Hadja Lahbib a annoncé renoncer à être tête de liste à Schaerbeek, ce vendredi. Pour mieux se préparer à une audition cruciale devant le parlement européen en vue de devenir commissaire… © BELGA

Une audition devant le Parlement européen qui s’annonce mouvementée: pourquoi Hadja Lahbib renonce à Schaerbeek

Clément Boileau
Clément Boileau Journaliste

La libérale a annoncé ce vendredi renoncer à être tête de liste à Schaerbeek pour les élections communales. Son audition devant le parlement européen, qui peut ne pas lui voter la confiance, a clairement pesé dans la balance.

Ministre, députée, tête de liste, commissaire européenne… elle peut tout faire, Hadja Lahbib, écrivions-nous voilà quelques jours. Il faut croire que l’on a parlé un peu vite: la libérale (MR), choisie par son parti pour briguer un poste de commissaire européenne, ne sera finalement pas tête de liste à Schaerbeek.

C’est elle-même qui en a détaillé la raison ce vendredi après-midi lors d’une conférence de presse: «C’est un honneur et une responsabilité que j’entends saisir pleinement», a-t-elle expliqué à propos d’un éventuel poste de commissaire européenne, mettant en avant l’importance de «préparer [son] audition au parlement européen», et ce d’autant plus qu’elle ne sait pas (encore) quel portefeuille Ursula Von der Leyen, la présidente de la commission européenne, compte lui attribuer.

Un renoncement qui s’impose

Bref, renoncer à battre la campagne à Schaerbeek d’ici les communales s’imposait, vu «l’ampleur du travail à abattre alors que l’Europe est face à de nombreux défis», a-t-elle ajouté, citant «l’Ukraine, la transition écologique et digitale», sans parler des affaires courantes à gérer en tant que ministre des Affaires étrangères qui lui demandent une «pleine concentration et vigilance»

«C’est un honneur et une responsabilité que j’entends saisir pleinement»

Hadja Lahbib entend rester ‘concentrée et vigilante’ afin de sécuriser son poste de commissaire européenne.

De vigilance et de concentration, il va bien être question d’ici une éventuelle entrée en fonction — avec, en ligne de mire, cette fameuse audition devant le parlement européen. Il faut dire que dans la bulle européenne et diplomatique, les réactions qui ont suivi sa nomination par Georges-Louis Bouchez pour être la prochaine commissaire européenne belge en lieu et place de l’expérimenté Didier Reynders, actuel commissaire à la justice, ont été plutôt tièdes. Certains rappelant ce que Madame Lahbib n’aime pas du tout que l’on évoque en interview, soit son voyage en Crimée occupée pour un documentaire culturel qui ne s’est jamais fait mais a donné lieu à un billet controversé à la RTBF en 2021.

Ce n’était pas la moindre des crises qu’a dû affronter la libérale. L’opposition a encore en travers de la gorge la manière avec laquelle a été gérée la crise des visas accordés à une délégation iranienne en marge d’un événement bruxellois, alors même que la théocratie s’était livrée à un odieux chantage en capturant le ressortissant humanitaire belge Olivier Vandecasteele, exigeant en retour la libération du terroriste Assadolah Assadi, condamné en Belgique à vingt ans de prison.

L’épisode avait coûté son poste au socialiste Pascal Smets, qui avait demandé l’autorisation de délivrance des sulfureux visas, mais pas à elle, qui avait donné son feu vert dans des conditions peu claires du point de vue sécuritaire — un imbroglio monumental avait agité plusieurs services, de l’Office des étrangers à la Sûreté de l’État en passant par le cabinet du Premier ministre. S’en était suivi une douloureuse séquence pour la ministre face aux parlementaires, et singulièrement l’opposition, bien décidée à obtenir son scalp.

Sauvée par la Vivaldi

Sauvée par une Vivaldi fragile qui ne pouvait se permettre une telle démission, Hadja Lahbib est toutefois parvenue à redorer son blason, notamment lors de la présidence belge de l’Union européenne, unanimement saluée comme une réussite. Bref, politiquement et stratégiquement, le choix de se désinvestir de Schaerbeek est évidemment teinté de pragmatisme, constituant au passage un argument en moins dans la bouche de ceux qui souhaiteraient la voir trébucher face aux questions des parlementaires européens. Concentration et vigilance ne seront donc pas de trop, en l’absence de l’appui de son parti pour sauver un poste qui ne lui est pas (encore) acquis. Quelles que soient les bonnes relations qu’elle entretient avec Ursula Von der Leyen, ainsi que l’a souligné Hadja Lahbib en conférence de presse ce vendredi.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire