Pierre Havaux
PS : faire mieux que simplement exister
Le Parti socialiste s’ébroue. Se lance un défi un peu dingue : montrer qu’il a mieux à offrir que 25 ans de pouvoir ininterrompu au prix de compromis, voire de compromissions avec l’idéologie dominante de droite.
Les socialistes francophones se reprennent à rêver. En tout cas, ils veulent y croire et surtout le faire croire. 1500 militants et élus rassemblés en congrès de réflexion , ce dimanche à Bruxelles, et il n’en faut pas plus pour que le PS retrouve des ardeurs belliqueuses.
Mais il en faudra bien plus pour démontrer que cette envie clamée haut et fort de repartir au combat n’est pas que de façade. Que le parfum de lutte finale répandu dans l’auditoire de l’ULB est plus tenace que ce bon moment passé ensemble à refaire le monde.
A la tribune du congrès , les orateurs du PS ont fait leur devoir d’homme et de femme de gauche. Avec les accents qui s’imposent en de telles circonstances : convaincus, virils. Avec un Paul Magnette en « vrai » président tout neuf aux manettes de la machine socialiste, le poing volontiers rageur pour marteler… ce qu’en gros on sait déjà.
Rien de bien neuf ni d’original dans le programme du PS : taxe sur les transactions financières, séparation des banques d’affaires et banques de dépôt, salaire minimum européen, lutte contre le dumping social et environnemental. Que proclamer d’autre d’ailleurs ? Ce catalogue des fondamentaux socialistes est égrené comme un chapelet de vieux combats . Au mieux couronnés d’un fragile succès. Au pire inachevés ou carrément perdus.
C’est le genre de piqûre de rappel qui fait du bien là où ça fait mal. Qu’on se le dise : la gauche repart à l’offensive. Et le PS n’est pas seul à sortir l’épée du fourreau. Il peut compter sur le soutien du SPA., carrément occupé à revoir la charte de Quaregon, l’acte de baptême du Parti ouvrier belge qui remonte à 1894. Mieux : la grande famille socialiste a resserré les rangs, prétend mettre les bisbrouilles internes en sourdine. Parti-syndicat-mutuelle : « tous ensemble ! Tous ensemble ! » A confirmer.
Le PS sera jugé sur pièces. Sur ses actes. Il a tout intérêt à se creuser les méninges pour se trouver une autre raison d’exister que d’occuper le pouvoir. 25 ans aux affaires, ça use, ça use énormément.
C’est le moment, c’est l’instant. Une année nous sépare du périlleux rendez-vous électoral, qui pourrait décider de l’avenir du pays. Elections régionales, fédérales, européennes : en 2014, ce sera la totale. Autant dire demain.
Et puis le fond de l’air devient un peu plus frais pour les fraudeurs de tous poils , la cible favorite des socialistes. L’OffsshoreLeaks, la soudaine croisade planétaire contre les paradis fiscaux, redonne des ailes au monde de la gauche. Merci Cahuzac : les vilaines cachotteries de l’ex-ministre français du Budget ont fait le buzz autour de l’évasion fiscale, le core business » du PS. Le coup de pouce bien involontaire du « camarade Cahuzac » est bon à prendre pour surfer sur la vague.
Le PS se sent de toute façon condamné à quitter le rempart derrière lequel il défend vaille que vaille les acquis sociaux. Sus aux périls extérieurs : l’assaillant libéral, au moral de vainqueur, massé sur sa droite. Mais aussi les troupes hétéroclites rassemblées sous la bannière de la gauche radicale, qui menace ses arrières.
Les socialistes francophones s’arment de courage, toujours le poing levé. Viser la lune ne leur fait pas peur. La décrocher sera une autre histoire.
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