Frank Creyelman
Frank Creyelman a joué les informateurs auprès d'un espion chinois durant des années.

Un ex-membre du Vlaams Belang informateur d’un espion chinois : le député démissionne de la commission des Achats militaires

Frank Creyelman, ancien politicien Vlaams Belang, a travaillé durant des années comme informateur d’un espion chinois.

Le parlement flamand a demandé une enquête à la Sûreté de l’État à propos d’éventuels faits d’espionnage venant de l’étranger, ressort-il d’un courrier envoyé par la présidente de l’assemblée, Liesbeth Homans, après une décision du Bureau élargi.

Dans ce courrier que Belga a pu consulter, également envoyée au ministre de la Justice, Paul Van Tigchelt (Open VLD), figurent les révélations des médias sur Frank Creyelman, l’ancien politicien Vlaams Belang qui a informé un espion chinois pendant plusieurs années.

Frank Creyelman a siégé au parlement flamand entre 1995 et 1999 et de 2007 à 2014. L’assemblée régionale demande donc à la Sûreté de l’État de « collecter, analyser et traiter les renseignements sur les activités qui menacent ou pourraient menacer la sécurité intérieure de l’État et la survie de l’ordre démocratique et constitutionnel ».

La présidente de l’assemblée, Mme Homans, demande également dans sa lettre quelles mesures le Parlement pourrait prendre pour se protéger contre d’éventuelles activités d’espionnage. Elle se demande également si la Sûreté de l’État dispose d’indications permettant de déterminer si le Parlement « court un risque concret en matière de sécurité, y compris du fait de l’espionnage par des puissances étrangères ».

Filip Dewinter aussi visé

Dans l’opposition, Groen et Vooruit se sont dits ont satisfaits que la Sûreté de l’Etat ait été sollicitée, mais ils souhaitent que le rôle du chef du Vlaams Belang, Filip Dewinter, premier vice-président du parlement flamand, soit également examiné.

« C’est une bonne chose que la lettre ait été envoyée à la Sûreté de l’État, mais nous insistons pour que le rôle de Filip Dewinter soit également examiné », a déclaré Mieke Schauvliege à Belga.

Même son de cloche du côté de Hannelore Goeman, chef de file de Vooruit. « Il est bon qu’on demande à la Sûreté de l’État de procéder à cet examen et d’enquêter sur le risque d’influence étrangère. Mais compte tenu de ce qui apparaît dans les médias au sujet de Filip Dewinter, il serait bon que l’enquête se concentre également sur lui », a-t-elle estimé.

Des masques via l’espion

Hannelore Goeman pointe notamment l’article paru dans Gazet Van Antwerpen selon lequel le député flamand Filip Dewinter aurait organisé la fourniture de 10.000 masques buccaux via l’espion chinois Shao Changchun en 2020. C’est en tout cas ce qui ressort d’un mémo des services de sécurité sur l’ingérence chinoise, présenté hier/mercredi au kern par le ministre de la Justice Paul Van Tichgelt (Open VLD).

Filip Dewinter nie quant à lui l’existence de cet accord. « Qu’est-ce qu’on me reproche en fait ? D’avoir distribué gratuitement des masques buccaux alors que le gouvernement n’en avait pas ? Apparemment, les masques buccaux gratuits menacent la #démocratie », a-t-il ainsi écrit sur X, l’ancien Twitter.

La Chambre a également demandé à la Sûreté de l’Etat un rapport sur l’influence qu’auraient pu avoir Frank Creyelman et son contact chinois sur son frère Steven, président de la commission des Achats militaires et membre de la commission de suivi des opérations militaires à l’étranger, deux organes qui examinent des informations confidentielles ayant trait à la Sûreté de l’Etat. Les socialistes, l’Open Vld et les écologistes ont déjà réclamé que l’intéressé fasse un pas de côté. Le Vlaams Belang s’y est refusé jusqu’à présent.

Mise à jour (16h) | Steven Creyelman démissionne de la présidence de la commission des Achats militaires

La présidente de la Chambre Eliane Tillieux a annoncé cette démission en ouverture de la séance plénière. Le Vlaams Belang ajoute que le député d’extrême-droite n’a pas suffisamment et complètement informé le parti et son président des contacts avec son frère.

Devant ses collègues, la cheffe de groupe, Barbara Pas, a évoqué une « rupture de confiance » La question se pose notamment de savoir si Steven Creyelman a été contacté par la Sûreté de l’État, comme l’a affirmé Mme Pas. Plusieurs députés ont demandé à Mme Tillieux si elle était au courant de ce contact. La présidente s’est refusée à répondre. Une procédure est en cours, a-t-elle fait remarquer.

Plusieurs questions d’actualité seront posées au Premier ministre et au ministre de la Justice sur ce dossier. À l’issue de la séance de questions, une conférence des présidents se réunira, à la demande du chef de groupe Ecolo-Groen, Wouter De Vriendt. L’écologiste estime qu’une procédure de sonnette d’alarme doit être mise en place au parlement afin que des mesures puissent être prises dès lors qu’un soupçon d’ingérence étrangère venait au jour.

Il semble en effet que plusieurs membres du gouvernement étaient au courant des suspicions visant les frères Creyelman sans que la Chambre ait été mise au courant. Or, tant la commission des Achats militaires que la commission de suivi des opérations militaires à l’étranger, dont M. Creyelman est également membre, examinent des informations confidentielles classées secret défense. Selon des révélations du « Monde », du ‘Financial Times’ et « Der Spiegel » publiées la semaine dernière, l’ex-sénateur Frank Creyelman (VB) s’est fait acheter par un espion chinois pour exercer son influence au profit de Pékin.

Selon Der Spiegel, l’ancien sénateur Frank Creyelman a aussi informé à plusieurs reprises un contact au ministère chinois de la sécurité d’État qu’il consulterait son frère pour les missions (rémunérées) qu’il effectuait, car Steven Creyelman pouvait l’aider en tant que député. Ce fut le cas, par exemple, lorsque l’agent secret demanda en mars 2021 de faire pression pour que l’UE et la Chine reconnaissent mutuellement leurs passeports de vaccination contre le covid. Des questions posées à propos des manifestations à Hong Kong suscitent également le doute.

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