Pourquoi le poisson et les crustacés ont déserté l’assiette des Belges (infographie)
Entre 2012 et 2022, près de 15% de ménages belges ont arrêté de consommer du poisson et des crustacés. Thon, sole, cabillaud et saumon sont moins présents dans les assiettes. La faute… à la baisse du pouvoir d’achat.
En dix ans, comment l’assiette des Belges a-t-elle évolué? Les données de l’office belge de statistique Statbel relatives aux dépenses alimentaires des ménages permettent de s’en faire une idée. La consommation de certains produits (chicons surgelés, margarine, lait chocolaté) a explosé, tandis que d’autres aliments se retrouvent moins dans le caddie de la population. C’est le cas du poisson et des crustacés. Depuis 2012, un peu moins de 15% des ménages belges les ont retiré de leur liste de courses.
Alors que certains aliments comme le scampi ont fait leur apparition dans les habitudes alimentaires des citoyens, d’autres ont nettement reculé: coquillages et escargots surgelés (-89% de ménages qui en achètent), poisson surgelé (-80%), caviar et œufs de lompe (-85%).
Poisson et crustacés, des produits de luxe
Même les grands classiques de la catégorie – comme le saumon fumé, star des sushis – perdent du terrain, pour se retrouver hors de l’assiette d’un nombre croissant de Belges. Sont surtout concernés les produits surgelés, qui ont fait de la place aux produits bio, sans grande surprise.
«Poissons et crustacés sont des produits de luxe»
Bruno Henry de Frahan, professeur émérite de la faculté des bioingénieurs de l’UCLouvain
Mais l’explication principale est toute autre. «Poissons et crustacés sont des produits de luxe, commente Bruno Henry de Frahan, professeur émérite de la faculté des bioingénieurs de l’UCLouvain. Et donc quand le pouvoir d’achat des ménages diminue, la consommation de ces aliments baisse aussi.»
Poissons et crustacés – InfogramMis bout-à-bout, l’évolution de l’indice des prix à la consommation et des dépenses annuelles des ménages pour le poisson et les crustacés confirment les propos de Bruno Henry de Frahan. Entre 2012 et 2016, les dépenses liées à cette nourriture marine ont évolué moins vite que les prix. Ce qui signifie que la consommation en volume a bel et bien diminué. Avant une forte augmentation de la consommation de poiscaille et autres délices de la mer entre 2018 et 2020.
«C’est l’effet covid: les gens ont davantage cuisiné chez eux, alors que leurs autres dépenses ont fortement diminué», explique la Fédération de l’industrie alimentaire belge (Fevia). Entre 2020 et 2022, les dépenses des ménages liées aux poissons et crustacés ont fortement chuté, «à cause de la mise sous pression du pouvoir d’achat et d’une hausse des prix plus marquée».
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