Refus de Belfius de financer Mons: la Ville n’était au courant de rien et suspecte des intérêts politiques
Belfius ne souhaite mettre qu’une trentaine de millions d’euros sur les 273,8 nécessaires au plan Oxygène de la région. La banque refuse de financer Liège et Charleroi. Mais aussi Mons, qui affirme avoir appris la décision de la banque par la presse.
Belfius refuse de financer en direct les villes de Mons, Liège et Charleroi, révèlent L’Echo, Le Soir et De Tijd, jeudi. La banque se justifie par des critères financiers, mais, pour Mons, l’arrivée du PTB au pouvoir aurait pesé dans la balance.
D’après L’Echo, Belfius n’apportera qu’une trentaine de millions sur les 273,8 millions nécessaires du plan Oxygène de la Région wallonne. Juste de quoi boucler le financement pour Ath, Namur, La Louvière et Verviers.
Si la situation financière qui touche les deux plus grandes métropoles de Wallonie semble justifier ce refus, pour le cas de Mons, l’explication serait également politique. Belfius aurait ainsi justifié son refus auprès du gouvernement wallon par l’arrivée du PTB au sein du collège communal de Mons dans le cadre d’une alliance avec le PS et Ecolo.
« Belfius donne un terrible signal »
En 2021, le Gouvernement wallon a adopté un plan d’aide global appelé “Plan Oxygène”, qui permet aux communes, en particulier celles en difficulté, à contracter annuellement un emprunt sur trente ans, pour maintenir l’équilibre budgétaire sur cinq ans, entre 2022 et 2026. À condition, toutefois, que ces banques acceptent.
“Belfius, partenaire historique des communes, a refusé de financer celles-ci”, regrette Financité. Mais elle n’est pas la seule. En 2023, ING avait déjà exclu Liège et Charleroi, puis, en 2024, a ajouté à sa liste Mons, Ath, Namur, La Louvière et Verviers. Le Gouvernement wallon avait alors persuadé Belfius de revenir dans le jeu, qui a accepté en excluant cependant Liège, Charleroi et Mons.
En refusant de financer les communes en difficulté, les banques (…) mettent celles-ci et leurs citoyen·ne·s dans une terrible difficulté.
“Belfius donne un terrible signal”, dénonce Financité. “En refusant de financer les communes en difficulté, les banques qui, faut-il le rappeler, jouissent d’un monopole dans la collecte des dépôts, mettent celles-ci et leurs citoyen·ne·s dans une terrible difficulté”, s’inquiète Bernard Bayot, codirecteur de Financité.
Selon l’organisme, des banques comme Belfius, censées appartenir à l’État belge, se comportent comme des banques privées et ne sont pas dignes de confiance pour accorder du crédit aux communes. “Il appartient au gouvernement fédéral d’en prendre acte. Cette insuffisance de financement privé des investissements nécessaires à l’intérêt de la collectivité sur le moyen-long terme nécessite de recréer un pôle public belge de financement, avec Belfius comme banque publique aux côtés de la Société fédérale de participations et d’investissement (SFPI) pour mettre en œuvre une stratégie de financement coordonnée, durable et ambitieuse”, conclut Financité.
Mons n’était au courant de rien
La Ville de Mons s’est étonnée de la décision de Belfius de ne plus la financer, et plus encore de l’apprendre par la presse. Le « dossier semblait évoluer sans réserve dans les circuits internes de la banque » et Belfius « n’a, à aucun moment, pris la peine de contacter la Ville dans le cadre de ce dossier », a fait savoir la commune par voie de communiqué. Selon la Ville, ce refus est d’autant plus interpellant que « la part de Mons dans le financement des trois principales villes concernées est de l’ordre de seulement 10%« , avance-t-elle.
Pour Mons, le fait que l’arrivée du PTB au sein de son collège soit présenté dans la presse comme un argument du refus de Belfius n’est pas anodin. « Le calendrier de cette annonce médiatique interpelle, à dix jours de l’installation des nouvelles majorités communales et à la veille de la décision que le Gouvernement wallon devait prendre sur le financement des grandes villes », estime la Ville, qui appelle « chacun à jouer son rôle en dehors de toute intrigue et de toute ingérence politique ». Elle demande, par ailleurs, au Gouvernement wallon de soutenir les grandes villes et à Belfius de « rester éloignée de toute considération politique et à jouer son rôle de manière neutre et impartiale ».
(Avec Belga)