Vivaldi, le nouveau « cirque »: l’échec du PS sur le conflit israélo-palestinien
Un texte du PS demandant au gouvernement de faire bouger les lignes du conflit israélo-palestinien devait être soumis au vote ce mercredi à la Chambre. Il n’en sera rien, car les socialistes ont commis deux erreurs de timing. Tandis que le MR a estimé qu’ils franchissaient plusieurs lignes rouges. Retour sur une journée parlementaire animée.
Dans l’agenda des députés PS, la commission des Relations extérieures de ce mercredi était notée en grosses lettres rouges. Les socialistes avaient préparé leur coup: ils comptaient faire bouger la position du gouvernement sur le conflit israélo-palestinien. En pénétrant à la Chambre, ils avaient dans leur mallette un texte, que toute la Vivaldi ou presque approuvait. Avec des mesures qui, avant cela, ne faisaient pas consensus: libération des otages détenus par le Hamas, accès à l’aide humanitaire, cessez-le-feu immédiat, sanctions contre le blocus israélien et reconnaissance de la Palestine en tant qu’Etat.
Première erreur de timing, imprévisible celle-là: le monde apprenait ce mardi soir qu’un accord mêlant libération des otages et trêve humanitaire avait été passé entre Israël et le Hamas. Seconde erreur de timing, prévisible celle-ci: le départ du Premier ministre Alexander De Croo pour Israël, dans le cadre d’une visite diplomatique de deux jours devant rapprocher les positions israélienne et palestinienne.
Combinés, ces deux éléments n’ont pas joué en faveur de la résolution portée par le PS. Certains que tout le monde sauf le MR soutiendrait leur texte, les socialistes ont dû accepter la sentence. Le vote en commission n’a même pas eu lieu: il n’y avait pas assez de députés présents. Aucun libéral francophone n’était présent, mais les mandataires PS s’y attendaient. La surprise vient d’ailleurs: le parti-frère, Vooruit, a brillé par son absence. L’Open Vld, qui devait au départ soutenir le texte, a également pratiqué la politique de la chaise vide. Ajoutez la non-présence des élus N-VA et vous obtenez une triple absence lourde de conséquences pour les socialistes francophones, qui voient le vote de leur résolution reporté à plus tard.
Le PS échoue: encore la faute au MR ?
Le député PS Malik Ben Achour, qui portait haut le texte, regrette ce qui s’est passé, mais ne jette pas la pierre à l’Open Vld. « Lors de la réunion de majorité qui s’est tenue à 12h, ils (les libéraux flamands, NDLR) ont pourtant confirmé le contenu de la résolution ». Avant de faire marche arrière. Maggie De Block, cheffe de groupe de l’Open Vld au Parlement fédéral, a justifié laconiquement le retournement de situation : « Une reconnaissance unilatérale de la Palestine ne mènera pas à une solution à deux Etats ».
« Je ne suis pas surpris que le Vld ait fini par suivre la position du MR, déplore le député socialiste. Ils ne veulent pas mettre en danger le gouvernement. C’est dommage, car voter le texte le jour du départ de notre Premier ministre aurait envoyé un signal fort à l’international ». Le PTB s’était dit prêt à soutenir une majorité alternative pour voter la résolution en lieu et place du Mouvement Réformateur.
« Nous n’avons pas pratiqué la politique de la chaise vide«
Le député fédéral Michel De Maegd (MR)
« Nous n’avons pas pratiqué la politique de la chaise vide, rejette le député fédéral Michel De Maegd. Que le quorum n’ait pas été atteint tient du hasard. Par contre, je déplore que le PS ait fait dans la surenchère avec cette résolution ». Selon le libéral, des lignes rouges avaient été tracées en kern ce mercredi midi. « On s’était mis d’accord de ne pas gêner la mission du Premier ministre. Voter pour la reconnaissance de l’Etat palestinien l’aurait mise en danger ».
Une solution à deux Etats: oui, mais comment?
Le MR ne veut pas d’un cessez-le-feu total, et privilégie depuis de nombreuses semaines des « pauses humanitaires ». Tout en plaidant, en parallèle, pour une solution à deux Etats dans le conflit qui oppose le Hamas et Israël. « C’est quand même paradoxal, estime le député fédéral Simon Moutquin (Ecolo). Ils plaident pour une solution à deux Etats, mais sans entrer plus dans le détail ».
« La résolution du PS nous posait trois problèmes, explique Michel De Maegd. Un : l’accord de gouvernement stipule que la reconnaissance de l’Etat palestinien doit se faire au moment opportun. Nous n’y sommes pas, car il n’y a pas d’interlocuteur sérieux en face. Deux: nous ne voulons pas de sanctions généralisées pour Israël, mais plutôt pour les colons individuellement. Trois: le cessez-le-feu pur et simple est un slogan creux. Comment faire en sorte que le Hamas le respecte? ».
L’opposition dénonce un nouveau « cirque » de la Vivaldi
« Pour ne pas ennuyer le Premier ministre, le débat ne peut se tenir. Le message, c’est que le parlement vaut moins que le gouvernement« , a regretté François De Smet (DéFI). Le PTB a dénoncé un « cirque ». « C’est honteux que des députés quittent la salle alors qu’à Gaza meurent des milliers de personnes« , s’est exclamé Nabil Boukili. Aux yeux des Engagés, il était préférable de ne pas tenir le débat dès lors que les partis du Premier ministre et de la ministre des Affaires étrangères pratiquaient la politique de la chaise vide. « C’est un signal politique qu’ils envoient au reste de la Vivaldi. Je vois qu’elle est très divisée sur le sujet », a fait remarquer Georges Dallemagne (Les Engagés).
À la poubelle, la résolution du PS pour un cessez-le-feu à Gaza ? « Non, nous le remettrons sur la table la semaine prochaine, affirme Malik Ben Achour. Même si nous sommes conscients que ce texte ne résoudra pas la guerre ».
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