Gérald Papy

Présidentielle américaine : Romney remis sur orbite

Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

A la faveur du premier débat télévisé de la campagne, Mitt Romney devient « présidentiable ». Feu de paille ou début de la reconquête ? Barack Obama table sur son avance dans les sondages.

Le premier débat télévisé de la campagne électorale 2012, consacré à l’économie, restera comme un tournant de la course à la présidence américaine. Nul ne sait s’il sera décisif. Mais l’avantage, au moins psychologique avant une confirmation chiffrée dans les sondages, a changé de camp.

Distancié dans les études d’opinion, précédé d’une réputation de politicien gaffeur et d’hommes d’affaires méprisant, Mitt Romney était contraint à l’offensive. Il a relevé le défi et a réussi à démentir les clichés. Sur la forme, il est apparu, selon la majorité des observateurs américains, plus détendu, plus dynamique et davantage maître de son sujet que Barak Obama. Le Président sortant a semblé – et pas seulement à ses détracteurs invétérés – « terne », « pas à l’aise », voire « irrité » et « grognon ». Mitt Romney est en outre parvenu à éviter l’écueil de la bourde qui aurait pu occulter la réussite de sa « performance ».

Sur le fond, le candidat républicain à la Maison Blanche a renvoyé l’image d’un « centriste plein de compassion » à l’égard des chômeurs et des plus défavorisés, en opposition totale avec l’impression de nanti insensible qu’avait donné de lui une vidéo où il traitait d’assistés les 47 % d’Américains électeurs d’Obama. Celui-ci a alors eu beau jeu de pointer le gouffre entre les déclarations de son adversaire et son programme fiscal de réduction d’impôts. « Pendant dix-huit mois, il (Mitt Romney) a fait campagne sur son projet fiscal et maintenant, à cinq semaines de l’élection, il dit « oubliez ça » à propos de sa grande idée », a asséné Barack Obama. Mais la charge est apparue trop faible. Plus attaché à défendre son bilan qu’à vanter un programme novateur, le prétendant démocrate a peiné à convaincre.

« It’s economy, stupid ! ». Ce slogan rappelle qu’aux Etats-Unis, une élection présidentielle se gagne avant tout sur le terrain économique. Il fut attribué à un conseiller de Bill Clinton, James Carville, lors de la campagne présidentielle de 1992 qui vit le jeune démocrate priver d’un second mandat George Bush père, pourtant auréolé d’un succès lors de la première guerre d’Irak. En vertu de ce principe, Mitt Romney sort de ce premier débat avec le costume d’un « présidentiable ». Mais son retard dans les sondages était tel avant cette joute télévisée que le pari peut encore s’avérer laborieux, d’autant que le scrutin aux Etats-Unis se joue aussi dans certains Etats-clés dans lesquels Barack Obama bénéficie d’une avance substantielle qu’un seul revers ne suffit pas à entamer de façon décisive.

Les deux prochains débats télévisés de la campagne présidentielle 2012 sont prévus le 16 octobre (réponses aux questions du public sur les thèmes de politiques intérieure et extérieure) et le 22 octobre (politique internationale). S’il veut fêter son 21e anniversaire de mariage à la Maison Blanche, le premier président noir des Etats-Unis devra restaurer sa crédibilité dans un domaine où on ne le croyait pas aussi vulnérable : la prestance du tribun.

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