Drieu Godefridi
Pourquoi Theo Francken est, en fait, un modéré
Taxer de « modéré » un homme que la majorité des médias nous dépeint comme un extrémiste de droite, jusqu’à l’affubler d’un uniforme nazi, semblera curieux.
Pourtant, si l’on veut bien s’abstraire un instant de la passion du commentaire pour revenir aux faits, on constatera que le Secrétaire d’Etat à l’Asile n’a posé aucun acte contraire au droit, fût-il européen. Quand il souhaite contester une décision administrative, Francken va en justice et quand il perd, il s’incline : il n’existe aucune contre-exemple à ce pointilleux légalisme de Francken.
Par ailleurs, il y a les chiffres. Sans assommer le lecteur, résumons : avec Francken, le rythme des regroupements familiaux ne s’est pas ralenti. Avec Francken, le pourcentage d’ordres de quitter le territoire effectivement exécutés n’a pas augmenté; il reste, en vérité, plutôt faible. Avec Francken, la Belgique est l’un des seuls Etats européens à s’être conformé, et strictement, à son engagement de prise en charge d’un certain nombre de réfugiés parvenus en Europe par d’autres Etats.
Légalisme, chiffres : il n’existe, en réalité, aucun critère objectif qui permette de taxer la politique de Francken d’extrémiste.
Mais alors, pourquoi tant de haine ? L’hypothèse première est la communication de Francken, volontiers offensive. C’est, bien sûr, un élément à prendre en compte.
Mais l’essentiel réside dans le changement du paradigme européen de l’asile, dont Francken n’est qu’une manifestation parmi d’autres, et qu’un grand nombre de commentateurs et de partis de gauche n’acceptent pas.
Mundus senescit (le monde vieillit), disait-on pour décrire la civilisation antique qui sombrait dans les brumes du Haut Moyen Age. De même, notre monde vieillit, car la plupart des structures en place depuis 1945 sont en train de se périmer, voire de s’effondrer.
Ainsi du paradigme qui domine le sujet de la migration depuis 40 ans, selon lequel l’Europe a le devoir moral d’accueillir quand elle le peut la misère du monde.
L’asile est une noble institution d’essence libérale qui offre gîte et abri temporaires à celui qui fuit la guerre ou la persécution politique. Elle est radicalement étrangère à toute considération économique. Offrir l’asile pour des motifs économiques revient à en subvertir la nature. Mieux : de décision de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) en résolution du Parlement européen, on en est venu à instituer de facto l’asile en droit subjectif, dépendant en dernière analyse de la seule subjectivité de celui qui tente le voyage.
Les dernières statistiques italiennes montrent que sur 130.000 réfugiés accueillis de janvier à septembre 2017, seuls 5% sont effectivement des réfugiés politiques. 5%. Les autres sont des réfugiés économiques, dont la plupart ne prennent d’ailleurs pas la peine d’introduire une demande d’asile. Pourtant, les critères de l’asile, essentiellement européens, sont en Italie particulièrement larges…
Cette subversion de l’asile, qui se matérialise depuis 5 ans par d’importants transferts de populations d’Afrique vers l’Europe, les peuples d’Europe ne l’acceptent plus. On peut le déplorer, mais les résultats électoraux, scrutin après scrutin, sont limpides. On a été si loin dans la subversion de l’asile que sont désormais portés au pouvoirs, non plus des Francken légalistes et modérés en actes, mais des Salvini (Italie), Orban (Hongrie) et leurs équivalents tchèques, slovènes, polonais, autrichiens, l’AfD au Parlement allemand, bientôt son équivalent en Suède, etc.
Nier une réalité qui nous déplaît est rarement le gage d’une saine compréhension du monde qui nous entoure. La réalité est que les peuples d’Europe rejettent massivement l’asile tel qu’il est pratiqué depuis des années sur notre continent, et que sont portés au pouvoir des dirigeants bien décidés à y mettre un terme.
Dans le contexte de cette nouvelle génération politique, le Secrétaire d’Etat Theo Francken apparaît en actes comme légaliste et modéré.
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