Comment les vacances des présidents ont joué un rôle dans l’histoire
L’histoire des villégiatures des gouvernants révèle des opportunités d’échanges diplomatiques, des opérations de communication et des «suicides» politiques.
Les grands de ce monde partent aussi en vacances. Mais ces moments dévolus au détachement et au repos ne le sont pas toujours. En outre, plus la communication politique s’est développée, plus la destination de vacances a été scrutée et s’est vue chargée d’une signification symbolique. C’est ce que raconte l’ouvrage Les Vacances de l’histoire, un recueil de récits écrits par des journalistes de l’hebdomadaire Le Nouvel Obs sous la direction de François Reynaert.
L’exposition en vacances des dirigeants peut contenir une prise de risque.
La villégiature des reines, des présidents et des dictateurs peut avoir des motivations cachées. Au XIXe siècle, à propos de leurs séjours dans des villes d’eaux, comme Baden (devenue Baden-Baden) ou Spa, on parle de «diplomatie thermale» tant ils peuvent être l’occasion d’échanges discrets entre gouvernants. Au XXe siècle, les vacances sont l’occasion de mettre en scène des dirigeants sous un jour nouveau pour entretenir leur popularité. Ainsi, «en exploitant l’essor de la télévision et en publiant des clichés de bonheur familial à la plage, de jeune premier au teint hâlé et d’épouse en icône glamour, dans les magazines Life ou Look, le couple Kennedy transforme la communication politique en scénario hollywoodien», expose la journaliste Sarah Halifa-Legrand. Fondées sur des ressorts plus narcissiques, les démarches du dictateur italien Mussolini («le premier dirigeant d’importance à s’afficher à la plage, en maillot de bain») ou de Vladimir Poutine, torse nu en promenade à cheval à l’extrême sud de la Sibérie, ont le même objectif de conforter leur aura. L’exposition en vacances peut cependant contenir une prise de risque. Les séjours au ski sur les pistes de Saint-Moritz de la famille du shah d’Iran n’ont pas peu contribué à installer l’idée de la déconnexion de l’empereur des réalités de sa population, ce qui a conduit à son renversement en 1979.
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Les Vacances de l’histoire épingle aussi des voyages étonnants, les quelques jours de détente du Britannique Winston Churchill et de l’Américain Franklin Roosevelt à Marrakech en pleine Seconde Guerre mondiale en 1943 après, il est vrai, dix jours de tractations sur la suite à donner au conflit, ou «les 10.000 kilomètres en 25 jours» à travers l’Espagne en 1969 du général de Gaulle, retiré de l’Elysée, marqués par une rencontre très controversée avec le dictateur Franco. En vacances, les puissants n’arrivent pas à tout oublier.
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