Georges-Louis Bouchez, président du MR. © belga

« Une attitude inadmissible »: le recteur de l’UMons demande la démission de Georges-Louis Bouchez (info Le Vif)

Noé Spies
Noé Spies Journaliste au Vif

L’attitude de Georges-Louis Bouchez au sein du Conseil d’Administration de l’Université de Mons dérange. A un point tel que le recteur de l’UMons demande sa démission du CA, dans une lettre que Le Vif a pu consulter. Contacté, le président du MR se défend et parle d’enfantillage. « Evidemment, je ne démissionnerai pas. »

Du rififi politico-universtaire au coeur de l’UMons. Une simple tempête dans un verre d’eau? Pas vraiment. Tout commence par la prise de position claire de Valérie Glatigny (MR), ministre de l’Enseignement supérieur en FWB, qui s’oppose à l’octroi de l’habilitation pour un master en médecine à Mons (avec l’ULB). Un refus qui, par ricochet, crée d’importantes divisions politiques, que l’on vous explique ici. Mais l’histoire n’en reste pas là : elle s’est étendue au sein même du Conseil d’Administration de l’UMons, où siège le président du MR, Georges-Louis Bouchez.

Lors de la séance du 20 février, qui devait traiter de ce refus de Valérie Glatigny, Georges-Louis Bouchez, « étant en déplacement professionnel au Grand-Duché du Luxembourg », demande à y assister exceptionnellement en visioconférence, « étant donné le caractère important » du débat. Demande acceptée. « Le nécessaire a été fait pour que Monsieur BOUCHEZ puisse participer à la séance » à distance, peut-on lire dans la lettre de Philippe Dubois, Recteur et Président du Conseil d’Administration de l’UMons.

Une réunion qualifiée de particulièrement houleuse. « A plusieurs reprises, Monsieur BOUCHEZ a interrompu les membres sans attendre que le Président lui donne la parole, nuisant ainsi à la sérénité des débats », déplore ce courrier adressé à Valérie Glatigny, Pierre-Yves Jeholet et Rudy Demotte. Elément que réfute Georges-Louis Bouchez (voir sa réaction ci-dessous).

A l’exception du président libéral, qui a voté ‘contre’, « tous les membres du Conseil présents ont affirmé leur soutien à la demande d’habilitation pour un Master en Médecine en codiplômation avec l’ULB à Mons. »

Un conflit d’intérêt? « Georges-Louis Bouchez a dit parler au nom de la Ministre »

Ce qui dérange davantage encore, selon Philippe Dubois, c’est une prise de parole du président du MR au nom de Valérie Glatigny. « Monsieur BOUCHEZ a dit parler au nom de la Ministre, puis, après avoir été interpellé à ce sujet, qu’il partageait la même position qu’elle et a répété, à plusieurs reprises, les arguments avancés par la Ministre et notamment le fait que ce projet génèrerait un coût pour la Communauté française. »

Or, peut-on également lire, le règlement du Conseil d’administration (article 28) impose aux Membres de « prendre prioritairement en considération l’intérêt supérieur de l’université. » C’est ce supposé conflit d’intérêt qui est précisément reproché à Georges-Louis Bouchez. « Il apparaît clairement que Monsieur BOUCHEZ a eu une attitude inadmissible et contraire aux intérêts de l’entité juridique dont il est administrateur », détaille la lettre.

« Confondant le CA de l’UMONS avec une réunion politique, il a agi en mettant la Ministre, dont il a dit parler à sa place, en conflit ouvert avec notre institution. En dehors de placer la Ministre en opposition directe envers le CA de l’UMONS, Monsieur BOUCHEZ s’est lui-même placé hors des règles de fonctionnement d’un CA. Il est sorti totalement de sa fonction ».

« L’élégance militerait en faveur d’une démission de sa part », demande Philippe Dubois. « J’estime que Monsieur BOUCHEZ n’a pas agi dans l’intérêt supérieur de l’université, qu’il ne s’est pas montré – comme devrait le faire tout administrateur de bonne foi – exclusivement soucieux de l’intérêt de viabilité et de développement de l’UMONS et qu’il s’est permis de se poser la question de l’existence dans son chef d’un conflit d’intérêt fonctionnel ou à tout le moins d’une incompatibilité d’intérêt », conclut la lettre.

Georges-Louis Bouchez réagit : « Un courrier pleurnichard »

Contacté par Le Vif, Georges-Louis Bouchez fustige l’attitude de Philippe Dubois. « Il est déplorable et dommageable qu’un recteur d’université s’adonne à de telles gamineries », lance le président du MR. « Il estime que le fait de ne pas être d’accord avec sa vision des choses relèverait d’un manque de loyauté. C’est absurde. Cette police de la pensée n’a aucun sens. »

Le libéral n’estime pas avoir parlé au nom de la ministre Glatigny. « Ce n’est pas parce qu’on a la même position qu’on parle au nom de l’autre. Et qui sont-ils pour déterminer à eux seuls quel est l’intérêt de l’université ? », s’interroge Bouchez.

Il réfute également le fait d’avoir sans cesse interrompu la réunion. « Cela relève du mensonge. On m’a interpellé et attaqué en permanence. Puisque cette réunion s’est déroulée en visioconférence et qu’elle a sûrement été enregristrée, je propose qu’elle soit diffusée. »

Par ailleurs, pour Bouchez, créer un master de médecine supplémentaire à l’UMons n’est pas dans l’intérêt de la FWB. « La stratégie que je prône, c’est de devenir une université qui répond aux défis spécifiques de notre territoire et de la FWB. Comme proposer des masters très spécifiques, avec une offre qui n’existerait pas en FWB. Ce qui nous permettrait de se différencier. Pas de singer les autres universités », plaide Georges-Louis Bouchez. « Au lieu d’envoyer un courrier pleurnichard, le recteur aurait pu interroger ses équipes scientifiques et éducatives pour envisager la création de masters spécifiques, avec des matières porteuses d’avenir. Afin de se démarquer dans le paysage francophone », argumente le président libéral.

« Le conflit d’intérêt, c’est seulement quand on est libéral »

Bouchez se défend également face aux accusations de conflit d’intérêt. « Que voulez-vous faire face à ce genre d’enfantillage ? Je trouve assez lamentable que ma position au CA soit reliée à ma position politique. Et ce, dans une université où le directeur général (Philippe Mettens, NDLR.) est lui-même bourgmestre socialiste et où une administratrice (Camille Dieu, NDLR.) est une ancienne mandataire socialiste. Le conflit d’intérêt, c’est seulement quand on est libéral. Pour les autres, ça passe », s’insurge Bouchez. « Evidemment, je ne démissionnerai pas », assure-t-il enfin.

Georges-Louis Bouchez visé par Philippe Dubois, recteur de l'UMons.
Philippe Mettens, administrateur de l’UMons, et Philippe Dubois, recteur de l’UMons.

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