes exécutifs ou simplement consultatifs, un élément important pour déterminer la légalité des émoluments pratiqués.
Interrogé, André Gilles a relevé que la direction générale avait fait remarquer des problèmes d’absence de réunions des comités de secteur. Il y a eu des rappels à l’ordre, puis a surgi le scandale.
Pour Stéphane Hazée (Ecolo), le déni derrière lequel se retranche André Denis ne fait que confirmer que se rapproche le moment de transformer la commission spéciale en commission d’enquête, qui a le pouvoir d’exiger la présentation de pièces qui seraient refusées. « Qu’on en finisse avec cette fable de l’entreprise privée (Nethys, ndlr), alors que c’est 100% d’argent public ».
L’audition s’est notamment prolongée sur la stratégie du groupe Publifin. A cet égard, André Gilles a défendu la possibilité pour la puissance publique de mener des activités industrielles dans des secteurs que d’aucuns veulent voir réservés au privé. Libéraux et socialistes s’opposent sur cette question. Le modèle de l’intercommunale n’apparaissant plus adapté, une assemblée générale de Publifin prévue dans la deuxième moitié du mois de mars pourrait enclencher le développement d’un modèle « sui generis ».
Dans la foulée du scandale Publifin, André Gilles s’est défait de plusieurs mandats rémunérés pour n’en garder que trois comme le nécessite son statut de conseiller provincial. S’il s’est engagé à quitter le CA de Publifin, il reste jusqu’à nouvel ordre dans Nethys.