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« Un malaise démocratique » : le taux de participation aux élections communales 2024 en baisse aussi à Bruxelles et en Wallonie

Le taux de participation a particulièrement chuté en Flandre lors des élections communales. La faute à la fin du vote obligatoire. Mais la baisse de la participation se fait également sentir à Bruxelles et en Wallonie. Voici comment l’expliquer.

L’un des enseignements à tirer des élections communales et provinciales de dimanche : la participation. Les électeurs ont boudé les urnes, davantage que les années précédentes et tout particulièrement en Flandre où pour la première fois le vote n’était pas obligatoire pour ce scrutin local.

Pour les provinciales flamandes, moins de deux électeurs sur trois ont voté. Le taux de participation s’élève en moyenne à 63,6%, ressort-il des chiffres complets des élections aux conseils provinciaux. Les taux de participation les plus faibles ont été enregistrés dans la région de Maaseik (61,4%) et autour de Bruges (62,1%). La chute est brutale puisque lorsque des dernières élections locales de 2018, le taux de participation était de 92,5 %.

En ce qui concerne les communales, cela varie d’une localité à l’autre. Eeklo, en Flandre orientale, enregistre le taux de participation le plus faible (53,7%).

Cette faible participation en Flandre, «est la conséquence directe de la fin du vote obligatoire», confirme Min Reuchamps, professeur de Science politique à l’UCLouvain. Il rappelle que le même phénomène s’était produit aux Pays-Bas dans les années 1990 lorsque le vote obligatoire avait été supprimé aux élections générales. L’effet est d’autant plus probant que «le niveau provincial fait moins se déplacer les électeurs. C’est ce qu’on appelle une élection de second ordre». Plus étonnant pour les communales, qui sont une «élection de premier ordre, mais la particularité belge fait que les deux élections ont lieu au même moment». Le politologue tempère toutefois : «la participation a varié d’une commune à l’autre. Certaines ont gardé un taux de participation habituel».

«Les attraits des enjeux politiques, propres à chaque commune, peuvent faire la différence dans le jeu de la participation», explique Min Reuchamps. «Dans certaines localités, il n’y a qu’une liste donc peu de raisons d’aller voter. On sait aussi que se sont les personnes les plus distantes du système politique qui ne votent pas. Dans certaines communes, il peut y en avoir plus que d’en d’autres».

La participation à la baisse en Wallonie et à Bruxelles malgré le vote obligatoire

Du côté de la Wallonie et de la Région bruxelloise, la tendance est aussi à la baisse. Le taux de participation s’élève à 84,2 % lorsque l’on fait la moyenne par communes. En région bruxelloise uniquement, le taux de participation global aux élections communales s’élève à 79,60 %. Cette fois, c’est à Molenbeek-Saint-Jean que la participation a été la plus faible (76,31 %), suivi par Bruxelles (76,87 %) et Anderlecht (77,26 %)

Un coup dans le rétroviseur montre que, là aussi, que cette tendance est progressive d’années en années. En environ 18.000 votes de moins qu’en 2018 ont été enregistrés en Région Bruxelles Capitale, qui se traduit par une baisse importante de près de 5 % du taux de participation par rapport au précédent scrutin local. Le taux de participation était de 84,1 % à Bruxelles et de 88,3 % en Wallonie en 2018.

«L’érosion de la participation est progressive à Bruxelles et en Wallonie, indépendamment de l’obligation de vote», commente le professeur de l’UCLouvain. Déjà, «on sait que depuis une vingtaine d’années, les sanctions ne sont pas appliquées« . Ensuite, «la désaffection pour la politique» gagne du terrain de manière globale en Europe. Et la Belgique n’y échappe pas.

 «Un malaise démocratique»

Tous les pays de l’OCDE sont confrontés à «un malaise démocratique» ces dernières années, poursuit le spécialiste en Science politique. «Les sentiments d’efficacité interne et d’efficacité externe diminuent chez l’électeur. C’est-à-dire d’une part, la croyance en ses compétences politiques et sa capacité à comprendre les enjeux politiques et d’autre part, le fait d’être entendu, le sentiment de ne pas avoir de poids», déroule-t-il.

Et mettre fin au vote obligatoire, c’est participer à cet affaiblissement démocratique. «Plus il y a de personnes qui participent à la décision politique, plus elle est légitime », soutient Min Reuchamps.  «Le vote obligatoire force au moins les citoyens à s’informer des enjeux politiques».

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