Vooruit durcit encore le ton: « Notre système d’immigration ne tourne pas rond »
Vooruit veut revoir le système d’immigration en vigueur en Belgique et durcir une série de règles, notamment pour accélérer le retour de personnes qui n’ont pas droit à l’asile et éviter le recours trop facile au regroupement familial.
Notre système d’immigration ne tourne pas rond », estiment les socialistes flamands. Selon eux, la Belgique est l’un des pays européens qui ne peut « plus supporter la pression ». Ils veulent donc briser « l’immobilisme » et « reprendre le contrôle de notre système ». Le président Conner Rousseau a présenté à cette fin un plan GRIP (« contrôlé, juste, tourné vers l’intégration et la participation ») au cours d’une conférence de presse, jeudi après-midi.
Les services compétents pour traiter des demandes d’asile et de protection internationale seraient regroupés. La migration légale par le travail serait suspendue pour les pays qui refusent de reprendre leurs ressortissants; dès lors qu’une personne vient d’un pays sûr, sa demande serait immédiatement refusée « sauf raisons manifestes »; une personne qui a reçu une décision négative dans un autre pays européen serait immédiatement renvoyée; et dans l’attente du retour, la personne pourvoirait à ses propres moyens en exerçant légalement un travail.
Les nouveaux venus devraient par ailleurs suivre un trajet d’intégration refondé et gratuit. Partant du constat qu’un tiers des revenus d’intégration bénéficie à des non-Belges, Vooruit propose que les nouveaux venus n’y aient pas droit durant les trois premières années mais reçoivent plutôt un « soutien à l’intégration » conditionné à la participation au trajet d’intégration.
À l’instar des Pays-Bas et de l’Allemagne, l’intégration des personnes qui bénéficient d’un regroupement commencerait déjà durant la procédure dans le pays d’origine. La condition de revenu imposée à la personne qui sollicite le regroupement depuis la Belgique serait fixée à 110% du salaire minimum, contre 120% du revenu d’intégration actuellement.
Compter sur l’Europe
« Nous attendons du nouveau venu et de sa famille qu’ils travaillent s’ils viennent ici« , souligne Vooruit.
La solution réelle se trouve inévitablement au niveau européen, a cependant souligné le parti socialiste flamand lors de sa conférence de presse. « Nous avons une frontière extérieure (commune), il serait donc logique d’organiser une unique procédure d’asile », soutient la ministre Vooruit en charge de la Coopération au développement, Caroline Gennez. « Pour ceux qui reçoivent une réponse positive, il faut un plan de répartition européen. Nous demandons aux gens quelles sont leurs compétences, et recherchons alors quel marché du travail en aurait besoin ».
La secrétaire d’Etat à l’Asile et la migration, la CD&V Nicole de Moor, a accueilli positivement jeudi que les socialistes flamands soient « également en faveur d’une politique de migration contrôlée et juste », et partisans d’une fusion des services en charge de l’asile. Elle rappelle au passage avoir fait d’une politique de retour efficace un de ses chevaux de bataille, estimant qu’il faut pouvoir « utiliser tous les leviers possibles » (y compris en matière de commerce extérieur et de coopération au développement) dans les contacts avec les pays d’origine réfractaires à la collaboration pour les retours.
Un appel d’air pour toute l’UE?
Les chrétiens-démocrates flamands ne manquent cependant pas de critiquer un aspect particulier de la proposition socialiste, affirmant qu’elle équivaut, au sujet des personnes déboutées et qui sont en attente de leur retour, à « permettre à des personnes en séjour illégal de travailler de manière légale », soit une porte ouverte à une régularisation collective par le travail, selon une communication du cabinet de Nicole de Moor. « Ceux qui peuvent rester doivent avoir des opportunités et être activés sur le marché du travail. Les autres doivent partir », martèle-t-elle. Le président du CD&V Sammy Mahdi indique même craindre que cela ne crée un « incroyable appel d’air pour toute l’UE », une idée « terriblement mauvaise ».
La communication de Vooruit présente les choses différemment, parlant de manière générale de « permettre de travailler légalement, quand le retour (du demandeur d’asile débouté) prend davantage de temps pour des raisons valables », comme dans l’exemple des Afghans avancé par Conner Rousseau.